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La bataille du réservoir de Chosin

Chosin : dunkerque en Corée

Depuis le 25 novembre 1950, les troupes chinoises interviennent dans la guerre de Corée. Malgré les avertissement et les signes avant-coureurs, le général MacArthur, commandant en chef des forces de l’.ON.U n’a pas pris la menace au sérieux. Ainsi à l’Ouest de la Corée, en deux semaines, ses forces ont subi une lourde défaite échappant de peu à une embuscade géante. Dans le même temps, l’Est du dispositif américain va à son tour encaisser de plein fouet l’offensive chinoise.


En route vers le Yalu

Le Xème corps américain adossé à la Mer du Japon occupe une position compliquée. La chaîne montagne qui coupe la Corée du Nord le long d’un axe Nord-Sud l’isole du reste des forces onusiennes. A sa tête de ces forces, le général Almond est pourtant confiant. La résistance nord-coréenne est dérisoire, le port de Wonsan a été conquis facilement. L’enjeu est d’arriver le plus vite sur le fleuve Yalu et pour ce faire il a divisé ses forces : la 1 ère division de marine se dirige vers le réservoir de Chosin, la 7ème division gagne par mer le port d’Iwon avec pour objectif Hyesan sur le fleuve Yalu, les divisions coréennes doivent longer la côte pour atteindre le Yalu.

Or l’annonce des attaques chinoises à l’Ouest n’a aucunement dissuadé le général d’Almond de revoir ses plans. Le 25 il ordonne à ses forces stationnées autour du réservoir de reprendre leur marche vers le Nord. Le 27 à 21 heures les forces chinoises passent à l’attaque. La 20ème armée chinoise forte de 4 divisions frappent les 5ème et 7 ème régiments de Marines à l’Ouest du réservoir. A l’Est et au Nord du réservoir, deux divisions chinoises de la 27 ème armée  s’en prennent à la 7ème division américaine. En infériorité numérique, les forces américaines sont confrontées à un risque de destruction du fait leur isolement. Le plan des chinois est simple et brillant : couper leur axe de retraite vers la côte et le port de Hungnam. Les éléments avancés de 7ème division sont sévèrement accrochés et leur progression bloquée. La moitié des soldats est mis hors de combat et le reste bat en retraite. Au Nord le long de la côte, les forces sud-coréenne échappent à la nasse et évacuent par mer. En revanche pour la 1ère division de marine l’affaire tourne mal. Il faut se dégager du lac-réservoir en se frayant un passage armes à la main.  Dans son malheur elle a la chance de compter un officier de valeur, le général Oliver Prince-Smith, vétéran du Pacifique et de la terrible bataille de Peleliu. Energique, prudent il organise le repli de ses hommes. Le 3 et 4 décembre il regroupe ses forces au Sud du réservoir à Hagaru-ri où 4 500 blessés sont évacués par avion. Un premier exploit alors que les températures sont glaciales. Mais le pire les attend.


The Hell fire valley

Les Chinois ont décidé de monter une gigantesque embuscade le long des 50 kilomètres de routes qui sépare Hagaru-ri du port de Hungnam. Depuis les crêtes, ils attendent les colonnes en repli. A parti du 7 décembre  s’ouvre 10 jours de combat terribles. Il faut ouvrir des passages, stabiliser les routes pour les blindés. Une anabase qui rappelle celle des forces françaises lors de la désastreuse bataille de la R.C.4.  Les combats du réservoirs causent la mort de 705 soldats américains, 3251 sont blessés et 4779 disparus (morts ou prisonniers).


L’arrivée à Hungnam ne signifie pas la fin du calvaire car ce sont 120 000 hommes (moins les morts) que les Chinois ont lancé contre les forces onusiennes. Mais au large stationne la flotte américaine : l’artillerie navale, l’aviation des porte-avions frappe toute concentration de forces communistes. Au sol l’artillerie peut enfin être précise. Une puissance de feu qui dissuade les Chinois fortement éprouvés de lancer une offensive promise à l’échec. Les E.U.A peuvent donc organiser l’évacuation de la base à l’aide de 193 navires : 103 000 soldats, 98 000 civils nord-coréens, 17 500 véhicules et 350 000 tonnes sont sauvés et rapatriés vers le Sud. Parmi les civils, se trouve la famille du futur président sud-coréen Moon-Jae-in, né deux ans plus tard avec ce sauvetage sur l’île de Geoje au Sud.
            


    Comme les Britanniques et les Français à Dunkerque en 1940, les Américains subirent une sévère défaite tactique qui ne se transforma pas en défaite stratégique grâce à une évacuation exemplaire. Cette retraite modifia néanmoins le cours de la guerre de Corée qui se transforma en un long combat d’usure.

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