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Il était une fois en Chine 3, le tournoi du lion

La passe de trois


Un an après le succès du second volet, Tsui Hark  sort le troisième épisode des aventures de Wong Fei-hong, le tournoi du lion opus qui va clore le premier cycle de la saga tant d'un point de vue stylistique que narratif. En effet après le Tournoi du lion, Jet Li brouillé avec le réalisateur abandonnera le rôle et Tsui Hark se retirera temporairement de derrière la caméra. Des départs qui vont avec le recul donner encore plus de lustre à ce film différent des autres et magnifique.

L'action se place à Pékin. Wong Fei Hong décide d'annoncer à son père ses futures fiançailles avec Tante Yee. Mais la capitale bruit d'agitation et d'excitation. L'impératrice douairière vient d'annoncer en effet la nouvelle édition du tournoi du lion, compétition prestigieuse où doivent s'affronter les meilleures écoles d'arts martiaux de la ville dont celle du père de Wong. Mais la compétition avive les appétits notamment ceux de l'école de Chiun Tin Bak vainqueur des précédentes confrontations. Après avoir attaqué l'école du père de Wong Fei Hong, l'orgueilleux rival multiple les provocations assisté de son bras droit le redouté pied du diable. Wong Fei Hong se retrouve mêlé à une compétition à  laquelle il ne veut pas participer alors que dans le même temps son annonce de mariage passe difficilement et que l'officier russe Tumanovsky ancien camarade et amoureux de Tante Yee réapparaît dans la ville. Entre lutte intestine, tensions avec les nations occidentales, Maître Wong doit à nouveau préserver la voie de la justice.

Ce troisième volet se révèle à la fois être une conclusion parfaite à ce premier cycle, une apothéose du style de son réalisateur et une surprise. En terme d'histoire en effet, le film achève de brosser le tableau martial et intime de maître Wong. Sûr de sa puissance, respectueux des codes, le personnage de Wong Fei, Hong profite  de l'interprétation de Jet Li pour démontrer la force du Kung Fu, montrer les dangers des arts martiaux tout en questionnant la pertinence de ces compétitions entre écoles au moment où le destin de la Chine. Le discours politique approfondit encore la critique de Tsui Hark sur le peuple chinois symbolisé par le redoutable Chiu Tin Bak et sur les rivalités entre occidentaux. Le film réussit surtout à dresser le portrait intime de deux personnages centraux aux histoires parallèles, celui de Wong Fei Hong partagé entre ses sentiments, son devoir filial et les traditions ; celui de pied du diable, combattant handicapé respecté pour sa force mais tiraillé entre l'image qu'il s'est construite et les missions qu'il mène. Leurs itinéraires les amènent à se confronter et à achever la constitution de l'équipe de Wong Fei Hong avec l'incorporation de pied du diable comme nouveau disciple.

Visuellement le film est une merveille. la reconstitution du Pékin de la fin XIXè siècle fonctionne très bien sans effet numérique. Il y a une orgie de couleurs, de sons, de costumes décuplée au moment des duels entre les écoles et l'affrontement de dizaine de lions dansants. Tsui Hark ne se donne aucune limite bien aidé par Jet Li au firmament. Il plane, arrête des chevaux en pleine course, affronte les écoles adverses. Les scènes de combat sont d'une créativité qui égale celle des précédents opus. Sans jamais négliger la dimension comique entre Wong et Tante Yee, entre Wong et Leon Fu (toujours formidable) ou entre Wong et son père (la révélation de l'identité de la mariée...).

Le film offre enfin une sacrée surprise dans sa construction. En effet les opus précédents reposaient sur le face à face entre Wong et un redoutable ennemi (Donnie Yen dans le deuxième film). Ici Chiu Tin Bak n'est pas un grand maître mais un redoutable manipulateur lançant des dizaines de combattants contre Wong Fei Hong. Ainsi le film surprend par la dimension des combats, épiques avec des centaines d'artistes martiaux manipulant de longues figurines de dragons, flexibles à la taille et aux couleurs chatoyantes. Il en résulte des scènes à la chorégraphie assez unique qui culmine lors de l'immense scène de combat final incroyablement dense et créative. Le tout renforcé par une superbe musique qui vous laisse pantois à la fin du tournoi. 

Tsui Hark réussit à clore ce premier cycle parfaitement signant un film dense, rythmé créatif construit autour du folklore de la danse du lion. Le tournoi du Lion postule au titre d'un des plus grands films d'arts martiaux de tous les temps, d'un des meilleurs de la saga, avec le second.


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