Les mystères de tian'anmen : les manifestants et la grève de la faim
Si l'on veut comprendre comme une opposition étudiante qui n'était pas un fait nouveau en Chine puisque l'année 1987 avait déjà connu une fièvre dans les campus, a pu recevoir l'appui d'une partie de la population pékinois et effrayer à ce point le pouvoir, il faut au de-là des critiques contre le pouvoir percer le fond des revendications et la communication des étudiants.
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évacuation d'un gréviste de la faim |
Les étudiants qui se sont opposés au régime ont été accusés par celui-ci d'être manipulés par Taïwan et les Etats-Unis, par Georges Soros ; leur action fut qualifiée de "troubles" par Deng Xiaoping, mot repris le 26 avril dans les colonnes du quotidien du peuple. Or ce mouvement ne cherchait pas à lancer un défi mortel au régime. A l'origine il cherchait à célébrer la mémoire du réformateur Hu Yaobang. Et si en quittant la sphère des campus pour occuper la place Tian'anmen, ils ont publiquement remis en cause la mainmise et le contrôle du parti, la plupart d'entre eux n'a jamais franchi la ligne jaune. La direction du parti n'a pas été remise en cause, les étudiants se sont toujours présentés comme respectueux de leurs dirigeants mais déçus par leur projet de réformes à long terme. La crise est née d'une série de maladresses de la part du pouvoir. La première est d'avoir refusé d'accueillir dans la nuit du 19 au 20 avril une délégation d'étudiants venue porter une pétition ; la seconde fut l'éditorial de Deng Xiaoping qui amena les étudiants à penser que s'ils évacuaient la place ils seraient lourdement sanctionnés. Ainsi plus la crise a duré, plus de nouveaux groupes d'étudiants se sont joints au mouvement, certains plus durs, tous plus structurés regroupés au sein d'organisations autonomes ce qui représenta pour le gouvernement un dangereux précédent. Et des groupes d'ouvriers, de soldats se sont joints au mouvement.
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Crois Rouge chinois secourant un gréviste de la faim |
Le mouvement a gagné un soutien populaire fort le 13 mai quand est décidée la grève de la faim. Un milliers d'étudiants vont appliquer cette stratégie. Il faut bien comprendre que ce geste en Chine a une portée beaucoup plus forte qu'en Occident. La Chine a en effet traversé tout au long de son histoire des épisodes de violents famines. En 1989 les Chinois se souviennent encore des terribles années du Grand Bon en Avant et des 40 millions de morts de faim. Cet acte est donc presque contre nature pour les Chinois. Toute l'histoire de la Chine a été une longue lutte pour ce prémunir de ce fléau. Dans la mentalité le manque de nourriture est une peur forte qui explique la place quasi mystique de la nourriture. Alors quand les étudiants acceptent cette privation, l'acte fort impressionne la population. La stupeur est suivie d'une forte adhésion à Pékin pour les étudiants ne sont pas ces fauteurs de "troubles"que décrit le pouvoir. Naît un espoir que le gouvernement ne peut qu'entrer en négociations. Les tergiversations vont accentuer l'engouement populaire pour les manifestants. Cette grève de la faim va dès lors susciter un élan de sympathie fort dans toute la ville. Ouvriers, habitants se massent à leur tour sur la place. Les cortèges grossissent : des centaines de milliers de pékinois mais aussi de Chinois qui viennent de l'extérieur.
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policiers soutenant les étudiants |
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