A redécouvrir

1 litre of tears

L'art du mélodrame
Aya Kito fut lycéenne au Japon pendant les années 80. Atteinte d'une maladie rare et incurable du système nerveux, elle rédigea un journal intime qui fut publié après sa mort et vendu à 18 millions d'exemplaires. Son histoire touchante, forte et exemplaire a marqué toute la jeunesse japonaise. C'est pourquoi en 2004 le cinéma s'attelle à l'adaptation de cette histoire vraie.




L'histoire d'Aya Kito bascule à 15 ans quand après une chute sa mère décide de la faire examiner par un médecin. Intrigué par les circonstances de l'accident ce dernier commande des examens approfondis qui décèlent l'origine du mal : un ataxie spinocérébelleuse, une maladie génétique neurodégénérative et évolutive. Pour la jeune Aya, bonne élève, pleine de vie, sportive, c'est une lente descente : trouble de la marche, paralysie, ralentissement de la parole et à plus ou moins longue échéance la mort. Face à ce destin terrible, la jeune Aya décide sur le conseil d'une médecin d'écrire un journal intime et de conter sa lutte, ses échecs, ses joies en tous les jours. 

1 litre of tears c'est un film simple. Pas d'effets spéciaux, de courses poursuites, d'explosion, de mouvements de caméra audacieux. C'est une narration  qui suit de l'âge de 15 à 25 ans la vie d'Aya rythmée par le cycle des saisons. Le film commence doucement par un  accident qui ouvre une boîte de pandore. La fin est connue, il n'y a pas de survie possible. Pourtant derrière le drame et l'injustice, le réalisateur met d'abord en scène un film plein de vie. Aya mord la vie à pleines dents, continue d'étudier de se déplacer, d'aimer, de rire. Chaque seconde passée est une victoire. Et autour d'elle, sa famille, ses amis l'accompagnent. Elle ne peut marcher, ses amies restent avec elle à attendre ; elle fatigue vite, une commerçante lui propose de se reposer dans son échoppe. Quand le découragement la prend, d'autres malades, une professeur, un paysage lui redonnent la force de se relever. 



Le film est dur aussi et il est difficile de retenir ses larmes car la déchéance de la jeune fille est brillamment mise en scène, progressive. On note aussi la maladresse du monde autour, que ce soit l'institution scolaire incapable de trouver les mots ou celle d'une mère de famille pointant du doigt l'infirmité comme une punition (une scène forte). Le film aussi brosse aussi des portraits forts, notamment celle d'une éducatrice/enseignante exigeante envers ses pensionnaires. Si la mise en scène est classique, la construction est particulièrement intelligente distillant à dose régulière des moments tragiques, tragi-comiques que ce soit la panique du frère devant sa soeur s'entraînant à parler ou la scène de la mère, scène courte mais d'une terrible violence. Ce qui transparaît souvent c'est l'opposition entre l'investissement individuel des proches et la superbe indifférence du reste de la société. On reste touchés pour ne pas dire plus par la force, la rage même de la jeune Aya, la culpabilité que ressentent les parents. Et pourtant malgré la dureté du propos, le film est optimiste : "la vie trouve toujours un chemin".


Si le film nous transporte autant, il le doit à la performance immense de l'actrice principale Asae Oohnishi. Elle incarne avec élégance  cette jeune lycéenne vivante, curieuse et ambitieuse avec cette dose de simplicité et de charme. Elle se mue ensuite parfaitement en cet être malade tremblant trahi par son corps. Son incarnation des différents stades de la maladie est impressionnante et on imagine la longue préparation pour retranscrire cette terrible souffrance. De même les moments où la colère, la tristesse submergent Aya se lisent dans de courtes scènes où le regard sombre,  une larme qui perle, un sourire forcé traduisent toute l'incompréhension pour ce destin inique.

Si vous recherche un film dramatique intelligent, très bien construit et optimiste sur le sens de la vie, 1 litre of tears est pour vous. Une histoire de courage, de force, de bienveillance et d'entraide portée par une actrice remarquable.



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