A redécouvrir

Wolf Warrior 2

L'Afrique ne répond plus

Deux ans après le succès inattendu du premier opus, Wu Jin reprend la caméra pour livrer un Wolf Warrior 2 qui est devenu le plus gros succès de l'histoire du cinéma chinois. Pour sa troisième réalisation, Wu Jin place son intrigue en Afrique et reprend l'histoire trois années après la fin du premier acte. 


Le soldat Leng Feng a encore une fois perdu le contrôle et envoyé ad patres un entrepreneur véreux. Emprisonné deux années, sa vie bascule lorsqu'il apprend qu'il est renvoyé définitivement de l'armée et que sa fiancée vient de disparaître/périr lors d'une mission secrète. Il décide de changer de vie et part en Afrique, vendant ses services de protection. Seul lien avec son passé, un balle sculptée qu'il porte autour du coup, unique indice vers le groupe qui a tué son amour. Mais une soudaine guerre civile le rappelle sous les drapeaux et il accepte en plein chaos d'aller sauver des civils chinois menacés par les rebelles aidés de leurs sinistres mercenaires occidentaux et aussi de ramener le docteur Chen, un brillant médecin chinois qui aurait mis au point le vaccin contre un terrible virus qui décime la population.

On pouvait craindre le pire après les maladresses du premier volet et au vu des 10 première minutes de ce film  où l'agent chinois plongeant dans l'océan démolit un groupe de pirates somaliens à la fois sous l'eau, sur l'eau. C'est jubilatoire mais totalement débile. Heureusement le reste du film redresse la barre. 

En effet cette fois-ci Wu Jin n'est pas avare en scènes d'action. Son film en regorge alternant les gunfights inspirés par expendable, les combats à main nue, armes blanches bien nerveux et des scènes assez épiques notamment une course poursuite dans un bidonville dantesque. Pendant deux heures pas de temps morts et le film déploie son énergie dans tous les théâtres : sous l'eau, dans des magasins, dans une usine. L'arsenal des rebelles promet de nombreuse séquences de combats épiques  contre des drones, des chars, des pick-ups... Derrière la caméa Wu Jin fait du très bon travail : les scènes sont limpides, la caméra énergique, audacieuse. Il y a une raison à ce bond qualitatif. Il a fait appel à Wong Wai Leung le chorégraphe de l'excellent opération Mékong et à Sam Hargrave qui a officié sur les films des frères Russo (Captain America 2 et 3). Les frères Russo parlons-en ils sont crédités comme consultants sur ce film et cela se sent que soit par la photographie, la lumière ou la gestion des plans aériens. L'intrigue offre des scènes assez dramatique (massacre de civils) et un combat final réussi, sauvage. Notons enfin cette petit touche Marvel à travers l'humour, surtout porté par la mère du garçon africain, une vraie trouvaille. 

Autre force du film, les personnages. Wu Jin est toujours excellent physiquement mais il ajoute de la sensibilité, de l'émotion dans sa relation avec l'enfant africain. Ce qui change surtout c'est l'alchimie avec les autres acteurs (merci les frères Russo) à commencer par Célina Jade qui a un vrai rôle bien écrit, développé, à des lumières celui de Yu Nan dans le premier volet réduite à de la figuration.  Les deux autres figures du badass chinois (l'ancien soldat et le jeunot) sont aussi très bien introduits et on espère les retrouver dans la suite. Le gros point fort de la distribution c'est le méchant, Big Daddy incarné par Frank Grillo (le Rumlow/Crossbones de captain America 2 et 3). Peu de texte mais une interprétation qui dégage un charisme,  une sensation de mal absolu (merci encore la connexion avec les frères Russo).

Reste néanmoins plusieurs défauts qui n'ont pas été gommés depuis le premier opus. Le scénario n'est pas super bien écrit. Il y a des incohérences (dans le plan de méchants) assez dures à avaler, la vision de l'Afrique est riche en stéréotypes (ils sont gais ces Africains, il est beau ce continent, ils sont malheureux..). Le discours nationaliste moins lourd reste présent autour du thème de l'amitié Chine-Afrique, du tiers-mondisme chinois, de la critique des expatriés, des hommes d'affaire chinois sans scrupules ou de la scène autour du drapeau (WTF !!). Des fautes de goût qui ne vous feront pas sortir du film mais laissent encore un sentiment d'inachevé. Il faut enfin insister sur le côté indestructible du héros (contre des obus,des chars.. ) qui passerait presque (comme dans expendable 1 ou 2) si le film ne se prenait pas tant au sérieux. 

Wolf Warrior 2 marque un vrai saut qualitatif. Mieux réalisé, mieux écrit, c'est une co-production réussie annonçant par sa scène post-générique (coucou Marvel) une suite prochaine. 

Commentaires