Publié par
herve
le
architecture
christian Volckman
Duval
Jour J
Néo Paris
Paris
Pecau
Remember Me
Renaissance
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
1806, Napoléon remplace la république batave par le royaume de Hollande confié à son frère Louis Bonaparte. Cette "annexion" offre à la France les ressources de l'empire colonial hollandais : des bases navales en Asie du Sud et le juteux commerce en Mer de Chine. Pour les Anglais, l'irruption des Français menace leur domination orientale et en 1806 ils lancent un raid dévastateur contre Batavia, l'actuelle Jakarta afin d'affaiblir la force navale hollandaise. Deux ans plus tard, le Phaeton, navire de la royal navy mène une opération spectaculaire dans le port de Nagasaki contre des navires hollandais.
Le Phaeton est une frégate lancée à Liverpool en 1782 et armée de 38 canons. Elle a servi pendant toutes les guerres napoléoniennes dans la Manche, en méditerranée, dans l'océan indien avant d'être démantelée en 1828. En 1808 c'est un tout jeune officier d'à peine 18 ans qui vient en prendre les commandes : Fleetwood Pellew. Son accession il la doit d'abord à son père Edward Pellew officier de marine pendant la guerre d'indépendance américaine puis amiral puis à son audace. En effet soucieux d'attirer l'attention de son père, il navigue sous ses ordres dès 1799 et reçoit ses louanges lors de la bataille de Batavia de 1806. Il n'en faut pas plus pour qu'il reçoive son premier commandement l'année suivante.
En 1808 donc le fougueux et ambitieux n'a qu'un an d'expérience et pourtant il va se lancer dans une expédition aux limites du droit au risque d'envenimer les relations entre les Britanniques et le Japon. En effet depuis le 17ème et l'édit de fermeture, les navires étrangers sont rejetés du Japon sauf les Hollandais qui ont le droit de commercer à Nagasaki. Le commandement Pellew veut donc mettre la main sur certains de ces navires bafouant la souveraineté japonaise. Hissant le drapeau hollandais au sommet de son navire, il se glisse le 4 octobre dans le port de Nagasaki sans éveiller les soupçons. Son opération profite en réalité d'un incroyable concours de circonstance.
En effet depuis 1807, Russes et Japonais s'observent comme chiens de faïence depuis que des navires du Tsar ont accosté sur le côte Nord-Est de l'empire et averti qu'ils revendiquaient une partie des territoires au Nord de l'archipel. Si les navires russes n'ont pas reparu, la guerre menée par les Anglais contre les possessions hollandaises a considérablement gêné le commerce. Mais ceci le Japon l'ignore et met sur le dos des Russes cette brutale interruption des échanges.
Alors quand arrive ce navire battant pavillon hollandais, les autorités reprennent espoir. A son arrivée dans la baie de Dejima, une délégation hollandaises menée par Dirk Gozeman et Gerrit Schimmel escortée de japonais se rend à bord du navire et est aussitôt capturée. Seuls les Japonais ont réussi à fuir. Pellew exige d'être ravitaillé en eau et nourriture en échange de la libération des otages. En réalité il attend la venue des navires de commerce hollandais. Pour le clan Saga chargé de contrôler le port de Nagasaki le coup est rude d'autant que le port est mal armée, quelques vieux canons incapables de rivaliser avec ceux des britanniques. De même la garnison, une centaine d'hommes est 10 fois moins nombreuse que ce qu'elle devrait être. Il faut se résoudre à jouer sur les deux tableaux : mobiliser les forces de la région et entamer des négociations avec les Britanniques. 40 navires, 8 000 hommes doivent venir renforcer la garnison. Mais le piège ne va pas fonctionner comme prévu. En effet le capitaine Pellew a appris de ses prisonniers que les navires tant attendu ne viendraient pas cette année. Il libère donc Dirk Gozeman avec ordre de lui ramener des provisions avant la nuit sinon il enverrait par le fond tous les navires japonais présents dans le port. Le coup de bluff fonctionne à merveille. Les Britanniques sont ravitaillés et libèrent comme convenu les derniers otages avant de filer et d'échapper à la nasse.
Pour Pellew, l'opération n'a pas eu les résultats escomptés mais il est confirmé dans son rang. Son audace au mépris des règles plaît à l'amirauté. A Nagasaki, l'humiliation pousse au suicide le gouverneur la ville, Matsudaira Matsuhide. A Tokyo, le shogun prend la mesure de la faiblesse de ses défenses côtières et décide de les renforcer tout en promulguant une nouvelle loi punissant de mort le débarquement d'étrangers sur l'île. Des mesures tardives et peu efficaces qui ne pourront rien 45 ans plus tard face aux canons du commodore Perry.
Commentaires
Enregistrer un commentaire