A redécouvrir

Shock Wave

Au bout du tunnel

Alors que sortira à l'été 2020 Shock Wave 2 en Chine, la France a pu découvrir cette année avec trois ans de retard Shock Wave, film policier d'action mettant en scène Andy Lau confronté à une terrible menace. A la baguette Herman Yau, réalisateur à la filmographie dense et ancien directeur de la photographie de Tsui Hark. Des arguments qui ont emporté l'adhésion du public chinois.


Cheung Choi-san (Andy Lau) est le policier le plus admiré de la brigade de déminage de Hong-Kong. Après avoir infiltré un gang il parvient à stopper leur braquage. Un nouveau succès qui le place sous le feu des projecteurs. Toujours intègre et passionné par son travail, il tombe amoureux d'une jeune institutrice. Mais une nouvelle menace surgit : un groupe de terroristes pose des bombes visant des policiers puis prend otage des centaines de civils dans l'un des tunnels routiers les plus fréquentés de la ville et menace de le faire exploser. A leur tête un homme que Cheung connaît : le chef du gang qu'il avait précédemment infiltré. Décidé à tout faire pour les arrêter il va devoir comprendre les réelles intentions du terroriste. 

Nous voici face à un film qui coche toutes les cases du film d'action. En effet Herman Yau connaît son métier et sait être efficace. Pendant deux heures il est difficile de s'ennuyer : des scènes d'action nombreuses mêlant explosion, poursuites, fusillades. Il y a même de l'originalité dans l'utilisation des explosifs. Le film offre aussi de la tension autour du déminage et de l'émotion : sacrifice, histoire d'amour, sens de l'honneur. D'autant plus que Herman Yau sait bien construire ses plans, jouer sur les espaces confinés. Un autre point intéressant du film c'est la violence : il y a beaucoup de victimes, civiles,  policières et des morts qui vont surprendre un spectateur occidental habitué à la survie des héros. La fin est à ce titre un vraie réussie. 

En plus le film peut compter sur le talent d'Andy Lau. Il est à nouveau impérial dans les scènes d'action avec une dose d'humanité/fragilité. Il ajoute une dimension romantique qui enrichit encore son personnage qui n'est pas qu'un héros indestructible. Cela renforce le suspense et la dimension sacrificielle de sa mission. D'autant plus que le reste du casting est aussi très bon. Wu Jiang incarne parfaitement le méchant aux motivations sombres, cruel, manipulateur, cynique. Jia Song, le love interest est excellente malgré le peu de scènes où on la voit. Et tous les policiers,  Philippe Keung, Léo Wang, sont bien joués et disposent de personnages bien écrits.

Niveau scénario le film a de l'ambition mais ne l'exploite pas. Il lorgne évidemment du côté de démineurs, de Heat, de 24 heures chrono ou de blown away. Le film nous offre de nombreux rebondissements et joue à fond sur les faux semblants.  A l'image de 24 heures il met en place une première menace qui n'est que la couverture à une seconde plus grande. Mais il ne va pas au bout de son démarche. En effet il explore en effet des pistes (le général en Thaïlande), cherche à approfondir les motivations du chef des terroristes mais n'exploite pas ce qu'il met en place.  Il est en réalité pris entre les influences formelles et le respect du cahier des charges. Le résultat c'est qu'il passe très vite sur des éléments centraux de l'intrigue (le financier) et accélère sur la fin conduisant à des rebondissements trop rapides. Le film veut  raconter beaucoup de choses : une prise d'otages, une vengeance, une manipulation complexe en moins de deux heures. Il choisit donc de privilégier le spectacle à l'intrigue. Et quand se rajoutent à cela des effets pyrotechniques et numériques encore perfectibles,  vous finissez par avoir une légère déception sur ce que le film aurait pu être : un mélange entre Heat et Démineurs.

Au final Shock Wave demeure un film d'action de bonne facture porté par un Andy Lau rayonnant qui ne va malheureusement pas au bout de ses ambitions.


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