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The last witness

The Last Witness : erreur de casting

Seconde adaptation du roman de Kim-Seong-Jong, The Last witness, le film éponyme  de Bae Chang-Ho s'intéresse à la mémoire de la guerre de Corée. Après 50 ans d'emprisonnement, un militant communiste du Sud, qui dans le passe a aidé des prisonnier du Nord à s'évader recouvre la liberté. Le lendemain le corps d'un dealer est retrouvé poignardé. Le détective Oh, policier aux méthodes peu orthodoxe est chargé de l'enquête et découvre que l'affaire n'est pas qu'un simple problème de drogue. Fouillant le passé de la victime, il découvre qu'elle oeuvra dans la traque des militants communistes. Alors qu'une autre mort violente survient, la découverte du journal personnel de la victime conduit le policier à se plonger dans une des pages sombres de l'histoire de la Corée du Sud : le traitement des prisonniers internés dans le camp de Geoje.  




Il y a des films qui sont difficile à chroniquer et à juger tant ils sont l'exemple typique du déséquilibre. En effet The Last Witness possède une histoire vraiment intéressante mêlant présent et passé, souvenir de la guerre de Corée, amnésie, enquête, fausse piste, rebondissement, trahison. L'intrigue a de quoi nous tenir en haleine malheureusement le film manque cruellement de rythme. Il n'est pas assez nerveux, on s'attarde sur des détails, certains personnages sont mal présentés. Le montage par exemple dans le début du film nous perd et il faut attendre le milieu pour retisser les liens entre les personnages. Autre problème la construction du personnage du policier. A trop vouloir en faire un flic à la marge, un dur, à trop vouloir lorgner vers les polars noirs, le film perd du temps d'autant que le policier n'est qu'accessoire dans l'intrigue. Un temps qui aurait été précieux pour approfondir le passé des autres, de l'assassin, des victimes. On nous esquisse leur profil mais cela passe trop vite. Autre gros défauts du film la réalisation. Convenue (la scène de la boîte de nuit à la fois inutile et moche), lente surtout dans les scènes d'action. Toute la partie se déroulant dans le milieu urbain n'est pas réussie. La faute à une photographie trop froide, à une caméra anecdotique. Sans oublier une musique totalement à contre sens dans le première moitié du film. Toute cette partie urbaine, enquête semble ne pas passionner le réalisateur. Il semble perdu, ne sachant pas comment articuler son histoire avec le style du polar sud-coréen. Même le flashback sur la mutinerie manque de rythme. Les quelques scènes de fusillades sont molles, les ralentis n'ont pas trop d'utilité. Bae Chang-Ho traite la partie polar comme un passage obligé vers un autre film.

Et c'est au moment précis où ce film semble nous conduire vers nulle part qu'un autre film survient. On le voit déjà poindre dans les quelques scènes situées dans les temples : belle lumière, beau plan, belle ambiance. Mais c'est quand l'intrigue part au Japon, à Miyazaki pour être précis que tout bascule. Ce passage est magnifique, intime, poétique, magnifié par le face à face dans les gorges de Takachiho.  Si la ville de Miyazaki cherchait à faire sa promotion, inutile de cherche plus loin. C'est d'ailleurs en tombant sur ce passage un soir sur Arte que je me suis décidé à voir le film dans sa totalité. Et c'est un drôle de choc que de voir le réalisateur enfin dans son élément. Il maîtrise ici son sujet et lorsque l'on observe sa filmographie on comprend pourquoi. C'est un style qu'il maîtrise. Passage splendide court mais qui sauve un peu le film. 

Quant aux acteurs, ils font ce qu'ils peuvent. Le prisonnier se débrouille, le policier en fait des caisses, les anciens prisonniers/gardiens auraient mérité d'être davantage développés. Les motivations perdent de leur sens et donc une bonne partie du ressort criminel.

The Last Witness n'est pas une réussite mais grâce à son passage japonais il évite le naufrage complet. Un film bancal assez unique dans la démarche de son réalisateur plus intéressé pour les scènes contemplatives que la partie enquête...

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