En 1993 sortent coup sur coup sur
les écrans de Hong Kong les volets 3 et 4 de la série à succès Il était une fois en Chine. Mais entre
ces épisodes, deux événements ont chamboulé la production : Tsui Harks’est brouillé avec son acteur star Jet Li et
Tsui Hark a abandonné la réalisation. C’est le chorégraphe du troisième
volet et de deux des volets de la série Histoire
de fantômes chinois, Yuen Bun qui rempalce Tsui Hark le flambeau et c’est le jeune
acteur Chiu Man Cheuk qui doit succéder à Jet Li. Un double défi, renforcé par
le temps très court consacré à l’écriture/réalisateur, qui nous amène à être
indulgent devant le produit fini.
L’histoire est un mélange entre
le 2ème et le 3ème film. Toujours à Pékin chez son père, Wong Fei
Hong assiste aux tempêtes politiques engendrées par l’interventionnisme
toujours plus marqué par les Européens. Chaque jour les puissances étrangères
empiètent sur le territoire chinois et multiplient les provocations. Afin d’asseoir
définitivement leur emprise, l’ambassadeur allemand convainc les alliés de
mettre les Chinois à l’épreuve lors d’un tournoi de danse/arts martiaux. Les
Chinois et leur figure de dragon géant doivent se mesurer aux créatures
occidentales, les uns puisant sur leurs arts martiaux, les autres sur les
ressources de leur industrie. Si les officiels Chinois décident de relever le
défi, une partie du peuple préfère suivre les préceptes d’une secte féminine,
la lanterne rouge qui propose d’attaquer les étrangers dans les rues de la
capitale en attaquant hôpitaux, églises et même les Chinois jugés trop
occidentalisés. A nouveau le docteur Wong et ses disciples vont devoir prendre
parti.
Commençons par les qualités du film. D’abord l’acteur
principal joue très bien et reprend le rôle avec conviction. Très à l’aise dans les scènes
comiques, il excelle dans les nombreuses scènes de combat, que ce soit à main
nue ou avec des armes. Très charismatique, il tire le film vers le haut par ses
nombreux moments épiques que ce soit lors du combat avec la corde ou avec le parapluie. Le
film aussi offre aussi quelques très bons moments originaux qui culminent
lorsque Wong pénètre dans le temple de la lanterne rouge et doit relever trois
épreuves : celle des dominos est magnifique. Autre élément très
intéressant, les disciples sont très présents à la fois dans le ressort comique
(scènes de travestissement...) porté par
le toujours génial Leung Fumais et aussi dans l’action avec la place centrale
de pied bot qui devient le bras droit du maître. Leung Fu et Pied Bot forment
désormais un excellent duo. Dernier élément satisfaisant, Yuen Bun connaît bien
le style Tsui Hark pour avoir été son chorégraphe à de nombreuses reprises. Son
film reprend donc certains traits de son style : combat aérien, aucune
limite dans l’inventivité, une iconisation remarquable de Wong Feihong.
Malheureusement le film souffre de défauts. D’abord le
scénario est d’une part très peu original (un mélange des opus 2 et 3) et
ensuite confus. En effet la force des premiers films consistait à dessiner une
trame politique à l’intérieur du film de Kung Fu et de parler des évolutions de
la Chine des traités inégaux. Il était facile de comprendre les événements
historiques derrière la fiction. Dans celui tout est confus : les boxers,
le siège de Pékin, les légations étrangères sont évoquées sans de réelles cohérences.
De même l’introduction de personnages incarnant des Chinois (ou des minorités)
rebelles à l’empire est très maladroite. La scène du tournoi se veut ambitieuse
mais souffre du décalage entre la vétusté des dragons et la robustesse des
créatures européennes. La réalisation aussi malgré toute sa bonne volonté ne
fait que tenter de copier le style Tsui Hark sans l’égaler. Le tournoi est
parfois assez confus, le combat final contre l’ambassadeur et les deux traîtres
est difficilement lisible. Il est aussi difficile de comprendre la chronologie
des faits (après midi, soir…). Plus embêtante est la quasi disparition des
personnages féminins : Tante Yee est partie et c’est Tante May qui a un
tout petit rôle.
Ce quatrième opus ne parvient pas à dépasser les handicaps
nés de sa gestation chaotique. Pas assez écrit, tourné rapidement, obligé de
faire « à la manière de », il apparaît comme bancal même si Yuen Bun
parvient à livrer un divertissement correct qui reste très en deçà des films
précédents.
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