Les amateurs de séries télévisées n'auront manqué de remarquer l'étonnant refuge sud-américain où se terre Marcus Brody au début de la 3è saison d'homeland : la tour de David. Le lieu fait référence à un des plus célèbres immeubles inachevés au monde : le Centre Financiero Confianzas de Caracas. Une tour de 45 étages dont les travaux débutés en 1990 se sont brusquement interrompus en 1994.
En effet le pays subit cette année de plein fouet une crise économique. Les causes sont multiples : chute du prix du pétrole, crise bancaire (la seconde banque du pays fait faillite), instabilité sociale et surtout pari sur les marches mondiaux contre la monnaie du pays. Un cocktail qui mettra à mal beaucoup d'économies du continent, l'Argentine en particulier. Cette crise interrompt brutalement la forte croissance vénézuélienne et les projets grandioses de centre financier, le wall street de Caracas. Ce sont David Brillembourg et Enrique Gomez qui portent ce projet de 5 tours : El Atrio, Edificio K et Z Torre A et B. Avec la crise, les travaux cessent et la première tour et ses 45 étages n'est achevée qu'à 60 %. Si tous les étages ou plateaux ont été établis, au-de là du 28è étage, tout n'est que partiellement réalisé. L'immeuble prend dès lors le nom de son créateur, Tour de David, hommage posthume puisqu'il est décédé en 1993 avant le désastre.
Début 2000 devant la pénurie de logements, les squats temporaires sont autorisés par la mairie et de nombreuses familles (3 600 personnes minimum) viennent s'installer dont des travailleurs réguliers. En contre partie la mairie prélève un loyer !! L'immeuble se transforme en petit quartier vertical grâce à la débrouillardise des occupants qui se raccordent aux systèmes électriques et d'eau potable. Des commerces ouvrent comme un dentiste, coiffeur... Les locataires ont improvisé leur propre co-propriété leur permettant de réaliser des travaux d'assainissement (achat de pompe pour l'eau) et de sécurité (briques et ciment pour renforcer les logements). Le 28è étage a été transformé en salle de sport improvisée (des haltères composées par les poulies des ascenseurs inachevés) et en piste de vélos pour les enfants. Hasard de l'histoire, cette entraide a rendu les conditions de vie dans la tour meilleures que celles du barrios (bidonvilles) qui s'étendent dans la périphérie de la capitale. La tour est beaucoup plus sûre que ce soit en terme de risques physiques ou criminels au point que ceux qui la quittent revendent leur place. Imaginez qu'une mère et ses deux enfants disposent de 110 m² d'espace propre, !! La Torre de David est l'exemple célèbre mais non unique des problèmes de logements à Caracas. On ne compte pas moins de 250 immeubles vides et occupés par des familles sous le contrôle du gouvernement. En 2012 la Torre de David a été honoré lors de la biennale de l'architecture à Venise. Une exposition bien venue puisqu'en 2014 le gouvernement vénézuélien a décide de l'évacuation du village vertical sans préciser s'il s'agit d'un relogement ou d'une expulsion.
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