Les coopérations sous-marines germano-japonaises pendant la seconde guerre mondiale
Si Le Japon, l'Italie et l'Allemagne furent alliés pendant la seconde guerre mondiale, ces trois puissance eurent beaucoup de mal à définir une stratégie commune. Entre l'aventure italienne en Grèce qui retarda l'opération Barbarossa, le pacte de non agression nippo-soviétique, les exemples ne manquent pas justifiant l'image d'une alliance à trois solistes. La distance en le Japon et l'Allemagne explique grandement la difficulté de se coordonner ainsi que les dangers inhérents à toute prise de contact. Pourtant à partir de 1942 date de l'entrée en guerre de l'Allemagne , des sous-marins japonais et allemands vont mener un important trafic entre les deux puissances.
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L'amiral Dönitz accueillant l'équipage de l'I 30 en 1942 |
Le choix de cette voie sous-marine est une innovation propre au Japon qui dès 1937 a mis en chantier plusieurs types de sous-marins spécifiques au transfert de marchandises : les sous marins de type 37 atteignant les 100 mètres de longs, lents mais à la forte capacité de stockage, de vrais sous-marins cargos chargés du transport de matériaux. Avec l'entrée en guerre du Japon, les échanges "planétaires" vont être mis en place. C'est un voyage périlleux de 30 000 kilomètres aller-retour à travers des océans (l'Océan Indien, l'Atlantique et une partie du Pacifique) sillonnés par les flottes alliées qui en outre possèdent de solides bases terrestres (Madagascar, Afrique du Sud..). Avec les progrès dans la radio-détection et les sonars, les sous-marins à moteur diesel-électriques doivent être le plus silencieux possible , voyager en plongée la journée et recharger les batteries de nuit avant l'invention tardive du schnorchel. 18 huit heures sous la mer dans les odeurs de diesel et les effluves humaines avec des denrées alimentaires fragiles, des conditions sanitaires dures en espérant que le cassage des codes secrets navals ne permettent aux alliés de localiser les précieux navires. Or seul 1 sous-marin réussit à revenir sans encombre de son périple. Alors avec le temps pour minimiser les risques, les deux puissances vont tente de sécuriser les parcours en choisissant de faire se rencontrer à mi-chemin leurs sous-marins, ce fut le cas en avril 1943 lorsque l'I 29 rencontre l'U 180 et échangeront par bâteaux gonflables leur butin (quinine, munition, leurres pour radar contre le nationaliste indien Chandra Bose ; un autre échange important se déroula le 12 février 1944 à l'occasion duquel les Japonais reçurent un nouveau modèle de radar.
On compte 5 missions menées depuis le Japon vers l'Europe
- le première celle de l'I 30 accosté à Lorient en juin 1942 qui disparut en heurtant une mine en août 1942 près de Singapour
- L'I 8 arriva à Brest en août 1942 et qui regagna le Japon
- le I 34 qui fut coulé sur le trajet aller en novembre 1943 dans le détroit de Malacca
- le I 29 arrivé le 11 mars 1944 et qui sombra au retour en Mer des Philippines
- le I 52 coulé par des avions au large de l'Afrique le 25 juillet 1944 en chemin vers Lorient
- il faut ajouter le cas du U 1224, un sous-marin allemand rebaptisé par les Japonais
Les missions allemandes sont plus nombreuses. On connaît les cas des U-511 et des U-1224 qui atteignirent l'archipel et furent intégrés à la marine japonaise. Il faut citer les missions suivantes qui tentèrent d'apporter au Japon ds ressources dont il manquait lourdement :
- L'U 859 en avril 1944 chargé de mercure
- l'U 1059 transportant des torpilles et coulé le 19 mars 1944
- l'U 851 chargé de torpilles et de 500 batteries de sous-marin, disparus en mars 1944
- celui de l'U-864 le 9 décembre 1943 qui devait livrer au Japon des réacteurs de Messerschmitt 262, des scientifiques et du mercure mais qui s'échoua suite à une erreur de navigation près des côtes norvégiennes et fut coulé par un sous-marin britannique
- l'U 234 qui transportait un Me 262 démonté, un Me 163, des experts de la marine et de la radio-détection et de l'oxyde d'uranium. Parti de Kiel le 25 mars 1945, il apprit la capitulation de l'Allemagne par radio le 10 mai et choisit de se rendre aux Alliés au Canada
Il faut aussi évoquer le cas du groupe Monzon, une force de sous-marins (41 navires déployés en plusieurs vagues ) allemands (avec quelques unités italiennes) collaborant avec les forces japonais dans l'Océan Indien pour interrompre le trafic allié. Six de ces navires intégrèrent la marine japonaise après la capitulation allemande.
Des missions ambitieuse au coût humain et matériel lourd pour un bilan somme toute modeste. En effet ces missions transportèrent d'abord des hommes : le nationaliste indien Chandra Bose, des scientifiques et des officiers qui contribuèrent au petit décollage du programme atomique japonais et au développement trop tardif du radar. Ensuite les sous-marins contribuèrent à des échanges de technologies. Le I 8, le I 10 et le I 29 vont ainsi livrer à Lorient deux modèles de torpille 95 à oxygène, un système de tir automatique, une torpille 89, deux torpilles type 2, deux tonnes d'or et surtout les plans d'un mini sous-marin et du du porte-avions Akagi qui devait inspirer le Graf Zeppelin. La Japonais acquirent des radars, des détecteurs de radars, les plans des avions à réaction Me 262 et 263, les plans des V1, des canons anti-aériens et de l'oxyde d'uranium. De maigres apports (pour la recherche de l'atome, les Japonais n'étaient qu'au début de la phase d'enrichissement et ne pouvait envisager la possessions d'une arme avant le milieu des année 1950) face aux pertes subies et surtout aux problèmes cruciaux de l'Allemagne et du Japon : la raréfaction de leurs ressources.
Il y a une petite erreur : en plus des 500 batteries de sous-marin, l'U-851 transportait du mercure, pas des torpilles.
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