Surprise de l'année 2015, la comédie Détective Chinatown (voir la critique ici) a eu le droit à une suite sortie en 2018 en Asie. On prend les mêmes et on recommence. Devant la caméra de Chen Sicheng, notre duo improbable d'enquêteurs (un détective de génie et un ancien policier, arnaqueur à ses heures et adepte de mysticisme) s'embarque à New York pour une enquête totalement loufoque. Sortie pour les fêtes du nouvel an, la comédie a explosé le box office chinois. Un succès commercial attendu mais quid de la qualité intrinsèque du film ?
Dans Détective Chinatown 2, le film ne perd pas de temps en exposition. Qin Feng le talentueux détective est invité par son partenaire et oncle Tang Reng pour assister à un mariage. Mais une nouvelle fois l'oncle a menti et a appelé son neveu à la rescousse. En effet le petit-fils du parrain de la mafia de Chinatown a été assassiné et son grand père a recruté les meilleurs détectives privés de la planète pour retrouver son meurtrier. Ils ont une semaine pour résoudre l'enquête et toucher les 5 millions de dollars de récompense. Mais rien n'est simple pour notre duo et outre la concurrence des autres enquêteurs, de la police locale, ils découvrent que ce meurtre n'est pas isolé mais relié à une série d'assassinats morbide. A chaque crime l'auteur prélève un organe de la victime et semble obéir à un rituel issu des anciens rites chinois. Notre duo va devoir exploiter les ressources de la logiques et du feng shui pour stopper cette série de crimes
Difficile de bouder son plaisir devant cette comédie déjantée. Le réalisateur a choisi d'aller encore plus loin dans la folie furieuse. Le film brille d'abord par la galerie d'enquêteurs totalement loufoque : un sherlock holmes enfant, un super détective japonais digne de L de death note, une grand mère black adepte du kung fu...sans oublier le duo principal mélange de super esprit et de magouilleur adepte du mensonge et maître en feng shui. Ensuite le film est l'incarnation de l'humour à la chinoise totalement assumé et décomplexé. Pour certains cela peut être lourd mais que c'est bon de voir autant de politiquement correct. On aura pêle-mêle le cour de chinois à une bande d'afro-américains sur-armés, l'infiltration dans l'hôpital de nos héros travestis en infirmières version film pour adultes, le look de l'oncle en stars du rap chaîne et dents en or, perruques afro et chemise improbable, le gang de motard au tendance gay, la scène de la rose, l'ancien maître de kung fu bigleux...Pas un temps mort pendant tout le film, l'ensemble culminant avec l'évasion du commissariat et la course poursuite totalement débile dans Times Square en carrosse, puis motos. Sans oublier les gags sur les policiers américains (les donuts) ou le look du commissaire grimé en Donald Trump (mythique !!).
Plaisir renforcé par l'incroyable énergie déployée par les acteurs. Wang Baoqing est encore une fois survolté, hurlant, gesticulant, grimaçant toujours à la limite du sur-jeu mais tellement bon. Son alchimie avec Liu Haoran fonctionne à merveille, toujours sobre, réfléchi. A eux deux ils portent le film bien secondés par la galerie de second rôle, Chen Ying en officier de policier original, Satoshi Tsumabuki le détective japonais orgueilleux habilement introduit en vue d'une prochaine suite, le bras droit du parrain, l'improbable commissaire... Une vraie complicité, un plaisir de jouer transparaît renforcé par les excellente scènes post-génériques. Et même le(s) coupable(s) des crimes jouent bien dans un registre plus dramatique. Et la réalisation est dans la continuité du premier. Ca va vite, c'est coloré. Le montage est hyper-dynamique. Les cascadeur se démènent tandis que la mise en scène rend le travail très lisible et offre des moment forts notamment à Times Square où tout a été filmé en pleine journée. Il reste qu'il manque un petit quelque chose qui faisait le sel du premier opus : l'ambiance assez lourde de Bangkok. Ici tout est trop coloré.
Et c'est peut être là que que réside la faiblesse du film. Car si l'intrigue est traitée comme une immense comédie, le fond de l'histoire raconte la traque d'un meurtrier sanglant. Le tueur agit en suivant un code issu de la religion, du mysticisme chinois. L'intrigue ressemble à Seven. Et s'il est malheureusement aisé de deviner l'identité du criminel, ses motivations sont intéressantes comme l'est la révélation finale qui donne à l'histoire une autre ampleur. Il est dommage que le film n'est pas réussi à mieux équilibrer sa part dramatique et soit parvenu à davantage ménager le suspense quant au tueur.
En définitive Détective Chinatown 2 est un bon film qui manque cependant d'atteindre l'excellence. En voulant aller plus loin dans la folie que le premier, le film sous-exploite sa partie thriller (malgré un rebondissement final réussi) et ne réussit pas à trouver un équilibre entre Seven et Mister Boo.
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