1942 dans le gouvernement national réorganisé de la République de Chine, régime collaborationniste à la solde du Japon, des résistants multiplient les sabotages et les assassinats. Menés par un mystérieux chef appelé Magnum et par une taupe, le fantôme, ils échappent aux services de renseignement chinois et japonais. Déterminé à débusquer le traître, le colonel Takeda fait fuiter une fausse information et isole cinq suspects dans une forteresse isolée. Il espère en quelques jours démasquer la taupe. Celle-ci doit impérativement s'extirper de ce piège et prévenir la résistance qu'elle risque de tomber dans un guet-apens.
Mémoire d'une guerre traumatisante
Voici un film étonnant et dont on pouvait craindre le pire. Sorti en 2009 The Message revient sur la période sombre et encore sujette à débat de l'occupation japonaise en Chine. Trop souvent les productions chinoises tombent dans un nationaliste lourd parfois à la limite du contre-sens historique. Ici The Message s'extirpe brillamment (il faut dire qu'il est sorti à un moment où les relations sino-japonaises s'amélioraient) de l'ornière en offrant une plongée dans un thème peu présent dans le cinéma : la collaboration chinoise pendant la guerre.
Thème tabou qui est ici central entre les officiers, les généraux qui ont clairement pris le parti de l'agresseur. Et ils sont traités sans tomber dans le stéréotype : ce sont des gens efficaces qui ont juré fidélité à l'ennemi. Le film évite tout jugement moral excessif . Il nous met face à une réalité qui est encore cachée : ces millions de Chinois qui ont travaillé avec le Japon et qui sous les ordres du japon menèrent une guerre sans merci contre les résistants.
Une intrigue passionnante
Par la suite l'intrigue évolue très bien à mi-chemin entre Agatha Christie et le film d'espionnage. Car le cœur du film c'est cette lutte sans merci entre le colonel japonais, son bras droit chinois et le fantôme. 5 prisonniers, quatre innocents Et comme dans les meilleurs récits d'Agatha Christie (on pense ici beaucoup aux 10 petits nègres) les pistes et fausses pistes se multiplient sur fond de message codé, de scènes de tortures fortes et d'interrogations morales : qui sont les vrais innocents (les résistants ou les collaborateurs?).
La réponse semble aller de soi jusqu'au déferlement de violence des interrogateurs. Le film se tient très bien pendant ses 1h50 servi par des acteurs excellents (l'officier japonais, les deux femmes, le capitaine) une dose subtile de violence puis de calme. La torture est très bien mise en scène sans que l'on tombe dans l'excès de gore. Et la fin de l'histoire tient la route avec une révélation qui n'est pas sans rappeler les film scream ce qui la rend peut être un peu prévisible.Soulignons enfin l'excellence technique du film. Les plans séquences autour de la dépêche illustrent parfaitement le fonctionnement de cette administration et l'effet boule de neige du faux message. De même le huis clos est servi par une lumière et une photographie parfaite.
En conclusion The Message se révèle une vraie belle surprise. Evitant les pièges du militantisme nationaliste, le réalisateur signe un thriller haletant explorant une page encore sombre de l'histoire chinoise.
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