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C'est un fait divers qui a défrayé la chronique pendant l'année 1992. Une banale rixe dans un night club attire l'attention de la police et des médias sur les liaison dangereuses entre le monde du crime et le 7è art. Cet incident permet de lever le voile sur l'importance prise par les triades chinoises dans le Hong-Kong des années 1980-1990.
Anita Mui est née en 1963 dans une famille pauvre. De père inconnu, elle la cadette de quatre enfants élevés par sa mère seule. Obligée de quitter jeune l'école, elle se forme toute seule en se apprenant l'opéra puis la chanson. Talentueuse, travailleuse, sa carrière de chanteuse décolle en 1982. Devenue une star de la chanson, elle participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Séoul de 1988. Son triomphe sur scène attire l'attention des producteurs et réalisateurs qui décèlent en elle un don pour le cinéma. La chanteuse devient vite une des plus grandes actrices du cinéma Hong-kongais, tournant avec les plus grands, se liant même d'amitié avec Jackie Chan.
En 1992, la star décide de se rendre dans un club de Kowloon, le Ktv pour passer une soirée karaoké. Le même soir, Huang Langwei, producteur-réalisateur et membre de la triade 14 K, est présent dans le club. Apprenant la présence de la star, il l'aborde pour lui proposer de tourner pour lui contre la somme d'1 million de dollars. Anita Mui, un peu ivre, refuse en trouvant la somme indigne. Ne reconnaissant pas le personnage, elle lui demande de ne pas lui adresser la parole en anglais, langue qu'elle ne comprend pas. Le producteur-mafieux lui rétorque « et alors » et la gifle avant de partir. L'incident aurait pu en rester là.
Anita Mui, choquée, se confie à une amie, Chen Lau. Or, celle-ci est mariée à Chen Yaoxing, membre de la Sun Yee On, la plus puissante triade de Hong-Kong et rivale de la 14 K. Or le club est sous la protection de cette mafia et Anita Mui une de leurs actrices fétiches. Chen Yaoxing déclenche les représailles. Le lendemain de l'altercation, avec plusieurs de ses hommes il intercepte la voiture de Huang Langwei. Le boss de la 14 K est poignardé avec des couteaux de cuisine tandis que Chen le frappe à la tête avec un téléphone. Mais le mafieux est robuste. Conduit à l'hôpital, il se remet de ses blessures. Un commando se rend alors dans les jours suivants à l'hôpital et l'abat.
L'affaire fait alors grand bruit. Jackie Chan lui-même tance son amie pour ses virées nocturnes. La 14 K crie vengeance et réclame qu'on coupe une des jambes d'Anita Mui comme compensation. Chen Yaoxing, principal suspect est arrêté mais acquitté, faute de preuve. Il en fallait peu pour que la guerre des gangs reprenne. Des morts suspectes, celle de Jimmy Choi Chi Ming, se multiplient. Un an après les faits, Chen Yaoxing participe à une course automobile à Macao. Disqualifié, il se rend à son hôtel quand il est abattu. Épilogue d'une guerre des gangs.
Ce fait divers révèle deux réalités. D'abord, la puissance des triades Hong-kongaises omniprésentes sur le territoire. Rien ne leur échappe : jeux, prostitution, trafic, marché immobilier. La police est gangrenée et même le pouvoir publique s'est appuyé sur elle pour lutter contre l'influence des communistes. C'est presque naturellement que les triades vont investir le juteux marché du cinéma.
En 1992, ce secteur a généré 1 milliard et demi de dollars de revenus. Il est en pleine expansion portée par des stars charismatiques, des réalisateurs de talent dont le seul nom rassemble des millions de spectateurs. Or, pour pouvoir tourner, les studios doivent sécuriser les lieux, une aubaine pour les mafias qui exigent entre 50 et 2000 dollars par jour de tournage afin de garantir la tranquillité des équipe. Mais les mafieux voient plus grand. Ils vont eux-même investir dans les films, écrire les scénarios, engager/contraindre les acteurs. On estime à 90 %, le nombre de films ainsi contrôlés par le milieu. Et gare à qui ne se plie pas aux règles. Le producteur d'Andy Lau est menacé de mort si son acteur refuse de jouer dans un film. Quelques jours avant la sortie du film All's well, ends well, comédie avec Stephen Show, Leslie Cheung et Maggie Cheung, les locaux du studio sont cambriolés par quatre hommes armés qui volent des photographies de tournage et de promotion. La cause : une obscure affaire d'offense entre deux mafias.
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