Tambo art : la rizière devient une toile grandeur nature
Le Tambo art ou art des rizières est né en 1993 dans le village d'Inakadate situé au Nord de l'île d'Honshi dans la préfecture d'Aomori. Ce land art transforme les champs de riz en toile géante qui attire plus de 270 000 visiteurs par an au Japon. La Joconde, Napoléon, Godzilla ont été ainsi célébrés. Mais d'où vient cette pratique ?
Une invention en deux temps
Deux raisons vont expliquer cette invention artistique. La première découle de fouilles archéologiques, menées depuis 1980, qui ont révélé la présence de rizière dans cette région depuis plus de 2000 ans. Un site archéologique historique national est alors fondé en 2002 dans cette région pionnière de la maîtrise de la culture du riz. La seconde vient de la déprise démographique que connaît le village avec un vieillissement accéléré. Pour enrayer ce déclin, les villageois décident de promouvoir la culture du riz, de faire visiter les rizières aux touristes en s'appuyant sur la médiatisation de découvertes archéologiques.
Le succès aidant, des employés de la mairie, assistés de bénévoles, aménagent une rizière, employant des riz de nature différente pour figurer le mont Iwaki. Ce tableau végétal remporte un vif succès et incite les responsables locaux à poursuivre l'expérience. D'autant plus qu'en 2002 la N.H.K., l'une des principales chaînes de télé du pays, consacre une émission à cet étonnant projet. Le mouvement est lancé et depuis, avec l'aide de dessinateurs professionnels la campagne d'Inakadate s'orne de majestueux dessins et va inspirer de nombreuses autres communes. Aujourd'hui, 137 villages pratiquent le tambo art.
Un processus créatif long
La tambo art nécessite un long travail en amont que l'on peut découper en quatre phases. La première consiste à choisir un design, à conceptualiser un modèle et à faire appel à des géomètres pour repérer la parcelle la plus à même d'accueillir l'oeuvre d'art. La parcelle est alors minutieusement découpée en segments pour ajuster au mieux la figure au relief.
La seconde fait appel aux savoirs-faire des agriculteurs qui vont sélectionner les semences de riz, les cultiver en terre ferme tandis que le terrain est préalablement préparé : labour, arrosage, fertilisation. Chaque variété est associée à une partie de la fresque et choisie en fonction : couleur, vitesse de pousse. Le calendrier est primordial pour offrir la meilleurs palette de couleurs au moment de la floraison.
La troisième, la mise en terre, est organisée par les mairies lors de grandes fêtes publiques où des centaines de bénévoles viennent, à la main, planter le riz en suivant précisément le plan esquissé par les géomètres. Ces moment sont l'occasion de promouvoir la culture du riz.
La dernière phase a lieu l'été, pendant les mois de juillet et d'août, quand le riz a poussé et propose de grandes variétés de couleurs. C'est le moment où des milliers de touristes viennent contempler ces oeuvres dans tout le Japon.
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