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Patlabor 1 critique

Tokyo Babylone

Mamoru Oshii forme avec Miyazaki et Otomo le trio magique qui a contribué à populariser l’animation japonaise dans le monde. Oshii s'est spécialisé comme Otomo dans les films de sf ambitieux, adultes, philosophiques qui ont fortement influencé le cinéma occidental. C’est avec la série Ghost in thell (qui a largement inspiré Matrix) dont il a réalisé les deux premiers longs métrages qu’il devient mondialement connu. Les deux longs métrages acquièrent le statut de chef d’œuvre culte et vont inspirer plusieurs autres films et séries qui approfondissent l’univers sans en trahir l’esprit.  Pourtant avant Ghost in The Shell, Oshii réalise l’adaptation en long métrage d’un autre manga  populaire, Patlabor, œuvre moins connue en Occident mais qui pourtant postule au statut de chef d’œuvre.


Tokyo on fire

Patlabor 1 sorti en 1989 nous propulse dans un Japon futuriste où les robots géants (les labors) se sont généralisés. La ville de Tokyo s’agrandit toujours et lance le projet titanesque appelé Babylone. Utilisant toujours plus de labors, les entreprises sont devenus dépendantes d’une technologie toujours plus ambitieuse.  

Alors que la compagnie Shinohara, leader dans la conception de labor vient de lancer son nouveau système d’exploitation révolutionnaire, d’étranges incidents frappent les labors un peu partout dans la ville. Sabotage ou incidents ? la police charge sa divisions de patrouille mobile (Patlabor) d’enquêter sur  et de plonger dans les secrets de l’arche l’immense entreprise robotique automatique bâtie au cœur de la baie de Tokyo.


Un thriller futuriste

Patlabor est un film de méchas  certes mais c’est avant tout un formidable thriller d’anticipation. Ne vous attendez pas à voir des dizaines de combats de robots géants… les combats il y en a un peu mais au service d’une narration magistrale. En effet la première force de ce film c’est un scénario magistral. Une enquête de police sur les traces d’un étrange dysfonctionnement. On retrouve ce qui va faire la qualité des futures œuvres d’Oshii. Une intrigue finement menée, des enjeux multiples, une absence de manichéisme et une course contre la montre trépidante. Rien que pour con côté thriller le film est une merveille. 

Mais il ajoute un aspect réflexif où Oshii interroge sur le sens du progrès, convoque les références bibliques et nous offre un voyage saisissant dans le mirage urbain au travers des mutations de la polymorphe cité tokyoïte. Et il le fait avec un sens du rythme savamment maîtrisé : jamais d’ennui mais des séquences de poésie pures alternant avec des scènes d’action efficaces. Ajoutons à cela le ton du film alternant entre le sérieux et la comédie portée par les deux principaux enquêteurs, de jeunes recrues extrêmement bien écrites et développés. C’est la force d’Oshii c’est de nous présenter des univers riches de plusieurs personnages et de les caractériser suffisamment pour que l’on s’y attache. Il en va de même avec les méchas, argument du film qui fonctionne comme un acteur de second rôle. Tous les ingrédients du futur succès de Ghost in the shell sont présents : immersion, réflexion, combat homme machine, poésie et action. Patlabor fonctionne comme un film de robots où ces derniers sont cantonnés au second rôle. Audacieux et génial !!


Un bijou qui n'a pas pris une ride

Côté réalisation c’est un sans fautes. Le film est terriblement beau, poétique que ce soit pour les visages, les plans urbains ou le design de l’usine. La variété des décors nous permet un voyage dans un Tokyo à la fois rêvé et terriblement réel. Oshii visionnaire ponctue son film de gimmicks devenus marques de fabrique : les plans aériens, les séquences dignes de cinéma muet et surtout la figure récurrente du chien que l'on retrouve dans tous ses long métrages !!! Ce travail remarquable qui profite d’une animation irréprochable. 

Les séquences de combat sont hyper nerveuses et prenantes, le final sur l’arche est oppressant à souhait, la métaphore babylonienne s’inscrit dans le choix des couleurs.  Le chara design des repose, les détails des squelettes d’acier fonctionne très bien. Et si vous ajoutez une bande son superbe, signée de l’immense Kenji Kawai qui officiera aussi sur Ghost In the Shell, vous avez un film grandiose qui presque 30 ans après ne souffre pas de la comparaison.



Patlabor 1 c'est le premier chef d'oeuvre d'Oshii, une leçon de narration et d'écriture servie par une réalisation léchée. Tout l'univers à venir est déjà en place, parfaitement maîtrisé et orchestré.


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