Pour son troisième film, Kim Sung-Hoon a choisi l'audace. Mixer le film historique, le film de sabre et le film d'horreur à base de zombies. L'ensemble est enrichi par un discours sur la politique, l'histoire de la Corée et son rapport avec ses puissants voisins. Un projet complexe qui a aboutit à une jolie surprise.
Le royaume de Joseon est en pleine tourmente. Le vieux roi est en effet sous l'influence de ses ministres. Ses fils s'opposent à sa politique notamment la soumission au puissant empire Qing de Chine. Le prince héritier entre en rébellion en tentant de se fournir en armes à feu achetées à des marins occidentaux. Son entreprise échoue et il est condamné à mort. Mais son entreprise a ramené dans le pays un étrange mal qui transforme les humains en zombies. Un mal insidieux se répand contre lequel devra lutter le jeune prince Ganglim, frère du rebelle de retour de 10 ans de captivité en Chine. Mais pris entre les luttes de pouvoirs et la peste zombie, ses alliés se font rares.
Rampant ce sont deux films en un qui réussissent à exister à se compléter. D'un côte un film historique assez complexe fait d'intrigues de cour, de trahison, de vengeance. L'histoire est riche en personnages secondaires dont le rôle est essentiel à l'intrigue. Il faut bien rester attentif car les intrigues se mélangent, les flashbacks nombreux. Heureusement la reconstitution est minutieuse, le réalisateur a fait d'excellents choix esthétiques : beaucoup de décors réels, de magnifiques costumes, des intérieurs riches, des scènes de cour denses et un recours limité aux effets numériques. Ainsi l'intrigue politique fonctionne bien dans la première partie du film portée par un très bon Jang Dong-Gun, en véritable Macbeth, perdu par l'ivresse du pouvoir. Toute la séquence finale est riche de sens sur la folie du pouvoir qui rappelle Curse of the golden flower de Zhang Yimou. Entre les lignes on lit aussi les rapports compliqués entre la Corée et son encombrant voisin chinois, à la fois protecteur et suzerain, facteur de stabilité et de confusion. D'ailleurs le film insiste beaucoup sur la figure du vieux roi incapable de se soustraire aux influences internes et externes pour se soucier des demandes de son peuple. Des thématiques finalement très contemporaines.
Le personnage du ministre félon permet au seconde film de se greffer au premier. Un film de capes et d'épées où des chevaliers décapitent les zombies par paquet de 10. Le spectacle est de qualité. A nouveau la technique est au rendez-vous : beauté du cadre, montages énergiques, chorégraphie ambitieuse. Aucune fausse note pour mettre en scène cette lutte entre une poignée de chevaliers et des hordes de zombies affamés au croisement des modèles étatsuniens, japonais et chinois. En effet le film emprunte à tout ce qui se fait de mieux dans le genre. Des plans aériens typiques des films de Hollywood pour illustrer l'importance de la menace, la masse des morts en mouvement. Des combats au sabre aériens porté par d'excellent acteurs. Le public n'est pas déçu en matière d'action. Il est dommage que le réalisateur ne se lâche pas totalement style Tsui Hark pour transcender son sujet.
Après Train to Busan,Rampant renouvelle à nouveau le genre du film de zombies. Sans atteindre la maestria de Train to Busan, Rampant est un divertissement de qualité à qui manque une étincelle de folie.
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