A redécouvrir

les trois royaumes : la résurrection du dragon

Une difficile comparaison
Sorti la même année que la première partie de Red Cliff, Les Trois royaumes : la résurrection du dragon s'attache à la figure de Zhao Yun, dit Zhao Zilong, le plus jeune des 5 généraux tigres, surnommé l'éternel victorieux. L'intrigue se place après la bataille de Red Cliff au moment où les royaumes de Shu, Wu et Wei se livrent de terribles guerres. Sans être une suite, le film surfe sur la même vague que la fresque de John Woo. Pour le même résultat ?


L'intrigue se centre sur le personnage du général et de son meilleur ami depuis leur engagement dans l'armée de Shu jusqu'à l'ultime affrontement et unique défaite de Zhao. L'oeuvre fonctionne comme une apologie d'un héros célèbre tant par ses prouesses (il vainquit à un âge avancé d'après la légende 5 guerrier beaucoup plus jeunes que lui) que par son courage et ses manoeuvres audacieuses. C'est déjà une première différence et une première faiblesse du film par rapport à l'oeuvre de John Woo. Les autres personnages ne sont que très peu développés (son ami  par exemple aux motivations nébuleuses ou pire ses ennemis relégués au rang de figurants). Cela soulève le défaut de ce film : l'écriture. Le scénario est très linéaire, à peine sauvée par le montage. L'histoire cherche à faire du spectacle en multipliant les scènes de combats, efficaces mais au détriment de l'intrigue et de l'évolution. En voulant raconter toute la vie du guerrier, le film multiplie les ellipses et risque de perdre ceux qui ne sont pas au fait de l'histoire chinoise. Ainsi toute la beauté des réflexions tactiques, le discours sur la guerre, l'unité disparaissent au profit de scènes d'actions.

L'action parlons-en est un des arguments commerciaux du film. Daniel Lee fait le travail avec une chorégraphie assez soignée, des armées de figurants et une volonté d'ampleur. Mais son travail souffre de deux défauts assez lourds. D'abord à vouloir démontrer la force du héros, le film tombe dans la caricature. Ainsi vers le début du film où Zhao combat une armée entière, repoussant infanterie, cavalerie et char avant de s'enfuir dans une scène assez moche (les SFX pêchent pas mal par moment). C'est un défaut récurrent mais ici la volonté d'en faire trop nuit au propos et offre quelques scènes à la limite du nanar. A contrario dans red cliff, les performances des 5 généraux tigres étaient habilement filmées comme autant de duels chevaleresques. Ensuite le film manque clairement de souffle, au niveau des paysages, de la photographie et même des idées. La bataille finale accouche de pas grand chose alors que l'on nous promettait de l'épique. A un unique moment le film sort de sa torpeur avec l'intervention de la générale joueuse de guzheng, moment réussi où musique et combat viennent jouer comme dans un ballet . Trop peu, trop tard malheureusement... et les révélations, les coups de théâtre finaux (et prévisibles) ne permettent pas à Daniel Lee d'insuffler l'énergie manquant.

Et c'est dommage car clairement il y a de l'ambition. D'abord en termes de costumes et d'équipements, c'est assez joli à part le choix étrange du casque plat du héros. Ensuite en termes de casting : Andy Lau, Sammo Hung, Maggie Q, Andy On. Il y a du beau monde mais comme seul Andy Lau dispose d'un rôle développé... Le résultat c'est un film passable, pas mauvais mais oubliable surtout comparé à la fresque de John Woo. Et c'est peut être là que le bât blesse. Il semble de étrange de sortir un film en même temps que Red Cliff. Comme si les producteurs comptaient profiter de la vague du succès de l'autre film. Un conseil, pour arriver à apprécier le film, il est conseillé de le voir avant celui de John Woo et à ce titre il pourra passer pour un honnête divertissement.



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