Les héros ne connaissent pas de repos. Après avoir résolu l'énigme du dragon des mers, le juge Dee est à nouveau convoqué à la cour. La dynastie Tang est encore menacée par une vague de crimes perpétrés par des guerriers masqués. L'impératrice Wu elle-même est la cible de leurs attaques. Tandis que Dee se lance sur les traces de cette menace, l'impératrice convoque à la cour un groupe de magiciens puissants : leur mission, décrédibiliser Dee et lui reprendre l'épée Dragon Docile. Le Juge Dee et ses amis se retrouvent à nouveau pris dans un engrenage mortel où les haines personnelles menacent de faire sombrer l'empire.
Cette fois-ci le troisième opus est une vraie suite, celle du deux et de la remise de l'épée dragon docile (forgée dans une roche de météorite et capable de trouver le point faible de toute arme) par l'empereur au juge. Un cadeau empoisonné car l'ombrageuse impératrice veut à tout prix recouvré la précieuse arme et soumettre le trop indépendant juge. C'est le premier axe du film, très réussi jouant à merveille sur l'opposition entre ces deux caractères forts (merveilleuse impératrice) et permettant aux personnages secondaires d'évoluer : l'ancien rival de Dee dans le deuxième opus devient son allié faisant passer sa jalousie après l'intérêt supérieur de l'empire ; la mystérieuse voleuse qui entre aussi dans l'équipe.
Le second axe tourne autour de l'illusion. Les ennemis de Dee sont un groupe/sectes de magiciens experts dans la manipulation des esprits aux moyens d'artifices. Derrière cet affrontement qui explose dans un bataille finale où un singe géant affronte des monstres géants, Tsui Hark parle de la manipulation de masses, des fake news, de la censure... Le tout enrobé dans une dose de mysticisme nécessaire pour échapper à la censure. L'illusion aussi concerne les figures de pouvoirs, l'impératrice aveuglée par sa quête de pouvoir au point de devenir elle-même la cible des hallucinations. L'illusion aussi tourne autour du passé de la dynastie Tang, des compromission, des trahisons qui rejaillissent.
Le troisième axe emprunte la voie de la magie, de la culte confucianiste, de la mystique taoïste. Le film réussit en effet un grand écart permanent entre la dimension réeelle politique et le fantastique. Comment faire tenir à l'écran un singe géant et les intrigues de cour ? Tsui Hark reprend la recette qui lui a si bien réussi dans la série histoire de fantômes Chinois : mettre de côté le rationnel, assumer le mélange des genres et installer un univers propre à la culture chinoise en profitant du cadre policier pour raccrocher le public (occidental notamment). Et cela fonctionne, totalement décomplexé, le film s'appuie sur l'onirisme, sur l'imaginaire propre aux cinémas chinois et asiatiques pour mener à bien son projet.
Car à côté d'un scénario à tiroir, peut être moins politique que celui du second film et du premier, Tsui Hark veut surtout en mettre plein les yeux. En convoquant à la fois les effets numériques et de superbes décors, il nous emmène dans une Chine totalement idéalisée aux couleurs chatoyantes, aux statues géantes, à la richesse débordante. Tout déborde de démesure : les costumes, les villes, les armes. Et cela n'est que l'écrin pour nous livrer une véritable orgie martiale faite de combats aériens, virevoltants, défiant les lois de la gravité, d'armes toujours plus dingues, de légions de créatures magiques. Le tout filmé comme un ballet, un hommage au cinéma chinois classique et de nombreux clins d'oeil aux grosses productions occidentales. Ajouter une dose de magie, de taoïsme, de spiritualité, des acteurs dirigés à la perfection toujours à la limite du sur-jeu, et vous obtenez un film total à la fois dans son parti pris scénaristique et sa mise en scène.
Detective Dee 3 est un excellent film de divertissement qui repousse les limites visuelles. Réalisé par un des plus grands réalisateurs, il lui manque une petite dose de discours engagé pour égaler le premier opus.
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