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datong le rêve envolé

Quand la dette plombe le tourisme
La province du Shanxi fait partie de la région du Loess. Si aujourd'hui cette province fait parler d'elle pour ses records de pollution à cause de l'extraction du charbon, dans le passé ce fut un centre politique majeur qui porte encore les traces de ce riche passé : les pagodes de Taiyuan, la ville historique de Pingyao,, le bouddha géant du Mont Mengshan ou les trésors autour de la ville de Datong. 


C'est d'ailleurs cette ville de 3 millions d'habitants (une ville de taille modeste pour la Chine) qui devint le cœur d'un important projet. Cette ville charbonnière devait se muer en ville touristique et ainsi redevenir l'ancienne ville capitale, un temps, du royaume de Wei. Le projet s'organisa selon trois axes. D'abord une intense rénovation urbaine devait permettre une restauration, reconstruction de l'ancienne muraille, un rénovation des temples de Huayan, de la Bonté Salvatrice et de Yuanjuan. Ensuite la ville engagea l'architecte Norman Forster pour construire un musée d'art contemporain tandis qu'un stade, une salle omnisports, deux piscines olympiques devaient voir le jour. Les transports seraient modernisés tandis que la vieille ville remise au neuf. Enfin les grottes de Yungang, classées en 2001 au patrimoine de l'UNESCO recevraient une attention particulière : restauration, accès modernisé dans le but de faire de Datong la capitale de la sculpture chinoise et un passage obligé pour tous touristes (qui habituellement visite les grottes de Longmen dans la province voisine du Henan.)
Le coût total du projet s'élève à 500 millions de dollars. Or 6 ans plus tard Datong est devenu le symbole du surendettement. Le ralentissement de la croissance mondiale et chinoise a plombé les comptes de la ville d'autant plus qu'une partie des fonds furent détournés. Le charbon, l'or noir de la ville est en plein marasme. Tongmei, troisième firme minière explique qu'elle l'exploite à pertes et a perdu 200 millions d'euros en 2015 malgré des baisses de salaires chez les ouvriers de 20 % au minimum. En effet les coûts d'extraction ont augmenté (les filons sont de plus en plus profonds) au moment où les prix ont chuté conséquences du ralentissement des secteurs immobiliers et industriels chinois, grands acheteurs de charbon. Quand dans le même temps l'Etat chinois lance sa grande réforme environnemental et décide de réformer le secteur minier en fermant les mines les moins rentables, c'est toute une ville et sa stratégie d'investissement qui sont envoyées dans le mur. Résultats la dette en 2013 s'est élevée à 1,3 milliards d'euros que la municipalité refuse d'honorer. Ainsi de l'imposant musée il ne reste qu'un édifice magnifique mais vide ; les piscines n'ont jamais été ouvertes au public et de nombreux chantiers ont été stoppés. La ville devient par endroit une cité fantôme.

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