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Critique du réveil des Dieux de Fabrice colin : une œuvre captivante

 Du steampunkt à l’ère Meiji

Si vous avez aimé Steamboy, que vous appréciez les uchronies et l’univers de Kenshin le vagabond, le roman de Fabrice Colin le Réveil des dieux est fait pour vous. En 300 pages, le prolifique romancier français spécialiste en fantastique et science-fiction livre une histoire haletante, dépaysante, bien écrite mais un peu courte.



Rule Britannia

1888, 12 ans que le Japon a été envahi « pacifiquement » par les armées de la couronne britannique suite au terrible séisme qui l’a secoué. Devenu un protectorat, le pays a connu un développement industriel accéléré sous la houlette du Premier Consul anglais et de l’empereur Mutsuhito. Tokyo, vitrine du modernisme est le symbole de cette réussite. Pourtant l’archipel est secoué par des attentats menés par des sectes rejetant la mainmise des étrangers.

Au soirs du 23 mars 1888, un cataclysme s’abat sur Tokyo. 6000 personnes meurent alors qu’ils auraient pu être 10 millions. Ce miracle est dû à Errol Steel, jeune britannique, inscrit dans une prestigieuse école japonaise. Mais l’attaque de Ninjas et l’arrestation de son père déclenchent une série d’événements qui vont le conduire à sauver la ville. Voici son histoire.

Mélange des genres maîtrisé

Le Réveil des Dieux s’appuie sur une très belle idée d’écriture. Construire une uchronie steampunkt centré au japon. C’est une thématique très peu vue (entr’aperçu dans le formidable roman Empire of the corpses) et maîtrisée de bout en bout. D’une part le lecteur va découvrir toute une série de machines volantes, automates, mages dopés à une substance supranormal. Cet environnement nourrit une narration riche en actions, poursuites, combats de très haute volée dans la pure tradition steampunkt et pulp. L’ensemble trouve en plus sa cohérence dans une réécriture de la 2nde révolution industrielle centrée non sur le pétrole mais sur un minerai inconnu.

D’autre part Fabrice Colin projette le lecteur dans un Japon qui a conservé une partie de son identité. Ninjas, spiritualité, arts martiaux, sabres, lanternes sont présents à chaque page. Les rues de l’ancienne Edo, des anciennes échoppes de Kyoto servent d’écrin à son héros. L’autre possède d’ailleurs, un style virevoltant, souvent poétique, en parfaite adéquation avec son univers. Autre élément très intéressant, l’histoire réelle du Japon est utilisée pour renforcer l’immersion : la révolution Meiji, la guerre de Boshin, le séisme du Kanto.

Une bonne intrigue

Le Réveil des Dieux fait partie de ces romans qu’il est difficile de lâcher une fois commencé. La première raison réside dans les personnages, attachants, très bien construits, courageux. Ils peuvent échouer, mourir ce qui renforce encore l’adhésion du lecteur. Ils sont terriblement humains, touchants. La seconde raison tient dans la quête du héros. Il mène une course contre la montre pour sauver la ville tout en découvrant qui il est vraiment. Si le roman fait la part belle à l’action, il s’attarde aussi beaucoup sur une dimension spirituelle essentielle pour exploiter totalement l’ambiance. La dernière raison tient au pari audacieux du résumé du livre qui nous annonce que le héros ne va pas totalement réussir sa mission. Et c’est là tout l’intérêt de la fin du livre, comprendre pourquoi il y a eu des morts ?

Il reste un point qui empêche le roman d’atteindre l’excellence : sa longueur. Fabrice Colin a construit une uchronie fascinante dont on aimerait vraiment en lire plus. Beaucoup d’informations suggérées nous font saliver sur ce nouvel empire industriel britannique. De même pour sa partie japonaise, on adorerait en lire davantage sur la lente prise de contrôle de l’archipel par les Anglais et sur les premières aventures des compagnons de notre héros.

Mais ne boudons pas notre plaisir, Fabrice Colin livre avec Le Réveil des Dieux une très belle aventure palpitante, haute en couleur qui donne envie de se replonger dans les tumultes de l’ère Meiji.

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