Chaplin et l'incident du 15 mai
La démocratie Japonaise des années 1930 vit au bord du gouffre. La crise de 1929 fait rage et conduit les nations du mondes à se replier sur elles-mêmes. Certaines cèdent aux sirènes des populistes et des régimes fascistes tandis que les tentations militaristes se renforcent.
La jeune démocratie japonaise tangue sous les coups des difficultés économiques et de la pression des mouvements nationalistes au sein de l'armée. Ceux-ci vivent mal les limitations imposées à la marine de l'archipel par le traité naval de Londres, réclament un pouvoir politique plus fort confié aux militaires voire la prise par la force des ressources permettant à l'archipel de résister à un hypothétique conflit avec les Occidentaux. Ces groupes sont parfois inspirés par les régimes autoritaires d'Europe : ils en adoptent le goût pour la violence, le rejet du libéralisme et l'extension territoriale du Japon, la conquête des ressources vitales manquant au pays. Il rajoutent pour certains un mysticisme (nichiren). Entre ces groupes l'entente n'est pas toujours cordiale.
Leurs coups de force de multiplient néanmoins : incident de Mukden en 1931 (perpétré par le célèbre Ishiwara et la faction de l'armée du Kwantung), incident de la ligue du sang où sont assassinés des politiciens et des hommes d'affaires en 1932. Le 15 mai 1932 une nouvelle conjuration mêlant des officiers de la marine et de l'armée se dévoile. Leur plan est ambitieux et un brin utopique. Ils souhaitent assassiner le premier ministre Inukai dans sa résidence, attaquer la résidence du Lord gardien des sceaux privés (qui contrôle l'accès à l'empereur), frapper des sièges de grandes entreprises et aussi tuer Charlie Chaplin qui était en visite au Japon. En ciblant la vedette de cinéma ils espéraient déclencher une guerre avec les Etats-Unis. Leur opération est un échec sauf l'attaque de la résidence du premier ministre qui sera assassiné par 11 officiers. En revanche Charlie Chaplin qui était accueilli par ce dernier a échappé à la mort par un heureux concours de circonstance. En effet le fils du premier ministre Takeru Inukai l'avait invité à assister à une compétition de Sumo.
Devant leur échec les conjurés se sont d'eux-mêmes rendus à la police. Traduit devant une cour martiale, ils écopèrent d'un jugement clément : quelques années de prison. Signe que la démocratie japonaise commençait à chanceler face au militarisme.
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