Il aura fallu attendre 16 ans pour voir sur les écrans la sortie de la suite de Tigre et Dragon de Ang Lee. En 2000 le wu xia pian d'Ang Lee bouleverse la planète cinéma. Sorte de réponse à Matrix, il montre aux cinéphiles néophytes la richesse du genre film de cape et d'épée made in Hong Kong. Poétique, aérienne, philosophique, l'oeuvre ouvre la voie à une série de films chinois ambitieux (Hero, le secret des poignards volants) qui vont diffuser à un large public un cinéma encore largement confidentiel. C'est donc à un monument que le chorégraphe/réalisateur Yuen Woo Ping (ayant officié sur le film de 2000) propose d'offrir une suite.
L'histoire nous plonge dans une Chine divisée par les luttes entre les écoles d'arts martiaux. Le chef de l'école du Lotus de l'Ouest cherche à s'emparer de l'épée destinée, l'épée légendaire du premier film, sensée rendre son possesseur invincible. L'armée est gardée dans le palais du Seigneur Tié. Afin de la protéger, Yu Shu Lien(Michelle Yeoh reprenant son rôle) décide de réunir des guerriers redoutables dont Loup Silencieux un ancien amour. A ses côtés le jeune Wei Fang et La jeune Vase de neige vont à leur tour s'engager dans la lutte pour des raisons personnelles.
Cette suite de Tigre et Dragon essaie de reproduire la formule qui avait rendu le premier opus magique. Niveau acteur, Donnie Yen vient apporter son charisme dans la peau de l'énigmatique loup silencieux. Michelle Yeoh est encore très bonne. Quant aux autres acteurs il tente de donner corps à des histoires personnelles assez confuses et peu étoffés loin de ce que l'on avait proposé à Zhang Ziyi dans le premier film. Derrière la caméra Yuen Woo Ping remplit le cahier des charges : combats aériens, duel épique dans une auberge, lutte pour le code, antagoniste très marqué. Seule la musique si présente dans le film de 2000 est ici anecdotique.
Pourtant si les ingrédients sont présents, la sauce laisse un goût fade. En effet le film souffre d'abord d'une impression de répétition de gamme : il y a de beaux combats mais aucun d'emblématiques. Les chorégraphies sont soignées mais en rien révolutionnaires. A côté de ce qu'offre Tsui Hark dans Docteur Dee, le film semble mou, presque datée. On est même déçus de voir Donnie Yen aussi peu exploitées de même que ces compagnons. Autre souci, l'intrigue échoue à donner du crédit aux histoires personnelles à part celles liant Michelle Yeah et Donnie Yen. Des guerriers qui les rejoignent, rien n'est dit de leur passé ce qui désamorce toute empathie. De plus le scénario se veut à certains moments très complexes pour déboucher sur des résolutions simplistes. Et en ce qui concerne l'esprit wu xia pian, les grands moments de réflexion, les duels quasi spirituels, c'est malheureusement assez plat. Ce que souligne la Bande son originale totalement oubliable.
Au final si vous ne passerez pas un mauvais moment devant cette suite, néanmoins elle sera vite oubliée. Un exemple de suite qui ne s'imposait pas.
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