A redécouvrir

Vanguard

 Jackie Chan ne répond plus

La décennie 2010 est assurément la moins réussie de la carrière de Jackie. Si l'on met de côté le sympathique Police Story Lockdown, le surprenant The Foreigner et l'audacieux Dragon Blade difficile de trouver des productions à la hauteur du talent de cet immense acteur. En effet Jackie Chan alterne les immenses déceptions (Chinese Zodiac), les films médiocres (Bleeding Steel), les films commandés par le pouvoir et très mous (1911), les remakes dispensables comme Karaté Kid et les fils d'animation où il prête sa voix. Il faut en réalité remonter à 2010 et au Little Big Soldier pour trouver un vrai grand film. Alors quand fut annoncé le projet Vanguard réalisé par Stanley Tong, capable du meilleur (Police Story 3) comme du pire (Kung Fu Yoga), un espoir mesuré est né, vite éteint après le visionnage du long métrage.


Vanguard se présente comme un film d'action décomplexé ambitionnant de mêler l'excellent 6 Underground de Michael Bay et la série des Fast and Furious. Jackie Chan dirige l'agence  de sécurité privée, Vanguard. Lorsque l'un de ses clients est victime d'une tentative de kidnapping à Londres, Jackie Chan déploie ses meilleurs agents pour le retrouver et protéger sa famille. Sa mission va le confronter de l'Afrique au Moyen Orient à un groupe de terroristes islamistes dangereux et déterminés. 

Vanguard rate à peu près tout ce que il veut faire. D'abord l'histoire même si elle est un prétexte est extrêmement clichée, ralentie par des scènes de comédies romantiques très lourdes et plombée par une réalisation peu inspirée notamment lors du passage en Afrique. Le film veut à la fois lorgner du côté de The Mission de Johnnie To tout en jouant la carte de l'action décomplexée digne de Michael Bay. Un grand écart intenable qui craque dès le début du film. Ensuite le film est censé mettre en scène Jackie Chan mais en définitive la star est peu présente à l'écran laissant la place à une bandes de jeunes premiers castés pour leur plastique plus que pour leur jeu d'acteur. Certes l'idée était séduisante d'imaginer un passage de flambeau entre un Jackie de 66 ans et une nouvelle génération. Mais encore aurait-il fallu mieux les choisir et leur donner une vraie identité. Or ils servent de faire valoir à un Jackie Chan qui reste en arrière plan, tentent de singer son style et jouent des personnages caricaturaux. 

Ensuite niveau réalisation c'est la catastrophe. C'est un des films les plus laids de ces dernières années la faute à des effets numérique horribles, des incrustations bâclées et des choix de réalisation incohérents. En effet le film lorgne vraiment du côté de 6 Underground  notamment pour les scènes de poursuite en voiture. Or le réalisateur a choisi de ne pas filmer de vraies voitures et de s'appuyer sur de fausses voitures numériques. Le carnage est assuré : problème de vitesse, image floue... Rien de crédible. Et le même choix a été effectué pour les scènes en Afrique : animaux numériques, faux fleuve.  Comme les Chinois sont vraiment à la ramasse niveau effets spéciaux, l'ensemble ressemble à de mauvaises cinématiques de PS2. Une vraie plongée en enfer à la fois dérangeante  et involontairement comique. Si vous ajoutez l'extrême naïveté du propos, toute la séquence africaine mérite de figurer au panthéon des séquences nanardesques.  En plus les scènes de combat à main nue sont peu inspirées et très molles. Et comme si ce n'était pas suffisant, le film plombe son rythme peu soutenu par l'inévitable discours patriotique, la mièvrerie des scènes d'amour. Le ratage complet n'est pas loin.

Il est néanmoins sauvé du naufrage complet par deux éclairs. En fin de film une bonne scène d'humour jouant sur l'âge de Jackie qui révèle ce qu'aurait dû être le film avec un peu plus de réflexion et de talent. La séquence en Inde, dans des décors réels, est bien mise en scène et globalement réussie sauf pour sa partie finale gâchée par des effets numériques totalement ratés ce qui laisse l'impression d'un film hybride. 

Vanguard confirme la mauvaise pente de la carrière de Jackie Chan depuis 10 ans. Il serait temps que l'on arrête d'exploiter la marque "Jackie Chan" pour s'intéresser à nouveau à l'artiste.


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