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1943, alors que la guerre fait rage dans le Pacifique et que
les troupes étatsuniennes souffrent de lourdes pertes dans leur reconquête des
îles du Pacifique, une idée farfelue vient à l’esprit d’officier de l’O.S.S,
les services secrets des E.U.A . Utiliser une arme psychologique pour
briser le moral des soldats japonais : des renards radioactifs. Retour sur
ce projet gentiment loufoque appelé opération fantasia.
C’est William Joseph Donovan dit "Wild Bill" qui lance les hostilités dès les
lendemains de l’attaque contre Pearl Harbor. Ils confient à une poignée de
chercheurs et d’experts la mission d’inventer des armes non conventionnelles
pour frapper les forces de l’axe. C’est une tactique vieille comme le monde :
pendant l’Antiquité, les cochons étaient utilisés pour effrayer les éléphants,
du miel toxique distribué à des armées ennemis (en l’occurrence les romains).
Les perses employèrent des jarres remplies de scorpions contre les Romains à
Hatra. Hannibal lui-même employa des projectiles remplis de serpents contre la
flotte de Pergame.
William Joseph Donovan |
Après avoir essayé sans succès d’utiliser des chauves-souris
comme porteuses de projectiles, les « scientifique » vont obtenir l’aide
de Ed Salinger ancien homme d’affaire qui a travaillé à Tokyo. Fin connaisseur
de la culture nippone, il convainc ses collègues de creuser la piste du renard
Kitsune, un yokai (esprit au Japon à ne
pas confondre avec les kamis qui sont des esprits devenus des divinités) métamorphe,
farceur synonyme de malheur. Son idée est de créer de faux yokai pour provoquer
la peur chez les japonais. Elle séduit les équipes qui se lancent dans la
réalisation de ces faux esprits. Elles pensent d’abord à produire de faux
ballons en forme de renard, de créer un appareil imitant le cri du renard, de
diffuser des odeurs de renard… Tout y passe jusqu’au moment où émerge la grande
idée. Capturer des renards vivants et les rendre phosphorescents à l’aide de
peinture au radium !! Pour décupler l’effet attendu, l'opération
commencerait par la distribution de brochures avertissant d'un mal imminent et copiant les écrits de devins japonais. Un
homme trouve pourtant le projet dénué de bon sens : Stanley Lovell, chef
de la branche recherche et développement de l'OSS. Dès le 24 septembre 1943, Il préconiser d’abandonner
le projet. Mais sans succès car le radium semble lever tous les obstacles.
Cet élément radioactif connu grâce aux travaux de Pierre et
Marie Curie est déjà utilisé dans des peintures phosphorescentes utilisées pour
peindre les cadrans de montres et de réveil (voir le drame des radium girl).
Pour tester la viabilité de ce plan, l’O.S.S contacte Harry Nimphius
vétérinaire au zoo de Central pour voir si la peinture peut adhérer à la fourrure
de l’animal. Un premier test est mené sur un raton laveur, avec succès. L’O.S.S
procède donc à une expérience grandeur nature en relâchant, dans le parc Rock
Creek de Washington, 30 renards brillants. Nous sommes en plein été 1945 et les
promeneurs nocturnes sont surpris puis effrayés par ses créatures
lumineuses. L’expérience est concluante
d’autant plus que ses concepteurs sont persuadés que si ces renards ont fait
peur à des Américains, ils ne pourront que provoquer une panique encore plus
colossale chez les Japonais. Reste la question logistique : comment
déployer cette arme au Japon.
radium girls |
Une seconde expérience grandeur nature est organisée dans la
Baie de Chesapeake. Des renards sont jetés à la mer et leur instinct de survie
leur permet d’atteindre sains et saufs la côte. Malheureusement, la peinture n’a
pas tenu. Autre problème, une fois débarqués au Japon, rien ne prouve que les
renards aillent vers les humains, c’est même le contraire qui risque de se
passer. Pas de souci pour Salinger, il suffira d’organiser un débarquement en
masse de renards, visons, coyotes, de rats… De toutes les créatures capables de
passer pour des renards. Un D.D day de poils et de queues…
Satisfaits de ces premiers essais, Salinger et l’O.S.S
décident d’aller plus loin. Ils font
fabriquer un renard en peluche surmonté d’un crâne humain mécanique et maintenu
en l’air par un système de ballon. Car
dans le folklore japonais, cette créature est une des plus terrifiantes
superstitions. Allant encore plus loin, il propose de servir d’agents dormants,
de Japonais favorables aux alliés et de leur demander de simuler une possession
par l’esprit du renard !!!
En définitive, ces idées n’ont jamais dépassé le stade de l’expérience.
Avec les bombes atomiques et l’entrée de l’U.R.S.S, le Japon capitule et
Fantasia entrera dans au panthéon des idées militaires les plus loufoques.
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