Hana et Alice c'est le projet mystère de Shunji Iwai, un des plus grands réalisateurs japonais de la nouvelle génération, adepte d'une mise en scène poétique, d'un univers musical rare et qui a su mettre en scène avec profondeur et grâce la complexité de l'adolescence (All about lilly Chouchou ) et le deuil (Love Letter). Hana et Alice mènent l'enquête sorti en 2015 c'est la préquelle de son film de 2004 Hana Alice (voir ici la critique), chef d'oeuvre absolu qui a ringardisé pour un siècle toute les teen productions hollywoodiennes. Avec ce nouveau long métrage Shunji Iwai s'est lancé un nouveau défi : passer au film d'animation par rotoscopie (scènes filmées en réel avant d'être retravaillées par les animateurs). Parti pris esthétique qui a plu aux producteurs français puisque le film a l'honneur (une première pour le réalisateur) d'une sortie en France. Alors quel bilan .
Mystères au collège
Quand Tetsuko, 14 ans alias Alice déménage avec sa mère récemment divorcée, elle doit s'adapter à son nouveau collège. Or dès son arrivée elle subit un étrange rite d'initiation. : la place qu'elle occupe était celle de Judas, un ancien élève assassiné dans d'étranges circonstances mais dont l'esprit diabolique (anaphylaxis) hante les lieux obligeant les élèves de la classe à célébrer une mystérieuse cérémonie faite d'exorcismes et de prières.
Ajouter à cela une étrange voisine recluse qui l'espionne derrière sa fenêtre et une mère qui flashe sur son prof principal, vous comprenez qu'Alice a de quoi s'occuper. Dotée d'un solide caractère, curieuse et farouche, elle décide de mener sa propre enquête pour découvrir qui est ce Judas. Elle va recevoir le concours de sa mystérieuse voisine, ancienne élève de sa classe qui a décidé de quitter le collège au moment où Judas a été « assassiné ». Les deux adolescentes se lancent dans une recherche échevelée.
Poésie visuelle
REUSSITE !!! Hana et Alice est
d'abord d'une poésie vertigineuse. Le parti pris technique apporte
une plus value visuelle qui reproduit tout l'univers de Shunji Iwai.
Dire que c'est beau serait trop rapide. Tout le film dispose d'une
superbe colorisation, jouant à font sur le clair obscur pour faire
ressentir toute la magie de cette atmosphère mystérieuse. Ombre,
atmosphère vaporeuse, scène voilée confèrent une pate au film et
lui permettent d'évoquer tous les doutes qui envahissent l'esprit
des adolescents, piégés dans cet entre deux - plus enfants mais
pas encore adultes-.
Les scènes du film sont si belles que l'on se
croit devant une série de toile impressionniste (quand on sait que
les impressionnistes furent influencés par les estampes japonaise …)
dont le plus exemple c'est la somptueuse maison aux fleurs. Le film
nous invite ainsi à une ballade poétique dans un Tokyo idéale
(charmante petite rue) à travers les yeux d'adolescentes en pleine
mutation.
Une oeuvre profonde
Pourtant il ne faut pas résumer le
film à une simple œuvre « shojo » traduction film sur
les peurs, fantasmes des adolescentes. En s'emparant d'un thème
fétiche du style : les légendes scolaires, les amours déçus ;
Shuji Iwai va nous conter une histoire beaucoup plus profonde où
l'enquête digne du club des cinq déboule sur les petits drames de
la vie qui deviennent dans l'esprit d'une adolescente des
catastrophes. L'étrange démon, le mystérieux mort, la voisinne
recluse deviennent les pièce de ce puzzle finalement drôle.
Iwai
nous démonte l'écheveau où les désordres amoureux se
transforment en conflit shakespearien, où le dialogue rompu
adulte-enfants jette ses derniers dans les affres de l'introversion,
où les terreurs scolaires deviennent l'exutoire des silences forcés.
En profitant d'une animation éthérée, des plans poétique, Shunji
Iwai reproduit le miracle de son film de 2004 : rendre
intéressants les tourments psychologiques de jeunes adolescent(e)s.
Et la moindre scène simple au demeurant nous transporte : une
balançoire, un cour de danse... nous suivons avec délectation cet
étrange enquête attendant découvrir qui se cache derrière le
démon anaphylaxis : sadako ou le marchand de sable .
12 ans après Hana et Alice nous
charment toujours autant. Yu Aoi et Anne Suzuki ont parfaitement
réussi leur transposition animée et Shunji Iwai prouve qu'il est un
réalisateur important.
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