Publié par
herve
le
architecture
christian Volckman
Duval
Jour J
Néo Paris
Paris
Pecau
Remember Me
Renaissance
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
Lee Yong-Ju est un réalisateur sud-coréen encore peu connu du grand public. S’il a travaillé sur The silenced, il n’a réalisé que deux longs métrages très différents : Possessed un thriller horrifique et Architecture 101 une romance, films dont il a également écrit le scénario. Pour son troisième long métrage, Seobok, il se lance dans la science-fiction en reprenant un thème qu’il a déjà effleuré dans The Silenced : l’évolution et la mutation. Il livre un thriller correct mais qui hésite entre réflexion et action.
Min Gi-heon a servi
des années comme agent de renseignement en Corée du Sud. Au nom de son pays, il
a suivi les ordres sans discuter jusqu’au jour où il a dû maquiller en suicide
le meurtre de sa coéquipière. Ecoeuré par sa lâcheté, il a fini par
démissionner. Depuis, atteint par un cancer en phase terminale, il lutte tous les
jours contre une mort inévitable. Le jour où son ancien chef le contacte pour lui proposer une mission qui peut
changer sa vie, il abandonne sa retraite.
L’agent doit escorter Seo Bok, le premier clone humain doté
de capacités hors du commun. Ce dernier, en effet, est immortel, possède des
pouvoirs psychiques et a la capacité de soigner Min Gi-heon. Mais le secret de
son existence a été percé et seul l’ex-agent semble être digne de confiance. Malgré
ses réticences, Min Gi-heon accepte le
travail ignorant que le garçon est la cible de groupes aux intérêts opposés.
Seobok se veut un
film brassant énormément de thématiques. C’est d’abord un thriller
d’anticipation imaginant l’impact sur l’humanité de la disparition de la mort.
Comment réagirait l’Homme face à la fin de sa principale peur ? C’est
également un film du « super-héros » très proche d’Akira ou de Stranger Things se centrant sur un
enfant cobaye devenant un être supérieur. C’est aussi un film plus intimiste
centré sur la notion de destin, de pardon, de rachat, de famille et de deuil.
Il se présente enfin comme un thriller politique où se retrouvent les thèmes
chers à la fiction sud-coréenne : les services secrets, les E.U.A, les
chefs d’entreprise.
Cette multitude d’enjeux construit un film très difficile à
classer. La séquence introduction le place d’emblée dans le registre de l’action,
ce que confirme la longue séquence finale. Mais le voyage entre l’agent et le
clone fait dériver le film vers une réflexion plus intimiste presque
philosophique sur le sens de la vie. Tandis que l’évolution du clone lorgne
énormément vers le film de super-héros avec des moments rappelant Lucy. Le long métrage ne cesse dès lors d’opérer
des allers-retours entre ces tonalités ce qui risque de surprendre plus d’un
spectateur.
Cette ambition si elle est louable, provoque l’un des
principaux défauts du film. Le réalisateur en effet ne sait pas trop quel
point de vue adopter. Doit-il se concentrer sur l’intime, sur l’apprentissage du
clone et la rédemption de l’agent ? Ou au contraire doit-il insister sur
la menace, l’action et la transformation du cobaye en futur Akira ? Le
réalisateur ne choisit pas et décide de tout faire de manière inégale.
En effet si les thématiques sont riches, aucune n’est traitée
complètement. Par exemple le passé de l’agent n’est que suggéré et on ne
comprend pas le sens de l’affaire qui l’a amené à démissionner. De même la
relation entre le clone et sa mère méritait d’être davantage abordée ainsi que
sa découverte du monde extérieur et de ses capacités. On passera sur l’intrigue
politique très confuse et à la limite parfois de l’incohérence. Tout laisse à
croire que beaucoup de scènes ont été coupées dans le but d’essayer d’aller
dans toutes les directions sans réussir réellement à aller au bout d’une seule.
Cette dispersion se retrouve donc dans la réalisation. Il y
a trois films qui tentent de se mélanger. Le film d’action est clairement le
plus faible des trois. Les scènes ne sont pas impressionnantes, souvent déjà
vues. Le réalisateur ne semble pas inspiré ce qui se traduit d’ailleurs par
nombre de facilités scénaristiques pour éviter que son héros ne soit tué. Le
second film, le film « super-héroïque » est correct. Il aurait pu, à
l’image du passage au bord de la mer, jouer davantage sur la carte de la
poésie. Mais là encore, tout est traité trop vite sans réelle explication sur
l’origine des pouvoirs. Le film vraiment réussi, c’est celui centré sur
l’intime, sur les questionnements de l’agent et du clone. C’est à ce moment que
le réalisateur est le plus à l’aise pour faire ressentir ce qui aurait dû être
le double cœur de son film : que faire de l’immortalité, comment traiter
un clone (comme un homme ou un objet ?)
Cette trop grande dispersion explique le jeu très inégal des
acteurs. Celui qui s’en sort le mieux c’est Park Bo-gum, très touchant dans la
peau de Seobok, conscient que le monde n’est pas prêt à l’accepter. Gong Yoo
dans le rôle de l’agent s’en sort bien dans les scènes tristes et intimistes
mais peine à donner du rythme au scène d’action malgré ses efforts. Quant aux
acteurs secondaires, leurs personnages sont trop survolés, trop peu développés
pour réussir à leur donner une quelconque épaisseur.
Seobok ne tient donc pas les promesses de son scénario. Son intrigue se disperse trop, son réalisateur ne sait pas quel point de vue adopter et surtout veut embrasser trop de thèmes différents. C’est dommage car il y avait matière à livrer une grande œuvre d’anticipation.
Commentaires
Enregistrer un commentaire