A redécouvrir

the hashima project

Gunkanjima ghost


Il existe une vraie proximité entre le Japon et la Thaïlande, que ce soit par l'importante communauté nippone à Bangkok ou le succès des produits "cool Japan". Le cinéma n'est pas en reste et voit régulièrement les coopérations cinématographiques se développer. En 2010 sortait l'étonnant et réussi Yamada, le samouraï d'Ayothaya qui contait la rencontre entre un sabreur et des boxeurs thaïlandais et comment les deux styles martiaux fusionnaient pour transformer notre héros en redoutable guerrier. En 2013 une nouvelle production thaïlandaise, hashima project de Piyapan Choopetch, tente à nouveau la fusion des genres en s'attaquant au film de fantôme, style très prisé en Asie et que le Japon a régulièrement dépoussiéré notamment par la série horrifique des Rings.

L'histoire se concentre sur 5 étudiants thaïlandais, cinéastes amateurs spécialisés dans le horror movie dans le style found footage. L'une de leur dernière réalisation a tapé dans l'oeil d'un producteur qui leur propose d'aller réaliser un film documentaire dans l'île de Gunkajima, appelée aussi Hashima (que les cinéphiles connaissent depuis qu'elle a servi de décor pour une scène de skyfall) et ainsi de vérifier la véracité des légendes paranormales entourant cette île. Une fois installés sur l'île les cinq jeunes sont confrontés au passé mystérieux de cette île abandonnée et découvrent qu'il ne faut pas jouer avec la mémoire des morts.

Pour bien comprendre l'intérêt de l'intrigue il est nécessaire de bien conaître l'histoire de cette île. Petite par sa taille, elle a connu la plus forte densité humaine jamais enregistrée au monde. En effet la découverte de houille en 1810 entraîne l'installation de mineurs ainsi que de leurs familles. 5 000 personnes vont se concentrer sur à peine 6 hectares : plus 80 000 habitants au km². L'île est finalement abandonnée en 1974 et devient l'une des ghost cities les plus célèbres du Japon. Le film se propose donc de jouer au maximum sur l'aspect mystérieux, inquiétant de cet endroit à la beauté réelle.

Le film se compose en trois temps. Une introduction qui présente le groupe des cinq personnes. Le reportage sur l'île et aussi sur le village environnant. Et enfin le retour à Bangkok et la venue sur sur-naturel. En terme d'histoire le film tient la route ou  presque. Il propose son lot de moments de frayeur, un rebondissement final qui permet de terminer intelligemment, une forte dose de mystère. Le réalisateur a vu le cinéma d'horreur japonais, s'en inspire non seulement dans le cadrages, les couleurs mais aussi dans les décors des fantômes évoquant la célèbre sadako de Ring. La surprise finale est bien trouvée même si en revoyant le film elle laisse apparaître une incohérence mais qui laisse supposer que le twist final n'était peut être pas présent dans le scénario d'origine. C'est dommage car sans révéler l'intrigue la fin du film nous oriente vers une ambiance style Le 6è Sens qui aurait pu/dû être davantage développée ; le réalisateur se limitant par d'habiles mais limités champs contre champs. En terme de rythme il y a un problème car la première partie est trop longue. Du coup on est frustré que la partie se déroulant dans l'île soit un peu trop courte. C'est d'autant plus dommage que le propos du réalisateur de faire de l'île une actrice à part entière est très intéressante. Ses plans rendent vraiment bien hommage à ce lieu unique et si mystérieux. On aurait aimé y passer plus de temps d'autant que toute la partie vision fantomatique filmée est vite évacuée comme le passage avec des spectres du passé. Et c'est là que les soucis d'écriture prennent tout leur sens. Le film a un réel potentiel fantastique, horrifique non exploitée.  La seconde partie du film explore beaucoup de pistes intéressantes sans que la fin y réponde. Heureusement les acteurs thaïlandais jouent bien leur composition classique ; les acteurs japonais eux font plus de la figuration tout en étant efficaces. L'ambiance musicale sans être renversante colle parfaitement à l'intrigue. Ceci permet de rester dans l'histoire.

Au final pour un film thaïlandais dont on pouvait craindre le pire, The Hashima Project s'en sort honnêtement grâce à une seconde partie convaincante et un twist de fin réussi. Il reste qu'avec davantage d'audace et une histoire mieux maîtrisée, il y avait de quoi faire encore mieux.

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