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Key of life, critique

La magie du quiproquo

Il y  a des ficelles universelles qui film après film, réalisateur après réalisateur fonctionnent toujours. Key of life, la comédie japonaise de Uchida Kenji sortie en 2012 reprend un thème universel : l'usurpation d'identité conduisant à des quiproquos, des catastrophes en série pour le seul bonheur du spectateur. 

Jeu de rôles

L'histoire tourne autour de trois personnages que le hasard va faire se rencontrer. Sakurai est un acteur dépressif au bout du rouleau, si raté qu'il loupe même son suicide. Kondo est un redoutable tueur à gages, une légende dont on ne retrouve jamais les victimes. Kanae est une tokyoïte de 30 ans, dont la vie professionnelle est une réussite mais qui n'a toujours pas trouvé de mari. 

Sakurai profite d'un accident dans un bain public, la glissade de Kondo pour substituer son identité tandis que le tueur à gage devient amnésique. Sakurai devient Kondo et découvre avec effroi qu'il est en affaire avec le crime organisé tandis que Kondo pensant être Sakura essaie de reconstituer sa vie d'acteur et rencontre Kanae qui a décidé de trouver l'amour. 


Une comédie extraordinaire

Le film pourrait s'appeler : le théâtre de la vie. Il se construit comme un improbable choc social. Une journaliste stakhanoviste annonce la date de son mariage lors d’une réunion de travail et réclame de ses collègues qu’elles l’aident à dégoter le mari idéal ! !!  un mec BCBG, lassé des embouteillages, fait un arrêt improvisé dans des bains publics et perd connaissance en glissant sur une savonnette... un lourdaud abandonné dans sa bicoque s’étale lamentablement sur le sol, la corde autour du cou avant de voler la vie dont il a toujours rêvé. 

En 1/4 d'heures, Uchida Kenji plante le décor de sa farce où  vont s'engluer les trois protagonistes. Car pour l'ex-acteur, la nouvelle vie est d'abord l'occasion d'éponger ses dettes (scènes hilarantes!!!), de se venger de son ex-femme et de se comporter comme le dernier des nouveaux riches impudents et grossiers. Mais très vite le costume devient trop loud pour ses épaules et ses années de comédie sont bien légères quand il doit négocier avec des yakusas pour honorer ses contrats.  Pour Kondo, c'est le parcours inverse. Très touchant est de voir ce badass débarqué dans la maison minable de l'acteur  et tenter de remettre de l'ordre dans sa vie. Et le voilà relisant les classiques, rangeant la maison, postulant à des auditions le tout avec l'aide de la journaliste qui s'est pris d'affection pour ce paumé. 

Evidemment tout va basculer, les mécanismes de la mémoire vont se réparer et les protagonistes vont tous se retrouver imbriquer dans les méandres des affaires du tueur à gages. C'est très bien filmé, un rythme excellent qui alterne les moments de comédie et les moments d'émotion. Le réalisateur distille avec minutie les quiproquos  : l'entrevue avec les yakusas, le face à face entre les imposteurs...Le film dure deux heures que l'on ne voit pas passer tant il faut le noter les acteurs sont au top. Le personnage de la journaliste donne à l'intrigue une touche d'émotion et une profondeur sociale qui enrichit la comédie propre. Notons la richesse des seconds rôles qui en quelques scènes en disent beaucoup sur la société japonaise (les réflexions sur la mariage par exemple...). 


Key of life, une excellente comédie savoureuse sur fond de manipulation et de franches tranches de rire.

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