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les moines italiens et le Tibet : le lama blanc

Franscesco dela Penna : le lama blanc

Les contacts entre l'Italie et le Tibet se sont étoffés au XVIIème siècle. Après l'installation du mission jésuite, ce sont des capucins qui vont approfondir la connaissance de la région passée sous contrôle chinois. Pourtant derrière l'incroyable aventure scientifique, se cache la concurrence entre les ordres religieux catholiques. 

cloches de Pennabilli

En 1716, Lhassa, 3 frères de l'ordre des capucins arrivent à Lhassa. Ils sont porteurs d'une lettre, adressée à Ippolito Désidéri, jésuite qui depuis plusieurs années mène avec succès une mission au Tibet.  Dans ce courrier le Pape octroie le privilège d'évangéliser le Tibet aux Capucins.  Le Jésuite se soumet et quitte en 1721 le Tibet. Francesco dela Penna s'installe à Lhassa et va approfondir l'étude la culture tibétaine.

Avant de voir son oeuvre, il faut revenir sur le contexte expliquant ce remplacement. Les capucins dérivent de l'ordre des franciscains. Fondés par Matthieu Basci, un fraciscain souhaitant réformer son ordre, les frères capucins sont reconnus en 1528 par le pape Clément VII et obtiennent le droit de mission en 1574. Très axés sur la morale et la mission, ils cherchent à promouvoir la religion catholique dans le contexte de lutte entre Réforme et contre Réforme. C'est très naturellement  qu'ils mènent des missions en terres non chrétiennes. 

Or La papauté organise très scrupuleusement l'évangélisation du Nouveau Monde et de l'Ancien Monde. Depuis 1622, une administration spéciale est en charge de ces question : la Sacra Congregation de Propganda de fide ou congrégation pour l'évangélisation des peuples. Ses attributions sont vastes car elle s'occupe de la diffusion du message chrétien, de l'organisation des églises catholiques en terres récemment christianisées et de l'arbitrage entre les différentes mission chrétiennes. En effet les ordres religieux (jésuites, dominicains, franciscains, capucins) font preuve d'un grand zèle missionnaire au 16ème et 17 ème siècle. Si tous dépendent du Pape, les Jésuites se sentent investis d'une place à part puisque à la différence des autres ordres ils se sont rajouté un quatrième voeu (en plus de la pauvreté, chasteté, obéissance , l'obéissance spéciale au Pape en ce qui concerne les missions.  Or entre la compagnie de Jésus et les ordres de moine d'importants points de divergences apparaissent concernant l'évangélisation. La compagnie de jésus en effet défend le principe d'accomodation, c'est à dire adapter le christianisme au contexte local en intégrant des coutumes, des notions dans le but de fusionner les cultures locales avec les concepts chrétiens notamment celui de Dieu unique. A l'inverse les autre religieux défendent une transmission unique du christianisme sans se soucier des rites indigènes. Cette opposition débutée en 1634 conduit le Pape Clément XI en 1704 à arbitrer "la querelles des rites " et à prendre le parti de la vision orthodoxe. Les rites chinois à savoir utiliser des concepts bouddhiques pour traduire Dieu sont interdits et de manière générale l'acceptation de rites indigènes est proscrit au nom de la lutte contre le paganisme. C'est ce contexte qui explique l'arrivée de Capucins à la place du Jésuite.

Reprenant l'oeuvre de son prédécesseur, dela Penna part étudier au monastère de la Séra et s'attelle à rédiger un dictionnaire italien-tibétain riche de 33 000 mots. Avec cette base il peut traduire en tibétain d'importants texte chrétiens Doctrine chrétienne de Bellarmin tout en traduisant en italien les traités du bouddhisme tibétain notamment ceux définissant la question de la réincarnation. Sa maîtrise de la langue locale lui vaut d'être surnommé le lama blanc. Cependant sa prédication refusant de s'accorder avec les pratiques locales va provoquer l'échec de sa mission. En effet ayant comme son prédécesseur obtenu le droit de prédication il va convertir une vingtaine de Tibétains. Mais ces cinq de ces nouveaux chrétiens rejettent alors les anciennes traditions. Tenzin un des serviteurs des capucins refusent de se protester devant le dalaï lama tandis que d'autres refusent  d'être bénis par le dalaï lama et de participer aux prière lamaïques obligatoires. Des attitudes que le pouvoir en place ne peut tolérer : les cinq tibétains sont jugés et condamnés à la flagellation. Pour le capucin c'est un échec et il quitte en 1745 en Tibet. 

L'avenir de l'Eglise catholique de Lhasse est scellé. Signe du destin, la chapelle est victime d'une inondation signe pour les Tibétains que les Dieux désapprouvent l'attitude des chrétiens. L'histoire de dela Penna illustre les visions opposées des missionnaires chrétiens. 

De cette histoire, il reste deux  témoignages  en Italie à Pennabili, village natale de Dela Penna au Nord de la péninsule : 
  • une plaque commémorative
  • une cloche accompagnée de trois moulins à prières symbolisant celle de l'ancienne église de Lhassa


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