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Adaptation en film live du manga en trois tomes de Tetsuya
Tsutsui, Noise est sorti sur les écrans japonais en 2022. Réalisé par Ryûichi
Hiroki, il réunit un casting de choix avec notamment Keita Fujiwara (vu dans la
saga Kenshin et Death Note) et Ken’ichi
Matsuyama qui partageait également l’affiche de Death Note. Un manga de qualité, un bon réalisateur, de très bon
acteurs, tout était réuni pour offrir un film de qualité. Ce qui a été confirmé
par le visionnage du long métrage.
L’île de Shishikari est une petite île qui année après année
a vu sa population vieillir et diminuer. Les rares usines ont périclité et rien
ne semble pouvoir enrayer son déclin. Mais Keita Izumi, un enfant de l’île, a
lancé la production de figues noires qui devient un vrai succès commercial. Il
fait la une des journaux, des touristes viennent exprès visite l’île et des
projets urbains majeurs voient le jour. Avec ses amis Jun Tanabe, Shinichiro
Moriya, Keita devient le symbole de la renaissance de l’île.
Mais un jour, Mutsuo Komisaka, un ancien criminel, se rend
avec son tuteur sur l’île. Son attitude étrange attire l’attention des
paisibles habitants. Quand la fille de Keita disparaît, les soupçons des trois
amis se portent sur le marginal. Lors d’une altercation, celui-ci meurt
accidentellement. Les trois jeunes hommes décident de cacher le mort pour ne
pas nuire à l’image de l’île. Mais quand la police du continent débarque sur
l’île, la tension monte.
Noise est d’abord
une formidable huis clos insulaire. Le réalisateur joue permanence sur le
décalage entre le calme, la sérénité du lieu et la pesanteur qui monte. Tout le
monde est enfermé, tout le monde se connaît, s’observe. Il est donc difficile
de cacher un corps et encore moins d’échapper à un policier chevronné à
l’instinct aiguisé. Pour les trois jeunes hommes, l’urgence est de déplacer un corps
sans être soupçonné. Mais que faire quand surgissent des témoins imprévus.
Le film fonctionne dès lors comme un conte moral féroce sur
le prix du mensonge. A cause des projets en cours sur l’île, de la peur de
connaître un potentiel déclassement, les habitants se lancent dans une vague de
mensonge. Chaque travestissement de la vérité produit son lot de difficultés.
La lutte semble sans fin pour maintenir le secret d’autant que le mensonge
produite l’effet inverse que celui souhaité : la présence policière se
fait plus insistante, plus gênante.
Le film construit une atmosphère qui capte tout de suite le
spectateur. Celui-ci en effet en sait autant que les criminels, moins que les
policiers, et est pris dans un dilemme moral. Il désire au début que les trois
jeunes hommes sans sorte surtout quand est révélé la nature de celui qui est
mort. Mais ensuite, les sentiments se mélangent. Et on passe lentement du côté
de l’inspecteur qui a tout compris très vite mais qui ne peut rien prouver. Un
vrai tiraillement moral saisi le spectateur.
Ce tiraillement est accentué par la mise en en scène qui
insiste beaucoup sur l’état d’esprit de cette îles. Les insulaires sont très
liés, ont vécu des drames terribles dans le passé. Ils sont connu les ténèbres
et entrevoient enfin un réel espoir. Alors ces personnes du continent qui
viennent troubler le calme, ils deviennent très vite l’ennemi, l’étranger.
Celui qui vient imposer son code moral sans connaître le lieu. Le film prend
dès lors un sens politique, presque philosophique sur le rapport à l’Autre.
Ryûichi
Hiroki a parfaitement saisi l’esprit de cette œuvre excellente. Nous
sommes, en effet, dans une enquête digne d’Agatha Christie. Le policier doit
dénouer un écheveau d’indices, esquiver les fausses pistes. Tout le monde est
suspect, beaucoup d’éléments apparaissent et ne sont expliqués que tardivement.
Le montage brillant accompagne cette enquête impossible dont on redoute la
conclusion.
Et pourtant le scénario nous réserve un ultime
rebondissement, une révélation terrible, glaçante. Le plus étonnant, c’est que
beaucoup d’indices ont été dispersés dès le début du film et pourtant le
spectateur se laisse avoir. Cela donne une dimension encore plus tragique,
terriblement humaine à ce terrible accident. Avec une sensation d’immense
gâchis pour les protagonistes.
Avec Noise, vous
avez la certitude voir un excellent thriller, brillamment écrit, filmé et
interprété. Il montre, à nouveau, le talent des réalisateurs japonais à adapter
leur manga.
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