Un Stalingrad évité de justesse pendant la guerre de Corée
Mac Arthur l’avait promis. Les
boys seront à la maison pour célébrer les fêtes de noël 1950. Son optimisme n’a
fait que croître depuis le débarquement d’Incheon. En effet les troupes
nord-coréennes entrées en guerre le 25 juin 1950 ont déferlé sur le Sud jusqu’à
l’ultime poche de résistance de Pusan occupée par les forces de l’O.N.U et les
reliquats de l’armée sud-coréenne. Bloquées, étirées le long de la péninsule coréenne,
les forces communistes sont prises à revers le 15 septembre par le débarquement
surprise d’Incheon à l’Ouest de Séoul. Le retraite se transforme en débâcle. Le
38ème parallèle, la frontière entre les deux Corée, est franchi le 1er
octobre 1950, Pyongyang prise le 19 octobre. Les forces onusiennes et
sud-coréennes marchent vers le fleuve Yalu, la frontière qui sépare la Corée du
Nord et la Chine pour détruire les dernières forces communistes. Mac Arthur ne
doute plus de la victoire finale d’autant plus que le 26 octobre le 7ème
régiment d’infanterie de la 6ème
division de l’armée sud-coréenne a trempé ses drapeaux dans les eaux du fleuve
Yalu.
Signes avant-coureur
Pourtant de l’autre côté de la frontière, la Chine de Mao a décidé de voler au secours de la Corée du Nord. En effet assurée de recevoir de Staline une aide militaire (des Mig 15 et des pilotes soviétiques qui couvrent la Mandchourie et le Nord de la Corée) et convaincue qu’elle ne peut laisser les infrastructures hydroélectriques de la Corée du Nord - stratégique pour la région de Mandchourie – aux mains des Occidentaux, elle engage au moins 300 000 hommes dans l’opération.
Le 25 octobre le 15ème régiment
sud-coréen capture un prisonnier chinois. De nombreux civils coréens rapportent
la présence de soldats chinois dans les montagnes. Les informations ne sont pas
pris au sérieux par les étatsuniens. Le 27 octobre le 7ème régiment
de la 6ème division d’infanterie su-coréenne, celui-là même qui
avait trempé ses drapeaux tombe dans une embuscade et perd les 2/3 de son
effectif. A partir du 31 octobre c’est toute l’aile gauche des forces de
l’O.N.U (le VIIIème corps) installée à
l’Ouest de la Corée qui subit les premiers assauts. A Unsan le 15ème
régiment sud-coréen est détruit, la 1ère division de cavalerie de l’armée
américaine subit des pertes importantes : le 3ème bataillon du
8ème régiment est quasiment annihilé. En urgence les unités arrivées
à 30 km du fleuve Yalu reculent. Mais Mac Arthur et ses services minimisent les
combats car les attaques chinoises ont cessé aussi vite qu’elles se ont été déclenchées. Ce qu’il ignore c’est qu’il n’a assisté qu’à la répétition.
Collision
Le 24 novembre après 3 semaines
de regroupement, les troupes onusiennes reprennent leur marche pour chasser les
50 000 soldats coréens et chinois, estimation des services de
renseignement. Ce qu’ils ignorent c’est que les Chinois ont aussi décidé de se
lancer dans une offensive très bien préparée. En effet les affrontements leur
ont permis de bien analyser le dispositif de l’O.N.U. Celui-ci ressemble à 5
doigts dirigés vers le Nord :
- à l’extrême l’Ouest contre la Mer Jaune la VIIIème armée
américaine
- à l’Ouest le IIème corps sud-coréen
- au centre le IXème corps d’armée américain
- à l’Est le Ier corps d’armée américain
- le long de la côte Est le Ier corps sud-coréen
En réponse les Chinois ont massé 180 000 hommes contre les
forces à l’Ouest, 120 000 à l’Est. 6 fois plus que les estimations des
services de renseignement américain. 300 000 hommes qui vont frapper moins
de 200 000 soldats de l’O.N.U en comptant les unités de service.
Le plan de Mao
et de ses généraux est de couper le doigt le plus faible pour faire s’effondrer
le système de défense de l’O.N.U. Leur cible, ce sont les forces sud-coréennes à
l’Ouest qui protègent le flanc de la VIIIè armée et du IXème corps et de rééditer
la même opération à l’Est. Ils
espèrent déborder les forces américaines, les couper de leur voie de retraite
et les acculer à la reddition. Des manœuvres qui tiennent compte du relief
montagneux qui entrave les communications entre les forces ennemies, du froid
extrême (moins 20 degrés), de la mobilité des forces chinoises très peu
mécanisées, du haut degré de motivation de ces soldats chinois et de la
faiblesse des forces sud-coréennes.
Les Chinois vont tendre une gigantesque embuscade à leur ennemi. Les deux
premiers jours de l’offensive de l’O.N.U se passent sans problème. Mais le 25 à
minuit les forces chinoises attaquent. Comme les soviétiques à Stalingrad, les
Chinois visent les soldats sud-coréens, sous-équipés, très exposés et à la
motivation défaillante. A Tokchon, sur la rivière Chongchon, ils vont frapper
fort des unités qui ont la lourde tâche de protéger les flancs des forces
américaines. Les unité sud-coréennes
encaissent leur choc et sont désintégrées. Le flanc droit du IXème corps est
totalement exposée, le VIIIème corps menacé d’encerclement. Le désastre est
imminent et les officiers américains sont paralysés ne réalisant pas la gravité de
leur situation. Le général Keiser commandant la 2ème division demeure
pétrifié. Or c’est elle qui est visée par les Chinois. Heureusement la
résistance des forces turques à Kuni-ri maintient ouverte la route du repli.
Les forces onusiennes et sud-coréennes reçoivent enfin le 28 novembre l’ordre de
gagner Sunchon puis Pyongyang.
Mais les
Chinois ont monté une nouvelle embuscade le long de la route menant à Sunchon.
Occupant les hauteurs ils déversent balles et explosifs sur la colonne en
retraite. La deuxième division d’infanterie américaine subit des pertes
importants (5 000 hommes, 64 pièces d’artilleries, 95 % de ses engins de
dégagement. Seule l’action de l’aviation et le sacrifice de soldats empêchent sa
destruction totale.
Mais le répit
est de courte durée et la ligne de Pyongyang est évacuée le 4 décembre. Une nouvelle de défense est placée au Nord de Séoul qui sera évacuée en janvier
1951.
L’encerclement
géant prévu par les Chinois a été évité mais les pertes ont été lourdes :
plusieurs milliers de soldats de l’O.N.U et sud-coréens ont été faits
prisonniers. Des tonnes de matériels ont été abandonnées. Les pertes chinoises
sont aussi très lourdes mais elles ont atteint leur objectif : elles ont
sauvé le régime communistes de Corée du Nord.
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