Modeste restaurateur asiatique, Ngoc Minh Quan s’est établi
à Londres avec sa femme et son unique fille. Alors qu’il conduit cette dernière dans le
centre de Londres, une bombe dévaste un magasin causant plusieurs dizaines victimes dont. Brisé par ce
drame qui le prive de sa dernière fille (les deux autres furent tuées lors de
sa fuite du Vietnam), Quan décide de
remuer ciel et terre pour remonter la piste des poseurs de bombes qui se font
appeler l’IRA authentique. Alors que la police piétine, le vieil homme décide
de mettre la pression sur Liam Hennessy, le vice-premier ministre d’Irlande du
Nord, ancien membre de l’IRA qui a abandonné la lutte armée. Il le soupçonne de
connaître l’identité des poseurs de bombes et mener en secret des négociations
avec les britanniques. Alors que l’enquête progresse lentement et que les
dissensions au sein de l’IRA se creusent, l’étrange vieil homme décide de mener
sa propre vengeance.
The Foreigners
marque un nouveau cap dans la carrière de Jackie Chan. Loin des comédies et des
acrobaties habituelles, la super star choisit d’incarner un père de famille,
ivre de chagrin et de vengeance. Le thème de la paternité est très présent dans
les dernières protections de Jackie Chan. De même le choix de rôle plus
dramatique guide sa filmographie depuis plus de 10 ans, pour le meilleur
(little big soldier) et le moins bon (Police Story lockdown). Afin de tirer profit de ce scénario
complexe tiré d’un roman, c’est Martin Campbell, le réalisateur du meilleur
James Bond depuis Goldfinger, Casino Royal, qui est derrière la caméra. Un
choix judicieux car la mise en scène est soignée, avec des scènes d’action
courtes, rythmées, violentes comme ce réalisateur nous l’a démontre dans Green
Zone et Casino Royal. Le film nourrit
trois intrigues dont les fils vont se rejoindre : l’enquête sur les
poseurs de bombe, la vengeance du restaurateur et la lutte de pouvoir au sein
de l’IRA. Et clairement le scénario est une histoire d’espionnage, de lutte, de
trahison plus qu’une succession de scènes d’action. Celle-ci sont d’ailleurs
peu présentes mais bien réalisées : la traque dans les bois, l’évasion de
la pension ou la lutte dans l’appartement.
Le choix de Martin Campbell se révèle excellent car il adore filmer dans
ces lieux exigus et multiplier les fights puissants, sanglants aussi brefs que
réalistes. Ces scènes offrent à Jackie Chan un vrai challenge car finis les
combats longs et chorégraphiés, place aux affrontements dans le style Jason
Bourne. Et Jackie Chan s’en sort à merveille, ivre de rage. Les fans de Jackie
seront déçus sans doute de ne pas voir ses acrobaties mais ce changement de ton
sert le ton « réaliste » du film.
Notons l’autre point fort du film, les acteurs. Car face à
un Jackie Chan bien dirigé jouant sobrement avec classe l’homme brisé, se dresse
un Pierce Brosnan campant un politicien ambigu au passé lourd et mystérieux. Sa
prestation est superbe et jusqu’au bout on ne sait quoi penser de cet ancien
repenti. Les autres acteurs secondaires, hormis le neveu, sont assez
anecdotiques quoique bien joués. C’est surtout entre les deux hommes que se
joue la tension. La direction de Martin Campbell tire profit d’une intrigue
très complexe où sont levés les voiles sur le passé des deux
« héros ». Elle offre quelques scènes assez glaçantes rappelant les
heures sombres du terrorisme récent et passé. Reste un élément qui empêche le film d’atteindre des
sommets : son intrigue. Extrêmement complexe pour sa partie irlandaise,
elle nécessite une bonne attention et une bonne connaissance de l’histoire
récente de l’Irlande. Elle oblige le cinéaste à naviguer entre un film de
vengeance dur (lorgnant parfois vers
Rambo 1) et le thriller politique où les luttes de pouvoir, les trahisons sont
légion. Le film aurait mérité d’être un peu plus long pour approfondir l’ampleur
des révélations politiques.
Sans être le film de l’année, The Foreigners tient pendant 1h50 le spectateur en haleine. Rythmé, intriguant,
il tire profit de ce face à face inédit entre un Jackie Chan tout en retenu et
un Pierce Brosnan manipulateur.
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