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Sorti en 2019, le dernier film de Hideyuki Hirayama adapte le roman de Hosei Hahakigi paru en 1997. Dans le cadre d’un hôpital psychiatrique se noue une intrigue où présent, passé se croisent sur fond de plongée dans les noirs secrets de famille, de blessure inavouables et de réflexion sur le destin et la rédemption. Un film dur qui pourtant évite la noirceur pour nous offrir un vent d’espoir et d’optimisme.
L’histoire se concentre sur trois patients d’un institut psychiatrique. Hide est un ex-condamné à mort qui
a survécu à la pendaison. Devant l’incongruité d’une situation imprévue, les
autorités l’ont relégué dans ce pavillon pour fous. Chu est sujet à de
violentes crises de paniques et d’hallucinations et a été placé par ses
proches. Yuki est la dernière arrivée dans l’institution, silencieuse, suicidaire, elle est porteuse d’un lourd
secret. Ignorant tout, des uns des autres, ils se lient d’amitié. Hide l’ancien
qui passe son temps à faire de la poterie, a pris sous son aile Chu qu’il aide à maîtriser ses crises de panique ; et surtout Yuki dont il parvient à contrôler les
pulsions suicidaires. Mais quand celle-ci est agressée par un patient, Hide décide
de mener sa propre justice.
Depuis vol au-dessus d’un nid de coucou, l’armée des 12 singes ou shutter
island, la psychiatrie a offert de grands moments de cinéma. Closed ward s’inscrit dans cette tendance en s’appuyant d’abord
sur la prestation des acteurs. Le
réalisateur a su composer une galerie de personnages suscitant à la fois le
rire et les larmes. D’un côté les seconds rôles incarnent une galaxie d’authentiques
fous hauts en couleurs : le photographe compulsif, l’adepte du sémaphore, la star de cinéma, le
sensible aux ondes. Ces compositions apportent une teinte légère à une histoire pesante. De l’autre côté, face à ces authentiques
désaxés, les trois personnages principaux sont plus complexes : fragiles mentalement
ils demeurent lucides sur leur condition et leur environnement. Ils sont ceux qui
organisent cette communauté et la maintiennent en contact avec le réel. Les
trois têtes d’affiche dont la sublime Nana Komatsu portent le film alternant le
drame, la poésie (la confection de poteries), l’espoir et la lourdeur de leur
passé. Patients volontaires parce que le monde normal les rejette ou les effraie,
ils sont en transit.
Ces personnages sont l’élément permettant au film de proposer
une immersion dans le quotidien de cet
institut. La distribution de médicament, les soins, les sorties, les peines,
les crises, les joies forment un quotidien que le film nous décrit avec
précision. Sans tomber dans le documentaire, le réalisateur choisit de s’intéresser
à cette vie qui émerge de cet univers « anormal ». Comment un ordre naît
du désordre mental ? C’est une des leçons du film à travers quelques
scènes clés : la distribution des cadeaux, les cours de poterie, le
karaoké. Cet univers est en
reconstruction, en équilibre précaire qu’une crise ou un patient violent et
visiblement non adapté au lieu peuvent déstabiliser. C’est un monde de l’instant
où les certitudes d’hier peuvent être balayées le lendemain. Un monde de
plaisirs simples mais aussi de la brutalité primaire.
La force du film c’est aussi son
propos. Sans révélations fracassantes à part sur le passé des trois
protagonistes, il nous livre un questionnement fort. Le premier concerne la
famille. Abandonnés par leur proche, ces patients forment une nouvelle famille,
étrange, et pourtant forte. Des liens se nouent plus solides que ceux de la
réalité. Le film interroge aussi sur la pertinence de ces placements. Il nous
parle enfin de rédemption : de ses crimes, de ses démons, de ses
traumatismes. Ainsi le sacrifice de Hide, la sortie de Chun, le témoignage de Yuki
symbolisent leur libération. Ce discours
permet au film, dramatique de s’achever sur une note plus lumineuse renforcée
par une très belle scène finale.
Sans égaler les grands films du genre cités précédemment, Closed Ward propose une histoire attachante et riche portée par d’excellents acteurs et par un récit lourd de sens.
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