Sorti en 2012 par le studio Production
I.G., 009 Recyborg se présente comme un projet surprenant. Il s'agit en effet de la suite de la série 009 Cyborg sortie en 1963 en manga au japon
(en 2009 en France) puis déclinée en plusieurs animes entre
1966 et 2013. Dans l'histoire d'origine 9 humains originaires
différents pays ont été enlevés par la mafia Black Ghost et
transformés en cyborg. Mais les 9 se révoltent et décident de
lutter contre leur créateur démoniaque. Très intelligemment le
réalisateur Kenji Kamiyama inscrit son nouveau film dans la
continuité de la série, 27 années après. Les 9 cyborgs se sont
séparés. 3 travaillent avec leur mentor le professeur Gilmore, quatre
ont intégré les services de renseignement de leur pays respectif,
un est archéologue et le dernier suit les cours d'un lycéen lamba à
la différence près que tous les trois ans sa mémoire s'efface et
l'oblige à revivre sa scolarité. L'équipe est contrainte de se
reformer quand une série d'événements étranges et catastrophiques
frappent le monde : des attentats kamikazes visent les
gratte-ciels des plus grandes métropoles du monde sans qu'aucun lien
ne soit trouvé entre ces attaques si ce n'est une mystérieuse voix qui
semble inspirer les terroristes. Quand l'un de cyborgs manque de
commettre une attaque similaire contre le quartier de Roppongi Hills
à Tokyo, il devient urgent à l'équipe de déjouer ce machiavélique
complot.
Le film dispose d'abord d'un excellent
travail graphique. Au niveau dessin le studio a réussi à
parfaitement moderniser le style, gardant certains traits de visage
(la mèche du héros) toute en dépoussiérant une série qui restait
à la fois très marqué par le style 1970 et celui d'Astro. De même
l'action qui se déroule sur presque tous les continents (Tokyo,
Washington, Dubaï, Istambul ou Venise) est servie par des dessins de
qualité. Le passage vénitien est somptueux appuyant le propose
mystique, déstabilisant de l'oeuvre. L'animation est aussi de
qualité. Le cyborgs dégagent malgré leur visage figé des
émotions même si on atteint pas la maestria de Ghost in the Shell.
Enfin notons qu'en termes d'action, l'oeuvre est rythmée entre
l'attaque de Roppongi Hills, le bombardement de Dubaï ou la
course-poursuite spatiale pour empêcher l'holocauste nucléaire. Le
studio a savamment su doser les scènes d'actions nerveuses et les
passages réflexifs.
Ce qui risque en revanche de diviser
les spectateurs, c'est le scénario. Celui est dense et explore de
multiples pistes. Vous trouvez une intrigue mêlant les services
secrets américains, une enquête interne au groupe de 9, un hommage
très appuyé à Ghost in the Shell au travers de la Voix faisant
clairement penser au Puppet Master, une référence au 2001 de Kubrick et toute une exploration mystique autour des fossiles d'ange. Le
film en 1h40 emprunte beaucoup de pistes, lance beaucoup de bonnes
idées (les anges, les illusions créées par la Voix), évoque aussi
de manière très provocatrice les motivations de ces kamikazes.
L'une des idées fortes ce sont ces fossiles d'ange au contact
desquels la psyché des hommes change (comme le obélisques noires
de 2001..) Le film nous mène sur des fausses pistes, multiple les
intrigues secondaires (Dubaï, Istambul). Et malheureusement il ne
répond pas réellement à toutes ces interrogations. L'intrigue autour des anges nous pousse vers
l'explication mystique renforcée par l'étonnant et déroutant final à
Venise (fiction ou rêve). Mais le réalisateur ne choisit pas
vraiment de réponses : qui est cette voix (Dieu testant notre libre
arbitre?) ? Pourquoi ces squelettes d'ange ? Dieu est-il mort et
a -t-il remplacé par la folie collective ? Il est bon qu'un film comme Ghost in the shell conserve une voile mystérieux qui se lève après 1 ou 2 visionnages intensifs. Mais ici nous trouvons un défaut propre à beaucoup de mangas papiers : une fin bâclée voire un absence de fin que l'on pourrait dénommer le syndrome Lost qui engendre une immense déception/frustration.
Et donc 009 Recyborg laisse un goût
mitigé. L'animation, l'intrigue sont intéressantes, ambitieuses. On passe 1h35 agréable. Malheureusement la non-fin gâche le plaisir et semble donner l'image d'un film vain dont toutes les références seraient un artifice pour masque le manque de profondeur.
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