A redécouvrir

Operation Red Sea

Les rois du désert

Plus gros succès de l'année 2018 pour une production chinoise, deuxième plus gros succès de tous les temps pour un film chinois, opération red sea est une fausse suite à Opération Mékong, belle surprise de l'année 2016. A la baguette toujours Dante Lam, au casting des visages nouveaux à  l'exception de Zhang Hanyu héros du 1er film qui incarne cette fois-ci un autre personnage. L'histoire s'inspire très librement de l'évacuation des ressortissants chinois et étrangers par la marine chinoise au cours de la guerre civile du Yémen pour livrer un spectacle haut en couleurs mais plombé de quelques défauts.


Le film nous fait suivre une unité de forces spéciales navales  chinoises oeuvrant au large des côtes somaliennes. Après une intervention pour libérer un navire attaqué par des pirates, les navires chinois sont dirigés à vers le Yéwaire (Le Yémen) pour participer à l'évacuation de civils. La situation dans le pays est catastrophique. Les forces gouvernementales affrontent une rébellion lourdement armée dans les rues de la capitale. Au centre du pays  un groupe terroriste islamiste (Zaka) profite du chaos pour tenter de s'emparer de stocks de yellowcake, de l'uranium, dans le but de fabriquer des bombes sales. Leur opération est découverte par une journaliste chinoise qui est capturée. Les forces spéciales chinoises doivent dès lors se démultiplier : évacuer les civils de la capitale, sauver la journaliste et empêcher le transfert de l'uranium.

Commençons par les défauts du film. Le premier est un problème récurrent : les trucages numériques surtout en début de film. Même si les progrès en la matière sont considérables, l'écart est encore palpable avec les productions américaines. Autre défaut, l'invention de noms : Yéwaire, Zaka alors que l'on reconnaît facilement le Yémen et Daech. Comme si les producteurs voulaient se censurer. C'est très étrange car ils n'ont pas eu autant de scrupules sur l'épisode précédent Opération Mékong. Enfin le scénario va trop vite et élude des éléments qui auraient enrichi l'intrigue, notamment les liens entre rebelles et terroristes, le mystérieux donneur des ordres des terroristes. 

Mais pour Dante Lam l'essentiel n'est pas là. Il fallait en mettre plein la vue et faire un film somme. Difficile de faire la fine bouche tant le réalisateur a synthétisé 20 ans de film d'action made in USA. Dès le début la libération du navire s'inspire clairement de captain America the Winter Soldier. Ensuite il va totalement se lâcher. Son film de guerre c'est la Chute du faucon Noir, Fury, Rambo III, Point Break, American Sniper réunis. En effet le film ne s'arrête pratiquement jamais. Il oscille entre des scènes de combats de rue dantesques, très lisibles, superbement mises en scène. Un incroyable combat entre des chars dans une tempête de sable !!! Des affrontements entre snipers qui manquent parfois de lisibilité. Une attaque d'un camp terroriste : une poignée d'hommes contre 150 pour s'achever par une opération aérienne en combinaison ailée. Tout cela peut sembler décousue mais le film tient son pari narratif grâce à l'astuce des différents groupes d'otages.

Le film nous emmène dans une course contre la montre non stop pendant deux heures avec des enjeux moraux, du courage, des morts, des cas de conscience... Une des qualités du film ce sont les décors en prise de vue réelle dans les merveilleux paysages marocains. C'est beau, réaliste, lumineux, oppressant lors de la tempête de sable. Les acteurs se démènent comme de beaux diables et il est évident que le tournage a été oppressant. Ce qui est regrettable c'est que le film se contente de les faire jouer des soldats au sens du devoir inébranlable, sans peur. Dommage que le film ne parvienne pas à nous donner comme dans Opération Mékong plus de drame, de sentiment. On ne s'attache pas assez à ces héros à une exception près, celle du jeune sniper ennemi. Une idée qui aurait mérité une réflexion approfondie. Mais à nouveau le réalisateur veut en mettre plein la vue et distiller un propos patriotique qui serait  passé sans le générique finale, véritable clip pour la marine chinoise !!! 

Opération Red Sea malgré ses défauts est un film de guerre efficace qui ravira les amateurs du genre. Moins maîtrisé que le premier volet, il traduit néanmoins les progrès fulgurants du cinéma chinois.


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