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Mah-Jong, Rami : Métissage culturel et jeux

Mah-Jong, Rami : des jeux jumeaux ?

Le premier est un jeu de tuile (ou de dominos) apparu en Chine au milieu du XIXème et pratiqué dans toute l’Asie, le second est un jeu de cartes très prisée en Occident et dans le monde et dont l’origine remonterait à la dynastie chinoise des Song au Xème siècle. Matériel différent, nom différent, tout oppose ces deux jeux populaires. Mais qui a déjà joué aux deux est frappé par les ressemblances. Au de-là d’un éventuel hasard ne trouverait-on pas à travers ces jeux un nouveau signe des échanges nombreux et divers entre Orient et Occident ?



Un peu d’histoire


Honneur au jeu le plus ancien, le rami. Si les débats sur son origine ne sont pas encore clos, une hypothèse sérieuse fait remonter son origine en Chine, la Chine des Song pour certains voire la Chine du 5ème siècle. Il est fait mention en effet d’un jeu de cartes de Kanhu aux règles proches de celles du rami. Ce jeu s’est répandu dans les territoires proches (Philippines notamment). Son arrivée en Occident se serait fait selon deux canaux. soit un ancien consul britannique en Chine l’aurait introduit en Europe. Plus sûrement ce serait les Espagnols, occupant les Philippines depuis le 16ème siècle qui auraient ramené ce jeu, renommé le conquian au Mexique au XIX ème siècle d’où il se répand aux E.U.A puis en Occident.

Le Mah-jong a une origine plus récente. Ce jeu de cartes monétaires puis de tuiles aurait été créé dans le Sud de la Chine vers 1860 et serait le descendants d’anciens jeux jeux de cartes/jeux de dominos. La composition des familles de tuiles a évoluée de même que le matériel : tuiles mais aussi cartes (moins coûteuses). L’occupation d’une partie de la Chine par les Occidentaux et le Japon assure la renommée du jeu qui se répand très vite. Jeu d’argent en Asie, il devient un jeu de loisir en Occident. La diaspora chinoise accélère encore sa diffusion. Dans le même temps les règles se modernisent, se simplifient et se diversifient amenant à l’existence de nombreuses variantes (sur le nom des mains par exemple, le comptage des points).


Des principes similaires

Ces deux jeux partagent des règles et un esprit étonnamment similaires. D’abord le but d’une partie est de réaliser avec 14 cartes/tuiles des combinaisons de trois ou quatre cartes. Le but est de garder secrète sa main le plus longtemps possible et d’observer le jeu de l’adversaire. Ensuite le déroulement d’une partie est identique au début puisque dans les deux jeux le donneur commence avec 14 tuiles ou cartes et les autres joueurs commencent avec 13.

De plus des deux jeux intègrent des conditions pour pouvoir déposer sa combinaison et clore une partie : au rami dévoiler au moins une suite et que sa combinaison contienne au moins 51 points (valeur nominative de chaque carte) ; au Mah-jong exposer une paire dans sa combinaison. Le comptage des points dépend en outre de la valeur des cartes ou de la nature de ces combinaisons (brelan de dragons, de vents au Mah-jong). Les points marqués augmentent ou diminuent en fonction.

Enfin dans les deux jeux les joueurs peuvent compléter leur combinaison soit en piochant des cartes/tuiles dans le paquet ou le mur (au Mah-jong) soit en récupérant une carte/tuile jeté par le joueur.


Un esprit similaire

Les deux jeux font appel à des qualités identiques : la chance, l’observation, le calcul des cartes/tuiles. Ce sont des jeux « chacun pour soi » mais par le principe d’exposition de ses combinaisons les joueurs peuvent calculer leur chance de réussir leur combinaison. Au Mah jong par exemple, la main la plus faible le « ka » est utile pour empêcher un joueur de réussir une grosse main (des brelans de dragons ou vent) et ainsi prendre une avance considérable. Au rami vous pouvez bloquer un joueur en gardant en main des petits brelans.

De la même façon ce sont des jeux assez rapides. Il ne faut pas manquer son tour pour saisir une carte. C’est encore plus vrai au Mahjong où la prise d’une tuile défaussée dépend de votre position dans la partie (êtes vous le donneur), de votre position par rapport au joueur qui se défausse et votre utilisation de la tuile défaussée (si c’est pour un brelan vous êtes prioritaire par rapport à un joueur qui veut faire une suite).



Des différences dans le déroulement de la partie

La première différence concerne la variété de combinaison liée au matériel. Au rami vous composez avec les 4 familles de cartes plus les jokers ; au Mahjong vous jouez avec 3 familles de tuiles numérales (cercle, bambou, caractère), avec les 4 vents, les 3 dragons, les 4 saisons et les 4 fleurs.

Au mah-jong aux combinaisons standards ont été rajoutées les mains spéciales telles les 13 lanternes : 1 exemplaire de chaque 1, de chaque neuf, de chaque vent, de chaque dragon et une paire composé d’un autre 1 ou d’un autre neuf ou d’un autre dragon ou d’un autre vent.

Autre différence, le nombre de cartes/tuiles similaires :
  • Au rami vous avez 2 fois 54 cartes c’est à dire qu’à part les jokers au nombre de 4, toutes les autres cartes sont doublées (2 as de pique, deux 8 de carreaux).   
  • au Mah-jong, c’est plus complexe. Les tuiles numérales sont numérotées de 1 à 9 (1 de cercle, 2 de cercles…) et chacune de ces tuiles est présente 4 fois dans le jeu. Les dragons sont de trois types (rouge, vert et blanc) et chaque exemplaire est présent 4 fois dans le jeu ; les vents sont au nombre de quatre (Sud, Ouest, Nord et Est) et présent en quatre exemplaire chacun ; les saisons sont 4 et en un exemplaire ; les fleurs sont 4 en 1 exemplaire. Ce qui implique de bien calculer les probabilités que la tuile manquant puisse apparaître
     
  • Enfin le comptage des points. Au rami le but est d’avoir le moins de point possible. Quand un joueur fait rami la manche s’arrête. Il marque zéro point. Pour les autres joueurs on compte la valeur des points des cartes restant en main. Au mah-jong celui qui réussit à poser ses 14 tuiles marquent un nombre de points correspondant à la qualité de sa main et ses adversaires se voient attribuer des points négatifs.
Par delà ces différences, ces jeux deux populaires demeurent très similaires et permettent aux joueur de l’un de passer à l’autre sans de réelles difficultés. Ces points communs confirment l’hypothèse d’une origine commune : le Kanhu ou l’un des nombreux jeux de cartes de la Chine ancienne.

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