Neuf années après l’assassinat de l’ambassadeur des
Etats-Unis à Kaboul, un autre diplomate américain décède en Asie, cette fois-ci
au Pakistan. Toutefois les causes de sa mort étant accidentelles, l’ambassadeur
Arnold Lewis Raphel n’est pas intégré aux 7 martyrs, les sept ambassadeurs
morts violemment dans l’exercice de leur fonction. Il reste que les circonstances de ce décès
sont étrangers et éclairent sur un page encore sombre de l’histoire du
Pakistan.
un étrange crash aérien
Le 17 août 1988 à 16h30, le président dicateur Zia-Ul-Haq
prend place à bord de l’Hercule C 130 avec 31 passagers dont l’ambassadeur
Raphel, le génral Wassom chef de la mission militaires américaine et plusieurs
officiers pakistanais fidèles au président. L’avion a été spécialement aménagé
pour le confort de l’homme fort d’Islamabad. Ses pilotes sont des hommes expérimentés et
choisis par le président. Malgré l’approche d’une tempête l’avion décolle sans
problèmes et gagne un ciel clair. Soudain la tour de contrôle de Bahawalpur
perd le contact avec l’avion. L’épave de l’avion est retrouvée éparpillée sur
le sol. Les témoins expliquent que juste après son décollage l’avion a rencontré
des problèmes, a fait deux boucles et a soudain violemment piqué
avant de s’écraser. Aucun des passages n’est retrouvé en vie. L’enquête qui s’ensuit
va tout de suite diviser américains et pakistanais. Pour les premiers l’accident
a été provoqué par un problème mécanique. Pour preuve un appareil du même
modèle faillit s’écraser dans le Colorado et que l’US Air Force a enregistré
une vingtaine d’incidents similaires. Pour renforcer leur conviction, les
autorités américaines notent que les pilotes pakistanais ont moins d’expérience
sur les vols à basse d’altitude. Or les
pakistanais délèguent une enquête secrète qui
découvre deux éléments troublants : une forte usure dans la câbles
de commande anormale pour un avion de ce type et des traces de produits
chimiques qui auraient pu être utilisés comme explosif ou pour neutraliser les
pilotes. Pour eux c’est un sabotage. L’hypothèse
d’un gaz introduit dans le système de ventilation pour paralyser les passagers
se renforce d’autant plus qu’aucun des corps n’a été autopsié. De plus le matin même l’avion du président PakOne a
subit des travaux sur une des portes. Il était facile aux ouvriers d’introduire
le poison. Notons un autre élément troublant. Quelques instants avant l’accident,
un autre avion était en vol et est entré en contact avec l’avion. Le commandant de ce second avion témoigne qu’il est entré en contact avec PakOne dont la
radio été branchée mais qu’il n’a entendu que de faibles voix.
La piste de l’attentat est avérée. Ses auteurs sont nombreux et de multiples
pistes ont été évoquées. Eliminons les plus improbables
- Les russes : certes le Pakistan soutient
les rebelles afghans et le KGB a mené de nombreuses opérations d’élimination en
territoire pakistanais. Mais en 1988 le président Gorbatchev a décidé le
désengagement de son pays et a un an plus tôt signé les accors de désarmement
nucléaire. Une telle opération serait un non sens d’autant que ses services
secrets ont d’autre chats à fouetter : l’Europe de l’Est et les pays
Baltes.
- Les Indiens. La rivalité avec le Pakistan existe
mais une telle opération dépasse leur moyen
- Les Américains. Zia est leur allié même s’ils s’en
méfient car Zia trafique la drogue et promeut un gouvernement islamiste.
Cependant on imagine mal les USA causer la mort de leur ambassadeur d’autant
plus que la guerre froide n’est pas encore finie et que le Pakistan reste
stratégique
- Israël : pour punir Zia d’avoir acquis l’arme
nucléaire
La piste d’un assassinat téléguidé par l’étranger ne tient pas. Il est d’ailleurs fort instructifs que cette hypothèse ait été émise par les autorités pakistanaises. Ceci nous indique l’endroit où il faut regarder. Le sabotage peut avoir été commandité par deux groupes. Celui du clan Butto dont le père ancien président fut renversé et exécuté par Zia. Plausible. La piste la plus sérieuse nous conduit dans les rangs de l’armée et de l’ISI les services secrets pakistanais. En effet avant de prendre son avion, Zia avait assisté à une démonstration militaire à laquelle il ne voulait pas venir : c’est la forte pression des généraux de son entourage qui l’a convaincu de se déplacer. Ensuite Zia était sur le point d’entreprendre un grand remaniement au sein de l’armée et de l’ISI et sous l’influence des E.U.A de réviser sa politique en Afghanistan en rééquilibrant la distribution des armes en faveur de groupes modérés. Ceci risquait en outre d’interrompre le juteux trafic dont profitait quelques généraux de l’ISI. Enfin Zia avait en secret entamé des négociations avec l’Inde pour résoudre le conflit du Cachemire. Autant d’éléments qui confortent la piste internes. Une révolution de palais dont l'ambassadeur a été la victime collatérale. Les E.U.A vont faire mine d'accepter et de valider la thèse accidentelle.
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