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Blue House Raid

La guerre des nerfs 
L'armistice du 27 juillet 1953 signé à Panmunjeon a mis fin à plus de trois années de guerre. Cependant il ne signifie pas la paix. Kim Il Sung le dictateur nord coréen ne s'est pas rendu sur place pour le signer mais a préféré envoyer le général Nam le contresigner. Pour la Corée s'ouvre une nouvelle période, pas une ère de paix mais une période de guérilla permanente instaurée par le Nord pour intimider le Sud, le provoquer et l'empêcher de devenir une alternative crédible. Cette guerre froide régionale culmine le 21 janvier 1968.



Pour Kim Il Sung, l'année 1968 est riche en possibilités. Les Etats-Unis se sont engagés en effet massivement au Vietnam ce que le dictateur voit d'un bon oeil car pense-t-il les américains n'auront pas les moyens de tenir deux fronts asiatiques. Il pense donc avoir les mains libres en Corée. En effet en 1968 la Corée du Sud est encore en retard économiquement sur le Nord et le pouvoir politique demeure fragile. Pour preuve le 16 mai 1961 une junte militaire porte au pouvoir le général Park Chung Hee. Le nouvel homme fort du Sud a de la trempe et mène une politique économique ambitieuse. Kim Il Sung décide qu'il faut tuer dans l'oeuf ce rival potentiel et conforté par ses généraux, est persuadé qu'une révolution peut embraser le Sud. Prudemment au lieu d'entrer à nouveau en guerre il déclenche une opération spectaculaire et risquée : l'attaque de la maison Bleue, la résidence et le siège de la présidence. L'unité 124, force spéciale de l'armée nord-coréenne est chargée de mener l'assaut et de tuer le président. Si l'attaque réussit le Sud sera profondément déstabilisé, s'il échoue il espère une vive réaction du Sud qui lui permettra d'intervenir directement contre le Sud.

Les 31 hommes de l'unité 124 quitte leur garnison de Yonsan le 16 janvier et le lendemain ils infiltrent la zone démilitarisée (DMZ).  Dans la montagne ils rencontrent quatre sud-coréens qu'ils laissent repartir en leur faisant promettre de ne pas avertir les autorités. Pari perdu les hommes informent la police qui alerte l'armée. Plusieurs unités issues de trois divisions au moins lancent la traque. A 10 heures du matin le 21 janvier, le commando nord-vietnamien approche à moins de 100 mètres de la maison bleue où il est arrêté par un barrage de police. La fusillade éclate violente tuant et blessant de nombreux policiers et civils. Mais l'attaque est repoussé. Dès le 22 l'armée sud-coréenne commence une opération de ratissage dans toute la zone pour capturer les derniers membres du commando. Le 29 la traque est finie. L'opération a coûté la vie à 26 sud-coréens (civils et policiers), à quatre soldats américains. Sur les 31 nord-coréens, 29 ont été tués, un capturé  (Kim Shin Jo qui deviendra plus tard citoyen sud-coréen), un seul a réussi à fuir (Park Jae Kyung).


Au Sud l'émotion est grande et le président Park décide la mise sur pied d'unité spéciale chargée d'aller assassiner Kim. Pourtant la pression américaine dissuade deux ans plus tard Park de lancer l'opération ce qui conduit à l'incident de Simildo. Pour Kim Il Sung le pari a échoué et le décollage économique du Sud va inverser le rapport de force dans la péninsule sans pour autant atténuer les provocations qui vont se multiplier le long de la frontière jusqu'à aujourd'hui.

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