A redécouvrir

Shockwave 2 critique : les chemins de la rédemption

La mémoire dans la peau

Shockwave 2 est la fausse suite du blockbuster éponyme sorti sur les écrans de Hong-Kong en 2017. Toujours réalisé par Herman Yau, ce second opus reprend deux des acteurs du précédent film : Philippe Keung et surtout Andy Lau, la star Hong-Kongaise. Il suit aussi une thématique identique en prenant pour héros les membres de la brigade de déminage de Hong-Kong. Les ressemblances s’arrêtent cependant là. Car pour le reste, ce Shockwave 2 propose une histoire indépendante, ni préquelle ni séquelle, portée par le charisme et l’énergie d’Andy Lau. Et malgré les défauts du scénario et de la mise en scène, cette non-suite se révèle un très bon film, dopée par ses moments de bravoure et transcendée par son acteur principal.

What if…

Une alerte retentit dans le hall de l’aéroport international de Hong-Kong. La foule tente d’évacuer les terminaux lorsqu’un train déraille, percute le quai et provoque une gigantesque explosion atomique. Le complexe disparaît sous les cendres tandis que la métropole plonge dans le chaos. Ceci est un avenir possible mais il y en un autre et voici comment il est advenu. Quelques années auparavant, Andy Lau et son co-équipier de l’unité de déminage interviennent dans un appartement. L’opération se passe mal, l’engin explose. Andy Lau perd une jambe.

Fort de son mental d’acier, l’agent blessé se lance corps et âme dans sa rééducation apprenant à vivre avec sa prothèse. Malgré des progrès prodigieux, ses supérieurs refusent qu’il retourne sur le terrain. Quelques temps plus tard une explosion ravage un hôtel. Parmi les survivants, la police retrouve Andy Lau commotionné et amnésique. Principal suspect, incapable d’expliquer sa présence dans ses lieux, il doit prouver son innocence et retisser les fils de son passé. Pour ce faire, il décide de stopper le groupe terroriste vendetta soupçonné de préparer une attaque majeure contre la ville.

Une double intrigue inégalement traitée

Shockwave 2 se construit sur un scénario plus ambitieux qu’il n’y paraît. En effet à première vue celui propose une intrigue classique. Un agent de police courageux et intrépide tente de contrecarrer une menace mortelle. Reprenant les codes du genre, l’histoire passe par des moments, des figures « imposées ». L’infiltration, le double jeu pour se faire passer pour un renégat, l’incompréhension de ses proches, la découverte du mystérieux commanditaire. Une trame finalement très semblable à celle de la saison 2 de 24 heures Chrono. Elle demeure néanmoins efficace même si la menace terroriste visuellement crédible manque d’un vrai développement en profondeur. En effet les motivations du leader de vendetta n’ont été que survolées ce qui empêche le spectateur de saisir toute la porté politique de cette action.


Mais en réalité cette première histoire sert de prétexte au coeur du film : l’amnésie d’Andy Lau. Présenté comme un pur héros, le film s’amuse à brouiller les pistes. Qu’est-il devenu après sa non-intégration ? Que faisait-il dans cette hôtel ? Le réalisateur exploite bien le concept de mémoire brisée, de vérité alternative, de recomposition de l’identité. Est-on le même si on perd tous ses souvenirs ? Est-on alors comptable de ses actes passés ? Le montage, les flashbacks, les scènes filmées de différents points de vue construisent alors un mystère prenant jusqu’à la fin. D’anodins détails prennent ainsi tout leur sens lors de l’épilogue.

Action, action, action

Shockwave 2 se devait d’aller encore plus loin que le premier en termes d’action. Ce pari est presque tenu. En effet le film propose plusieurs séquences épiques. On retiendra une évasion/fusillade dans un hôpital lorgnant vers A toutes épreuves de John Woo ; une poursuite dans un marché où Andy Lau et sa prothèse font des merveilles. Sans oublier l’immense final de l’aéroport au train. Le réalisateur donne du rythme à toutes ses scènes, les rend très lisibles s’appuyant sur les performances physiques de sa star.


Cependant ces scènes d’actions si elles fonctionnent bien, souffrent de deux défauts. D’abord les trucages numériques (explosion, véhicule…) sont, comme trop souvent dans films chinois largement perfectibles. Certaines scènes conçues comme l’argument de vente du long métrage perdent en impact. Tandis que l’investissement émotionnel du spectateur est parfois désamorcé par ces mauvais effets visuels. Ensuite le film veut à travers le groupe vendetta reprendre la symbolique des groupes terroristes islamistes. Plusieurs séquences s’inspirent par exemple de l’attentat de 1993 contre le Word Trade Center de New York, d’autres évoquent les attentats de Mumbai. Or le manque de développement autour de cette menace dilue la portée de l’image. Pourquoi convoquer de tels symboles, utiliser une imagerie aussi connotée si c’est pour se limiter à des scènes d’actions efficaces certes mais son profondeur narrative ? Il en ressort une impression d’inachevé : une promesse visuellement tenue mais thématiquement oubliée.

Andy Lau et un casting investis

Scénario à tiroir, jeu de dupe, films d’actions, Shockwave 2 alternent les changements de ton et de registre. Il oblige les acteurs à un numéro d’équilibriste permanent pour toujours rester dans le juste ton. Cette contrainte ne leur pose aucun souci. Notamment à l’omniprésent et charismatique Andy Lau. S’il excelle lors des passages physiques, il est est grandiose lors des moments intimes. Traqué, isolé, perdu dans ses souvenirs, son personnage finit par douter de tout, à commencer de lui-même. Et lors des flaskbacks, Andy Lau déploie toute sa palette d’acteurs pour faire ressortir la fragilité, la colère, la déception de ce policier modèle en quête de reconnaissance et de rédemption.

A côté de lui, le reste du casting exploite au mieux son temps d’écran. Ils sont tous très bons pour porter tous les mystères du scénario. Qui dit la vérité ? Quel passé doit-on croire ? On apprécie particulièrement la composition de la fiancée d’Andy Lau et celle de son ex-partenaire qui réussissent à nous faire perdre tous nos repères. Une déception toutefois, concerne à nouveau le leader du groupe vendetta. Son personnage dans ce qui nous est suggéré, est fascinant. Son interprète joue juste lors de ses quelques scènes. Ce qui nourrit dès lors une certaine frustration concernant le potentiel inexploité de cette figure.

Shockwave 2 est donc un bon film d’action porté par un scénario astucieux et de très bons acteurs. Le concept d’amnésie fonctionne totalement. Il est dommage en revanche que celui autour du terrorisme n’est pas bénéficié d’un traitement aussi minutieux. Le film aurait été encore plus équilibré. 

Commentaires