A redécouvrir

The Villagers

La manière forte

Ma Dong Seok fait figure de nouvelle star du cinéma sud-coréen. Charismatique,  sensible, il a réussi en 15 ans à s'imposer à travers des films aussi divers que Dernier train pour Busan, Le gangster le flic et l'assassin ou New World. Sa simple présence au casting permet à des projets de voir le jour. Nouvelle illustration avec The Villagers un intéressant polar d'ambiance.


Yeok Gi-Cheoi enseigne la boxe. Droit et honnête il s'emporte lorsqu'il apprend qu'un des dirigeants de son club truque les matchs. Obligé de trouver un nouvel emploi il est engagé dans un lycée de campagne comme professeur d'éducation et comme collecteur des frais scolaires non payés. Un changement radical pour cet homme qui découvre la vie semble-t-il calme de cette petite ville et l'ambiance des lycées. Très vite il se prend d'affection pour Kang Yoo-Jin, une lycéenne qui depuis plusieurs jours essaie sans succès d'alerter la police sur la disparition d'une de ses amies. L'ancien boxeur décide de s'impliquer. 

The Villagers c'est d'abord un pari osé et réussi du mélange des genres. Alors que le scénario laisserait entrevoir la possibilité d'un film noir, le réalisateur opte au contraire dès le début pour un ton léger, proche de la comédie. Ainsi on se délecte de voir Ma Dong Seok, le Lino Ventura sud-coréen, s'adapter difficilement à l'univers policé de l'école. Avec sa carrure il passe pour beaucoup pour un malfrat et tel un éléphant dans un magasin de porcelaine il doit jongler entre sa fonction et son tempérament. Pas de vagues, pas de coups. Cette idée est magnifiquement mise en image  dès le début par la scène du sac de frappe. Ce ton comique renforcé par les commentaires de notre professeur s'appuie sur une photographie qui choisit des couleurs vives et qui met en avant la beauté de cette petite bourgade. Ceci vient rehausser la seconde face du film : un polar pas très gai sur les petits arrangements entre amis.

The Villagers c'est aussi un casting excellent qui transcende l'intrigue. Ma Dong Seok porte le film. Il alterne à la fois les scènes extrêmement touchantes (comme dans dernier train pour Busan) où il joue ce boxeur au coeur tendre, maladroit qui prend sous son aile cette jeune élève et décide de soulever des montagnes ; avec les scènes où  explosent sa force, sa puissance. L'acteur joue avec son image de dur à cuire (voir le gangster, le flic et l'assassin) au service d'un cause noble évitant de tout casser autour de lui. Et à côté de lui Kim Sae Ron offre un contraste parfait : celle de la jeune lycéenne d'apparence fragile mais prête à tout pour retrouver son amie. L'alchimie du duo fonctionne à merveille que ce soit dans les moments comiques ou dramatiques. Téméraire, elle est le miroir inverse du professeur. Et le reste du casting est au diapason : les policiers (toujours aussi ridicules dans la grande tradition des films sud-coréens), les politiciens, les professeurs.

Ce casting de très haute tenue permet de cacher le petit défaut du film, son intrigue. Elle est classique dans ses enjeux, on devine assez vite les coupables même si des retournements viennent la compliquer parfois artificiellement. Certains personnages (le fils du politicien) aurait mérité un meilleur approfondissement pour bien comprendre leur itinéraire. Mais tout ceci est accessoire car le spectacle est là et l'investissement des acteurs est tel qu'il emporte tout.

S'il ne révolutionne pas le genre du thriller, The Villagers réussit néanmoins pendant 1 h 40 à nous passionner pour cette histoire de disparition grâce à la performance 5 étoiles de Ma Dong Seok.

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