A redécouvrir

Nicky Larson, private eyes

Nostalgie et modernité

20 ans que Nicky Larson n'était plus revenu au cinéma. Nicky Larson, City Hunter dans son titre original a bercé les fans du club dorothée. Série au ton sombre au début, adapté d'un manga culte, elle a vite évolué pour devenir une comédie policière d'action teintée de blagues sexy et de second degré à tout va (style qui inspira plus tard G.T.O) édulcorant une partie des blagues sexuelles pour passer sous les fourches caudines de la censure pour le plus grand bonheur des spectateurs. C'est pourquoi l'année 2019 a suscité de grandes attentes quand ont débarqué deux adaptations l'une en film live par les français (une belle surprise) et l'autre en anime. 


Niveau scénario, nous sommes dans du pur City Hunter. Après avoir déjoué une attaque terroriste, Nicky larson et Laura sont engagés par la jeune Iris Woods, une jeune femme étudiante et mannequin à ses heures. Elle se sent en effet épiée et menacée depuis que son père est décédé dans un tragique accident de voiture. Une mission classique pour les deux membres de l'agence XYZ qui va les mettre aux prises avec un dangereux trafic d'armes menaçant le quartier de Shinjuku. Mais comme rien n'est simple Laura retrouve en plus un ami d'enfance, Christopher King, milliardaire à la tête d'un empire technologique et très attiré par elle. Entre mannequin, gangster et sentiment, Nicky va avoir fort à faire.

La première qualité du film c'est d'avoir trouvé l'équilibre entre respect de l'oeuvre originale et modernisation du matériau. L'intrigue c'est du Nicky Larson dans le texte. On comprend assez vite qui est l'ennemi, ses enjeux et Nicky va déployer ses talents pour protéger une jeune et jolie mannequin. Ceci sert est prétexte à d'excellentes scènes d'action notamment un final jouissif face à ses drones/mécas où notre détective se déchaîne sans se départir de sa  cool attitude. Ce scénario linéaire permet d'introduire tout l'univers autour de Nicky : Laura dont on reparlera, Mammouth toujours drôle et décalé, l'inspectrice qui manipule Nicky et un trio de guest stars hommage original quoique maladroit à l'oeuvre de Tsukasa Hojo le créateur du manga. Derrière ses références, le film modernise subtilement son univers. La place accordée aux  nouvelles technologies pointent du doigt  la menace qu'elles font planer sur notre sécurité. A ce titre on aime beaucoup la construction du film entre le groupe de terroristes "vintage" du début et la nouvelle menace. Bien vu aussi est la nouvelle manière de contacter Nicky Larson. 

La seconde qualité de l'oeuvre réside dans son humour. Pas de doute l'univers de Nicky Larson n'a pas pris une ride et a n'a pas été sacrifié sur l'autel du politiquement correct. Nicky reste un gentil obsédé à travers lequel se lit une merveilleuse satyre sur les tabous, sur l'utilisation de l'image de la femme, sur le machisme. De même il multiplie les gaffes, les maladresses volontaires et involontaires. Il élève la goujaterie au niveau de l'art. Mais tout ceci reste de la caricature.  Le film montre en effet  à quel point la série était en avance sur son temps car l'image des hommes en prend pour son grade. Que les femmes sont belles, intelligentes et plus fortes face à des hommes si facilement manipulables. De plus le duo avec Laura fonctionne toujours aussi bien et nous fait toujours aussi rire (la massue !!) tout en enrichissant leur relation ambigüe (la petite phrase finale, splendide). Mention spéciale pour Mammouth dont les apparitions restent toujours aussi comiques : sa relation avec son robot !! 

Le film aurait pu être un sans fautes sans deux petits défauts. Le premier tient dans l'introduction d'un trio. L'idée est intéressante d'offrir un "univers étendu" malheureusement cela ralentit le rythme d'autant que plus que ce trio est sous-utilisé.  Le second défaut concerne l'animation. En effet dans la seconde moitié du film, certains visages notamment ceux du trio sont étrangement dessinés notamment lorsque l'on passe d'une vue de face à une vue de 3/4. Ce qui est bizarre c'est que cela arrive qu'à certains moments. Sans gâcher le film, cela laisse un arrière goût d'inachevé. 

Reste que ce Nicky Larson Private eyes mérite assurément le coup d'oeil. Hommage intelligent, modernisation d'une oeuvre indémodable, le film est remarquable cocktail de nostalgie et d'évolution. Les fans du détective se souviendront longtemps de cette année 2019 où ils ont pu bénéficier de deux adaptations de grande ualité. Dernier conseil, ne pas manquer le générique final et la scène post-générique. 




Commentaires