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Le raid sur Batavia 1806

 Les guerres napoléoniennes  en Asie, épisode 1

1806, l’empereur Napoléon met fin à la république batave remplacée par le royaume de Hollande confié à son frère Louis. Par cette décision, la France met indirectement la main sur l’empire colonial hollandais notamment les Indes néerlandaises, l’actuelle Indonésie. Cette décision inquiète la Royal Navy qui est depuis 1803 et la fin de la paix d’Amiens en guerre avec la France et ses alliés dont la Hollande. Les tensions s’accélèrent au cours de l’année 1806 pour aboutir à une attaque audacieuse de la flotte britannique : une attaque préventive sans réelle déclaration de guerre comme celle qu'elle mena en 1801 contre la flotte danoise.


Batavia : comptoir néerlandais

Batavia a été fondée en 1619 par Jan Pieterszoon Coen sur le ruines du port de Javakarta conquis sur les peuples autochtones. A peine installés, les Hollandais subissent les assauts du prince javanais Rangsang plus connu sous le nom de Sultan Agung. En 1628 il assiège Batavia mais est vaincu. Il reprend l’offensive l’année suivante mais les canons de la flotte hollandaise détruisent ses navires. Batavia est sauvée mais reste un comptoir isolé et fortement métissé : les Hollandais sont une minorité face aux populations locales et chinoises.

Pourtant le comptoir profitant des successions violentes au sein des royaumes voisins, noue des liens avec ses anciens adversaires. Plus aucun n’entreprend de s’attaquer à la place qui devient la principale base commerciale de la compagnie des Indes orientales néerlandaises. Tout au long du XVIIIè siècle, les Hollandais étendent leur influence sur la future Indonésie: Java, Sumatra, Bornéo sont difficilement soumises. Les Hollandais s’appuient sur les potentats locaux pour stabiliser leur possession. Avec la base de Malacca, les Hollandais s’installent durablement le long de la route qui mène au lucratif marché chinois.

Les Britanniques en embuscade


Cette présence néerlandaise a très tôt suscité la méfiance des britanniques. Quatre guerres entre 1652 et 1784 opposèrent les Provinces Unies à la monarchie anglaise pour des questions commerciales. La dernière renforça la présence des Britanniques en Inde. Mais avec les troubles révolutionnaires les inquiétudes des Anglais notamment la sécurité de  leur flotte venant ou en direction de Chine s’accroît. Au centre de leur préoccupation l’escadre hollandaise de Java dont Batavia est le principal mouillage.

L’année 1806 devient le paroxysme des frictions. Le 26 juillet 1806 une escadre britannique provenant de Madras composée d’une frégate et d’un brick-sloop attaque 2 navires marchands hollandais escortés d’une frégate et d’une corvette. La frégate hollandaise et les 2 navires marchands sont capturés. Le 18 octobre un deuxième affrontement oppose une frégate anglaise et hollandaise avec le même résultat. Ces engagements victorieux convainquent les britanniques que l’escadre néerlandaise est affaiblie et qu’un coup décisif peut l’éliminer de l’équation.

Batavia, Pearl Harbor manqué


L’amiral Pellew prend en novembre la décision d’attaquer les navires néerlandais en rade à Batavia avec 4 navires de ligne, 2 frégates et un brick. Une puissance à laquelle les néerlandais ne peuvent opposer que quelques frégates et qui doit lui permettre de toutes les envoyer par le fond.

Le 27 novembre la flotte arrive sans encombre au large de Batavia. Un temps confondu avec des navires français, elle est rapidement identifiée comme hostile. Les Hollandais mesurent que sa puissance de feu est telle qu’ils n’ont pas la moindre chance. En effet contrairement aux espoirs britanniques, il n’y a à Batavia qu’une frégate néerlandaise, le Phoenix et 6 petits navires de guerre. Plutôt que de risquer la destruction, les capitaines hollandais conduisent leur navire à terre et les échouent. Seul le Phoenix reste à flot pour couvrir l’opération. L’amiral Pellew décide de prendre tous les risques pour ne pas laisser aux Hollandais la possibilité de renflouer les vaisseaux. Ils lancent ses navires au plus près de la côte tandis que ses hommes prennent d’assaut le Phoenix abandonné. Malgré le feu des batteries hollandaises, les britanniques incendièrent 20 navires marchands ainsi que la frégate Phoenix avant de partir.

En tout 28 navires furent détruits, 3 capturés par les britanniques pour un coût dérisoire : 1 soldat britannique tué. Si les plus gros navires de guerre néerlandais ont échappé au carnage, l’opération reste un succès. Désormais les britanniques sont maîtres des eaux indonésiennes et vont traquer les navires survivants. Un an plus tard, ils vont sceller le sort de la menace navale hollandaise.

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