Les Russes blancs sous la bannière du soleil levant
C'est une des nombreuses histoires étranges du second conflit mondial : l'engagement de soldats russes au sein de l'armée japonaise, alliée de l'Allemagne nazie alors en guerre contre l'U.R.S.S. Cette histoire nous invite à nous plonger dans cet extrême orient russo-nippo-chinois à la confluence des empires et à nous rappeler un événement encore mal étudié : la guerre civile russe.
L'influence russe au Nord de la Chine est ancienne. Elle n'a cessé de croître au fur et à mesure de l'agrandissement de l'empire russe en Sibérie et en direction du Pacifique. En 1858 par le traité d'Aigun, la province autour de Vladivostok est acquise, la future ville est fondée un an plus tard. Ces acquisitions s'accompagnent de la construction du chemin de fer et avec lui de l'arrivée de marins, pêcheurs, commerçants. L'influence russe s'étend en Mandchourie : la ville de Harbin est fondée en 1898. La Corée est également dans le viseur mais la défaite face au Japon en 1904-1905 stoppe cette expansion. Il reste néanmoins à Harbin une important communauté russe.
Le déclenchement de la guerre civile russe en 1917 agite à nouveau l'extrême Orient. Les armées blanches s'installent à Harbin dès décembre 1918 et s'allient avec les Japonais qui interviennent un temps dans le conflit civil. La défaite des Russe blancs entraînent leur émigration notamment en Mandchourie où ils fondent une communauté importante violemment anti-communiste. L'invasion des Japonais en 1931 en Mandchourie est bien accueillie par les russes qui la soutiennent par rejet du communisme. Ils voient dans cette conquête japonaise les prémisses d'une future reconquête de la Russie.
Très intelligemment les Japonais vont s'appuyer sur ces Russes blancs très implantés de part et d'autres de la frontière. Ils vont en recruter dans les agences de renseignement et laisser Konstantin Vladimirovitch Rodzaïevsky fonder à Harbin en 1931 un parti fasciste russe. La collaboration va s'approfondir à partir de 1937 et le déclenchement de l'invasion de la Chine. Manquant de troupes et très dépendants des transports par voies ferrés, les Japonais confient à des détachements russes la protection des voies ferrées et la traque des résistants communistes. Une unité a été particulièrement remarquée : le détachement Asano (commandé par le mahor Asano Makoto) fondé en 1938. Sa mission était différente de celle des autres unités russes : repérage, sabotage,collecte d'informations en zones sibériennes russes dans le but de préparer la future invasion japonaise. Mais par deux fois, au Lac Khassan en 1938 et à Khalkhin Gol en 1939, l'armée du Kwantung affronte les soviétiques et est sévèrement étrillée en 1939. Le détachement participe à la seconde bataille et est employé pour interroger les prisonniers confirmant la puissance des forces soviétiques en Sibérie.
L'abandon de l'invasion de l'U.R.S.S modifie le rôle des unités russes. Elles sont intégrées aux forces du mandchoukouo et combattent les forces communistes. Elles font faire partie des forces qui vont encaisser l'offensive soviétique d'août 1945. Elles vont se désagréger avec l'ensemble des troupes japonaises et ne pas échapper à la capture. Les chefs comme Vladimirovitch Rodzaïevsky, Grigori Msemenov sont exécutés, les soldats pour les plus chanceux écopent de 15 ans de prison dans les goulags.
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