A redécouvrir

la démission du premier ministre pakistanais Nawaz Sharif

Microsoft m'a confondu
Nawaz Sharif n'est pas une personnalité ordinaire au Pakistan. Né dans une famille de simple commerçant du Pendjab, il a fait fructifier l'entreprise de son père avant de se lancer dans la politique et d'exercer son premier mandat comme gouverneur au Pendjab. Militant au sein du parti national musulman il gravit les échelons de la politique. Il est nommé premier ministre de 1990 à 1993 avant de démissionner pour corruption. Il revient à ce poste de 1997 à 1999 avant d'être chassé du pouvoir par un putsch militaire. Il part en exil en Arabie Saoudite jusqu'en 2008. Revenu au Pakistan il devient une des figures de l'opposition et redevient pour la troisième fois premier ministre de 2013 à 2017. Or ce nouveau mandat va s'interrompre suite aux révélations des Panama Papers. 


Ce qui intéresse les enquêteurs pakistanais dans des millions de documents révélés à la presse, ce sont les propriétés de luxueux appartements à Londres. Les soupçons de corruption, de fraude fiscale et d'enrichissement par clientélisme semblent étayer par le prix faramineux de ces propriétés rapporté aux salaires officiels comme premier ministre. Il n'en faut pas plus à Imran Khan, chef de file de l'opposition pour déposer plainte. Ce dernier avait déjà contesté les élections de 2013 pointant du doigt de nombreux cas de fraudes. La cour suprême encourage les enquêtes sur la fortune du chef du gouvernement en particulier la période 1985-1993 période très florissante pour le clan du premier ministre.  

Celui ne se laisse pas abattre dans un pays où les règlement de compte politique sont légion et finissent parfois par des assassinats.  La fille du premier ministre semble avoir trouvé la parade aux accusations. Elle affirme qu'ils ne sont que gestionnaires et non propriétaires des biens incriminés. Un argument souvent invoqué dans les affaires de fraude/exil/optimisation fiscale récemment révélées au public :  une technique dite des "jet sprivés" (voir celui de Lexis Hamilton) consistant à constituer une entreprise fictive propriétaire du bien, domiciliée dans un paradis fiscal, laquelle met le dit bien à disposition du propriétaire officieux mais qui aux yeux de l'administration n'est que locataire. De tels montages sont proposés par les cabinets d'avocat voire par les sociétés commerciales vendant les biens. Pour appuyer leur thèse, la famille fournit des documents datés de 2006.  L'argument imparable mais un minuscule détail est venu faire s'effondrer leur défense. En effet les pièces produites censées datées de février 2006 ont été rédigées en calibri, une police de caractère très répandue sur word mais qui n'est malheureusement apparue qu'en 2007. Ceci accrédite l'opinion des accusateurs : le document serait un faux antidaté. Loin de lâcher l'affaire la famille du premier ministre continue de clamer son innocence s'appuyant sur l'existence dans une version bêta du logiciel commercialisée en 2006 de la fameuse police de caractère. Mais la cour suprême a décidé de confirmer la destitution du premier ministre, son troisième départ de ce poste.




les documents au coeur de la polémique



















Derrière cette étrange histoire sur fond de possible fraude fiscale, d'enrichissement personnel et de faux et usage de faux, se trame une lutte plus profonde entre le pouvoir militaire et le pouvoir civil. Situation étrange en effet, 2 généraux sans compétences financières,  figurent parmi la liste des enquêteurs, signe que l'armée pakistanais n'est pas décidée à confier le pouvoir à des hommes politiques issus d'élections libres et démocratiques ou presque. A noter que jamais un premier ministre pakistanais démocratiquement élu n'a pu exercer son mandat jusqu'au bout...

Commentaires