A redécouvrir

opération Mékong

Bad Boys from China


Qu'on se le dise, la Chine avance vite dans le monde du cinéma spectaculaire. Avec les années de savoir faire de Hong Kong et les moyens démesurés de l'empire du milieu, les studios chinois se lancent dans des productions de haute volée nourries à l'école hollywoodiennes et mâtinées de ce jusqu'au boutisme si propre au production asiatique.



Une histoire presque vraie

Opération Mékong c'est à la base une histoire vraie, une tragédie survenue en 2011 sur le fleuve Mékong aux confins du Triangle d'or entre la Thaïlande, la Birmanie, le Laos et le Sud de la Chine. 2 navires chinois sont attaqués par des pirates/trafiquants qui s'en emparent en massacrant 13 citoyens chinois. Un acte qui entraîna une opération policière conjointe entre les Etats de la région pour arrêter un seigneur de la drogue. C'est en se basant sur cette toile de fond, la traque d'un narco-trafiquant que Dante Lam signe un blockbuster sur-vitaminé, une sorte de Bad Boys II qui réussirait le pari de rester fun sans tomber dans le ridicule.

Commençons par les défauts du film. Ils sont il faut l'avouer minimes. Quelques effets spéciaux (scènes tournées sur fond vert mal incrustées), des ralentis pas forcément utiles (lors des scènes de poursuite) mais bien foutus. Au niveau de l'histoire, quelques raccourcis scénaristiques qui laissent une légère impression d'incohérence ou de facilités. Mais honnêtement cela ne gâchera pas le plaisir.

De l'action généreuse et bien filmée

Car le film propose une orgie d'action totalement assumée comme seul Hong Kong sait nous en offrir. On évoquera pêle-mêle un gunfight dans un marché couvert suivi d'une fuite par les toits, la fusillade du centre commercial, les poursuite en voiture (on y reviendra), la traque finale dans la jungle digne d'un pur film de guerre et j'en passe. Les morceaux de bravoure s'enchaînent avec une nervosité, une créativité jamais démentie. Et ce qui tranche avec les blockbuster américains c'est que tout ceci est filmé avec un certain minimalisme. C'est à dire par de morts, de fusillades baroques dans le pur style de John Woo mais une violence assez sèche, brute qui fauche. Les dégâts sont visibles sur les héros (dont certains meurent) et sur les civils. De même le film est assez violents non pas visuellement mais psychologiquement. Pour décrire l'environnement de ces seigneurs de guerre, Dante Lam nous offre quelques scènes assez osées sur les enfants soldats drogués. L'une est un hommage appuyé au voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino.

Toute cette démesure fonctionne à merveille car derrière la caméra Dante Lam a du talent. On pourrait s'attendre à un film hyper cuté, nerveux. Et ce qui surprend c'est que Dante Lam joue avec tous les codes du langage cinématographique et apporte une plus-value technique à son film. Premier exemple : une scène courte au bord du fleuve où les policiers retracent les trajectoires les balles des assassins à l'aide de faisceau laser. Cela débouche sur un superbe plan, presque une toile avec le policier de dos et les lignes convergeant vers un point dans le fleuve. Cela dure quelques secondes mais le ton est donné. Et tout le filme continue dans cette même veine. Les plans aériens sont magnifiques surtout ceux faits à partir de drone. Ce qui va marquer ce sont les plans filmés depuis le canon des armes et cette caméra qui tourne à 360°  autour des voitures et des hommes. L'homme filme comme un maestro. Il profite en outre d'une photographie vraiment splendide. Que ce soit pour la jungle que pour les plans urbains, l'image est nette, belle. Les scènes sont parfaitement lisibles même quand elles vont  à mille à l'heure et que l'on alterne les points de vue. Un mot sur les acteurs : ils font le job et s'en sortent dans les scènes de drame et de comédie. On évite pas les archétypes mais comme tout est en nuance (le drame qui touche le flic infiltré)  et que l'intrigue/enquête tient la route, cela passe.

Dernier point c'est le ton et le thème du film. D'un côté le film est totalement décomplexé, assumant son côté gros film d'actions testotéroné flirtant avec l'excessif. Il réussit à ne jamais tomber ni dans le trop sérieux ni dans la totale déconne. De l'autre à travers les emprunts à Michael Cimino, Peclkinpah mais on pense aussi à Police Story se lit en toile de fond une immersion dans l'univers du triangle d'or. Les passages avec les enfants vont en surprendre plus d'un. 

Au final Opération Mékong réussit son audacieux pari. Un film d'action dense enrichi d'une réalisation extrêmement soigné. On en redemande et cela tombe bien, une suite devrait sortir en 2017 "relatant " l'évacuation de civils étrangers et chinois du Yémen en proie à la guerre civile. 



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