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Kenshin le vagabond critique


Une introduction prodigieuse

Manga culte ayant fait l'objet de nombreuses adaptations animées, Kenshin le vagabond a suscité une ferveur lors de la sortie en 2011 de son adaptation cinéma. Sur le papier, le projet semblait être destiné à la réussite. Pourtant les adaptations de Ganz ou de 20th century Boys nous invitaient à la prudence. Ces séries grandioses ont pourtant donné des films moyens voire médiocres à cause de projets mal conçus ou manquant de recul. Alors quel bilan pour ce Kenshin ?



L'histoire se base sur les tome 1 à 5 du manga.  Kenshin Himura était un assassin surnommé Battosaï. Après plusieurs morts à son compteur, lassé, il s'est décidé à abandonner la profession et surtout a juré de ne plus tuer. Devenu un vagabond, il parcourt désormais le pays avec pour seule protection un sabre à lame inversée. Sa route finit par croiser celle de Kamiya Kaoru qui cherche à protéger son dōjō de Kanryu Takeda, homme de pouvoir, trafiquant d'Opium et obsédé par l'argent. Kenshin décide de s'installer un temps pour aider la jeune fille tout en s'efforçant de respecter les nouvelles règles qu'il s'est imposées. Cependant confronté à un imposteur terriblement doué, sa morale vacille. 



Une réalisation très léchée 

Le premier mot qui vient à l'esprit c'est surprise. Kenshin dès la première séquence révèle l'ambition du projet. Des décors superbes, des costumes somptueux, une ampleur de la reconstitution historique. Tout l'esprit de la série est reconstitué et permet une plongée dans cette période trouble du Japon. Les moyens consacrés et l'expérience du réalisateur permettent d'éviter toute faute de goût. La reconstitution d'Edo fonctionne à merveille. Le réalisateur signe aussi un film magnifique à la croisée des styles. 

Le plus dur pari était de retranscrire la virtuose des combats au sabre. Le film le réussit pleinement en incorporant les standards des films d'action asiatique, en restant fidèle à l'esprit du film de sabre japonais sans trahir l'audace du manga. De la bataille du début au duel final tout est virevoltant, aérien tout en restant crédible. Il y a une vraie performance des chorégraphes et des acteurs. Certains trouveront que les combats restent trop classique mais cela permet au film de conserver son aspect réaliste. De même le réalisateur réinterprète l'histoire, le drame presque shakespearien de vit Kenshin. Il s'offre des moments oniriques (le souvenir sous la pluie, le duel dans la forêt) où tout en respectant le matériau d'origine il signe de belles scènes techniquement irréprochables et poétiquement fortes.


Une plongée dans les troubles de l'ère Meiji

Le film offre également un récit fort, intelligent et énergique. L'histoire tourne autour de deux thèmes. Celle du destin d'un assassin qui tente de changer de vie malgré sa légende et les  combattants qui tentent de s'accaparer son titre. Celle du Japon de Meij entrain d'opérer son "occidentalisation" accélérée pour le meilleur mais aussi pour le pire (ici l'opium).  Il interroge sur le devenir de ses samouraïs et hommes de guerre relégués aux oubliettes de l'histoire. Le film est à la fois un superbe récit d'aventure et d'action mais un récit fort sur un homme essayant de racheter ses fautes. Comment garder son sabre  sans rompre son serment de paix ; comment protéger les faibles sans faire couler le sang. Tout le long du film Kenshin doit résister à ses instincts de tueur, faire face à ses démons intérieurs. 

La très bonne construction du récit profite dès lors  de flashbacks intercalés pour dévoiler le passé de Kenshin, les causes de ses cicatrices et de son choix de vie. Chose appréciable dans ce récit de sabre, les femmes ont une place importante. Salvatrice, motrice, idéale, elle offre au sabre aiguisé. Autre point fort, Keishi Otomo livre un vrai film compréhensible pour ceux qui n'auraient pas lu le mange.

Dernièr point fort et non des moindre la qualité du casting. Imaginer en second rôle Yu Aoi (sublime comme toujours et au jeu exemplaire) dans peau de Megumi Takani, voir Teruyuki Kagawa (vu dans golden slumber ou key of life) se déchaîner en trafiquant d'opium. Deux  énormes acteurs qui apportent leur sens du jeu au film  !!! La grosses surprise du casting c'est le jeune Takeru Sato qui a la lourde tâche de jouer Kenshin. Quelle réussite tant pour les scènes physiques que pour les scènes dramatiques. 

Kenshin mérite tout le succès rencontré au Japon. Plus qu'un adaptation passive, c'est un film à part entière fort et intelligent. Une entrée en matière réussie pour plonger dans l'univers dense de cette série. 



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