Qu'on se le dise, le cinéma d'Asie adopte la mode blockbuster. Jason Bourne et la série 24 sont passés par là. Shiri, The Agent ont dynamisé le box-office coréen. La série Black and White et sa déclinaison en deux longs métrages ont marqué le cinéma taïwanais. Hong Kong place forte du cinéma d’action nous a livré en 2013 le survitaminé Firestormavec en guess star Mister Andy Lau. Le cru 2015 s’annonce aussi riche avec la sortie de l’ambitieux Hélios
L’histoire nous plonge dans une intrigue assez classique de trafic d’armes. Hélios insaisissable criminel s’est emparé d’uranium en Corée du Sud et a réussi à voler un système de détonation en provocant le crash d’un avion de ligne. Il projette de vendre cette arme de destruction massive à des organisations terroristes à Hong Kong. Les autorités coréennes et hongkongaises décident de collaborer pour stopper Hélios. Deux agents d’élite sud-coréens Choi Min Ho et Pok Yu Chit viennent épauler les inspecteurs Lee Yin Ming et Fan Ka Ming de l’unité spéciale de Hong Kong. Deux agents chinois décident de superviser les recherches en recrutant un physicien renommé Siu Chin Yan. Mais entre ces partenaires la course poursuite pour se saisir de cette bombe à fusion se heurte aux intérêts propres à chaque pays et aux manœuvres du secret Hélios.
Le premier intérêt film réside dans son casting. Comme pour Firestorm, le réalisateur Lok Man Leung dispose d’une équipe de rêve. D’abord Jacky Cheung, une figure du cinéma de Hong Kong et absent des écrans depuis 5 ans. 5 ans de disette qui n’ont en rien altéré son talent et son don pour incarner des rôles complexes et différents, ici un professeur physique pris entre sa volonté de protéger la ville et les intérêts propres de chaque camp. Sa classe sert à merveille ce type de personnage trop souvent relégué à des rôles de figuration archétypale. Il est le héros involontaire du film. Autre poids lourd du casting, Nick Cheung, un des acteurs fétiches de Johnnie To et qui incarne encore parfaitement le rôle de l’inspecteur principal. Pour le volet sud-coréen, Ji Jin-hee et Choi Siwon apportent tout le charme et leur sensibilité. Notons enfin les deux personnages féminins joués par les sublimes Janice Man et Wenjuan Feng. La première nous régale dans des scènes de combat virevoltantes où les hommes se vont laminer. Elle est habitée par son rôle à la limite de la démence. Wenjuan Feng bien que moins présente illumine de sa beauté et sa candeur dans un rôle ambigu magnifié par la fin du film.
Le second intérêt tient dans son réalisateur, Lok Man Leung, un nouveau venu (43 ans) et qui s’est déjà fait remarquer avec son précédent film Cold War. On reconnait de suite sa pâte. Des travellings splendides sur Hong-Kong encore une fois magnifiée, des scènes d’action dynamiques très inspirées par Hollywood. Ce qui est aussi appréciable c’est sa manière de mettre en scène les scènes plus calmes, intimes (le mariage ou surtout la fin dans la neige à Kyoto). Il sait exploiter à fond un scénario dont l’intérêt réside moins dans la traque de l’arme que sur le mystère autour d’Hélios. Et le film fonctionne bien là-dessus grâce à de nombreux retournements de situation très bien vus et surprenants.
Il reste que le film souffre de quelques défauts. D’abord il manque ce grain de folie propre aux films de Hong Kong, cette touche de style insufflé par Johnnie To. Les scènes d’actions sont cool mais il leur manque une vraie prise de risque soit vers l’hyper réalisme esthétique soit vers l’audace sans limites. L’autre reproche concerne le scénario. Il y a beaucoup d’intrigues et finalement on se perd un peu. Quelques facilités d’écriture renforcent aussi le sentiment de déséquilibre entre un début qui place les enjeux et une traque accélérée. Il faut attendre la fin pour se rendre compte qu’Hélios a été construit comme le premier épisode d’une saga autour de la traque d’Hélios. Du coup le film va vite sur certains points pour ménager d’éventuelles suites.
Hélios est donc un projet sacrément risqué, un premier épisode d’une hypothétique série de film d’actions. Une fois admis ce présupposé, le film se révèle plaisant surtout par son dynamisme et son lot de surprises qui donne envie de voir la suite. Un bon petit film qui méritera d’être revu une fois la saga achevée.
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