Le "Schindler" japonais

Un Juste au pays du soleil levant

 Il se nomme Shinozaki Mamoru et s'il était encore en vie il aurait 105 ans. Méconnu en Europe, critiqué dans son propre pays, c'est un héros en Malaisie et à Singapour. Pourquoi ? pour avoir sauver des centaines de civils de la répression brutale de l'armée japonaise.

Ce diplomate a eu 2 vies . La première est celle d'un espion envoyé à Singapour encore colonie britannique opérant sous la couverture de secrétaire du consul. Arrêté  en 1940 il est emprisonné  et libéré par l'armée japonaise en 1942 après la chute de la ville. La seconde est celle d'un "Schindler" : il entre au Quarter Général de la défense au titre d'officier spécial en charge des affaires étrangères. A ce poste il multiplie les gestes de clémence à l'égard de la population civile: 

• distribution de vivres aux petites soeurs des pauvres
• organisation de l'Association des Chinois d'Outre Mer chargée des rapports entre la communauté chinoise et l'occupant : il obtient ainsi la libération de nombreux notables au main de la sinistre Kempetai
• organisation de communautés autonomes à Endau puis Bahau
• négociations discrètes avec la résistance pour protéger les communautés autonomes en leur donnant du riz
• son action la plus notable se situe au moment du massacre de Sook Ching  (plusieurs  milliers de victimes) organisé par l'armée japonaise après la conquête de Singapour et le Malaisie pour éliminer tous les individus suspectés d'être anti-japonais (une répétition du massacre de Nankin en quelque sorte). Il distribua en effet des centaines de cartes individuelles protégeant son porteur de toute persécution

Ses actions lui valurent l'ire des ultra militaristes : il dut temporairement quitter Singapour en juin 1942.  En 1945 il est arrêté par les Britanniques puis rapidement libérés. Il servira de traducteur et de témoins à charge lors des procès d'après guerre. 

Sa figure suscite toujours la controverse. Pendant la guerre et même après, la frange ultra-nationaliste l'accusa d'être pro-chinois. D'autres estiment que sa clémence était en fait une conquête déguisée des coeurs des populations occupées ; ce qui est vrai en partie. Mais la réalité est plus simple : comme son alter ego Schindler il est animé des sentiments d'entraide et d'humanisme et décide au mépris des dangers de ne pas céder à l'extrémisme du temps.