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Inde, années 1920. Le gouverneur Buxton enlève (achète) la jeune Malli, fille du peuple Gould. Son frère, Komaram Bheem part secrètement à Delhi pour essayer de la libérer. Alluri Sitaram Raju sert dans la police impériale indienne. Brillant, courageux, il n’obtient pourtant jamais la reconnaissance de ses supérieurs. Quand les Britanniques apprennent la menace représentée par Kamaram Bheem, ils promettent une promotion à l’officier qui l’arrêtera.
Raju se porte volontaire ignorant tout de sa cible. Quand les deux hommes se rencontrent par hasard, une amitié profonde naît immédiatement. Courageux, honorable, rien ne semble pouvoir les séparer surtout quand Komaram, épris, d’une jeune anglaise a besoin des conseils de Raju pour aborder l’inconnue. Mais très vite leurs missions respectives vont les conduire sur des chemins divergents.
Le projet R.R.R est en lui-même représentatif de toute l’énergie créative du cinéma indien. Les deux personnages principaux sont des figures historiques, des opposants nationalistes décédés pour l’un en 1940, pour l’autre en 1924. Le film imagine leur hypothétique rencontre avant qu’ils ne s’engagent complètement dans la lutte contre la colonisation britannique. C’est donc une « origin story » dans la veine des romans de Dumas qui joue avec l’histoire et les « trous » dans leur biographie. En effet, Alluri Sitaram Raju est mort à 25-26 ans en 1924 et Khoram Bheem commence son action en 1928. Leur rencontre, dans la vraie histoire, est hautement improbable. Et pourtant la fiction va exploiter brillamment cette infime probabilité.
R.R.R se permet donc de combler les manques en empruntant les chemins du fantastique. En effet, les deux personnages sont présentés comme des figures divines. L’un est animé par la force du feu, l’autre part l’énergie de l’eau. Leur rencontre ne peut que faire des étincelles et ressuscité l’esprit des dieux du panthéon Hindou. C’est ainsi qu’il faut appréhender le film. Loin d’une œuvre nationaliste, c’est avant tout un conte mythologique, symbolique sur le courage, la défense des valeurs et la pureté de l’engagement.
R.R.R est une œuvre fascinante par sa richesse de tons. Le film est à la fois grave, triste, romantique, drôle, violent, doux. Le réalisateur multiplie les changements d’atmosphère parfois brutalement. Il ose des transitions franches, multiplient les contre-pied. Ce qui pourrait s’apparenter à un film revanchard se transforme en œuvre universelle, presque humaniste. Certes les britanniques sont écornés mais ce qui transparaît, c’est une dénonciation de la tyrannie et de ses séides. Et c’est ce qui fait toute la différence avec les films chinois, ultra patriotes, révisionnistes. R.R.R ne prétend pas faire de l’histoire. Il veut raconter une ’histoire.
Au de-là de ses intentions, les film est brillant par ce qu’il propose à l’écran. Niveau action, c’est une symphonie fantastique de scènes plus spectaculaires les unes et les autres. Certes les effets numériques sont encore perfectibles mais la générosité, l’envie, l’absence de limites emportent tout. Imaginer Rambo rencontrant Le choc des Titans, Troy et Apocalypto et vous aurez un aperçu de ce spectacle total. Qui n’oublie pas aussi la romance, le chant, la danse (natu, natu !!!), l’humour. Pendant trois heures, le spectateur plonge dans un conte moderne qui lorgne du côté des récits légendaires.
Le film est porté par un trio d’acteur/actrices charismatique. Ram Charan, N. T. Rama Rao Jr. Incarnent les deux rebelles. Que dire de leur prestation si ce n’est qu’elle confirme l’immense talent des acteurs indiens ? Ne seraient-ils pas les meilleurs acteurs du monde puisqu’à l’acting, ils ajoutent les cascades, la danse, le chant… L’alchimie fonctionne dès le début et culmine dans le drame. A leur côté, il faut saluer la performance d’Olivia Morris, fantastique dans le personnage d’anglaise sensible, tolérante et qui excelle à chacune de ses apparitions notamment dans l’hilarante scène de quiproquos linguistiques.
Soulignons enfin le scénario. Comme pour La Légende Bahubali, le film propose en son milieu un flashback qui renverse toutes les certitudes. C’est totalement fou, assumé. Et c’est ce qui renforce la qualité de ce film. Le réalisateur, les scénaristes ne s’interdisent rien. Ils ne prennent pas le public pour un imbécile. Ils ne vont pas simplifier leur propos. Non, ils le décontenancent, le surprennent, le font patienter pour mieux délivrer un spectacle total.
R.R.R risque de marquer très long temps le public. Il confirme que l’Inde est une terre de grand cinéma qui n’a pas oublié que le cinéma est avant tout un spectacle visuel et narratif et non le support de discours idéologique
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